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RÉSULTATS

Quand sagesse et confiance font bon ménage

Vincent Desharnais et Kevin Fiala - PC
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Mise à jour

EDMONTON - Encore très jeune en matière d'expérience dans la LNH, mais plus jeune, jeune, à bientôt 28 ans, selon les paramètres de la LNH d'aujourd'hui, Vincent Desharnais dévoile des tempes grisonnantes quand il retire son casque protecteur.

 

Tout un contraste avec le crâne rasé qu'il arborait l'an dernier lorsque les Oilers ont récompensé des années d'efforts déployés depuis son repêchage en septième ronde (183e sélection) en 2016 en lui offrant une première chance au sein de leur formation.

 

« Il faut bien que ma sagesse sorte quelque part », que le géant défenseur a lancé en repoussant ses cheveux gris vers l'arrière avec sa main.

 

Douze mois après avoir pris part à ses premières séries éliminatoires en carrière dans la LNH, bien des choses ont changé pour Vincent Desharnais. Des choses qui sautent moins aux yeux que ses mèches grisonnantes, mais qui sont ô combien plus importantes.

 

À commencer par la confiance. Sa confiance en lui est-il ici besoin de souligner.

 

« C'est ma plus grande amélioration », lance-t-il avec une fierté évidente.

 

Il faut dire que la confiance que Vincent Desharnais vouait à son endroit a toujours été inversement proportionnelle à sa stature de géant de 6 pieds 7 pouces et de près de 230 livres.

 

« Je m'en suis toujours remis aux autres en matière de confiance. Elle venait de mes parents qui n'ont jamais cessé de croire en moi, des entraîneurs et des coéquipiers que j'ai côtoyés de mon hockey mineur, jusqu'aux ligues professionnelles mineures en passant par les rangs universitaires. Même l'an dernier, alors que je me suis fait une place au sein de l'équipe, je peinais à me faire confiance. À me dire que j'étais dans la Ligue nationale et que je méritais d'y être », raconte Desharnais.

 

Oiler à part entière

 

Aujourd'hui, Vincent Desharnais se fait confiance. Fort de cette confiance sans laquelle il est difficile de survivre dans la LNH – comme dans n'importe quel milieu de travail – Desharnais se considère comme un Oiler à part entière. Sur la glace, dans le vestiaire, dans sa vie de tous les jours.

 

La sagesse associée à ses cheveux gris le garde sur terre. L'empêche de passer d'un manque à un excès de confiance, ce qui pourrait être plus néfaste encore.

 

Mais il se fait maintenant confiance.

 

Un exemple : mercredi, à l'aube du deuxième match de la série qui oppose les Oilers aux Kings, Vincent Desharnais a décidé de se prévaloir de l'option offerte par son entraîneur-chef Kris Knoblauch. Au lieu d'accompagner les réservistes et de passer une trentaine de minutes sur la patinoire du Rogers Place, Desharnais est demeuré au vestiaire pour ménager ses énergies.

 

« L'an passé et même au cours de la dernière saison, je n'aurais jamais osé prendre cette décision. Ce matin, j'ose, car je sais que c'est la meilleure à prendre pour m'assurer d'être le plus prêt possible pour le match de ce soir », que Desharnais expliquait mercredi.

Parce que les Kings, grâce au but en prolongation d'Anze Kopitar, ont finalement gagné la partie pour niveler les chances 1-1, peut-être que Desharnais chaussera les patins vendredi matin, si Knoblauch offre à ses joueurs la décision de patiner ou non, en vue de la troisième rencontre de la série.

 

Mais s'il le fait, ce sera sa décision. Il ne se sentira pas obligé d'y aller.

 

« Je me permets même cette année d'avoir des conversations avec mes coéquipiers quand je trouve qu'il y a des choses qui pourraient être faites différemment pour améliorer nos chances de gagner. L'an passé, je parlais aux gars pour les saluer et c'était pas mal tout », témoigne le défenseur.

 

Nurse et Bouchard impressionnés

 

Avoir confiance en soi, c'est une bonne chose. Avoir aussi la confiance de ton entraîneur et aussi celle de tes coéquipiers c'est une meilleure chose encore.

 

En quelques questions posées à ses compagnons de travail, il est clair que Desharnais profite de leur confiance pleine et entière. Il profite même d'un brin d'admiration.

 

« L'an dernier, Vinny a tiré le meilleur de la situation qui s'offrait à lui. Mais ce n'est pas évident d'être à l'aise sur la patinoire quand tu ne sais pas ce que l'avenir te réserve. Avec tout ce qu'il a accompli, il a obtenu la confiance de tout le monde. Mais il a surtout pu développer sa propre confiance en lui. Ça lui permet de s'exprimer de façon différente sur la patinoire », a indiqué Darnell Nurse.

 

Vincent Desharnais remplit d'abord et avant tout des missions défensives au sein du troisième duo qu'il complète avec l'ancien du Canadien Brett Kulak.

 

Le Lavallois saute aussi sur la patinoire en compagnie de Mattias Ekholm dès que vient le temps d'écouler un désavantage numérique.

 

Son temps d'utilisation moyen – 15 min 02 par match en saison régulière – a fluctué à la hausse depuis le début des séries. Il a passé 17 min 15 s sur la glace lors du premier match de la série, 18 :05 lors du deuxième. Après ces deux rencontres, il revendique 12 mises en échec, neuf tirs bloqués et les spécialistes du désavantage numérique ont blanchi les Kings en 10 minutes d'attaque massive.

 

Ce n'est pas rien.

 

« Vincent est un gros bonhomme qui frappe et qui excelle pour bloquer des tirs – Desharnais est deuxième chez les Oilers avec 122, derrière Darnell Nurse (172), mais premier avec une moyenne de 5,96 tirs bloqués par match lors de la dernière saison – et écouler des pénalités, mais ne sous-estimez pas son potentiel offensif », a renchéri Evan Bouchard.

 

« Il est aussi très bon avec la rondelle. Il est l'un des meilleurs de notre groupe pour relancer les attaques. Ses premières passes sont précises et il n'hésite pas à tenter des jeux plus difficiles pour rejoindre un coéquipier qui file à vive allure au centre. Ce n'est pas évident à réussir ce genre de passe. Mais cette année, il les tente alors que l'an dernier, il était plus prudent dans la gestion de la rondelle », a poursuivi Bouchard qui s'y connait en matière d'appui offensif comme en témoignent ses 18 buts marqués et 82 points récoltés en 81 matchs cette saison. Ce sont 17 buts et 71 points de plus que Desharnais.

 

Un gros merci à Paul Coffey

 

Très heureux de pouvoir compter sur la confiance de ses coéquipiers sur la patinoire et de sentir qu'il fait vraiment partie du groupe une fois de retour au vestiaire ou lors des activités quand les Oilers se retrouvent à l'étranger, Vincent Desharnais est plus heureux encore d'avoir pu développer une complicité avec son nouvel entraîneur des défenseurs, le grand Paul Coffey.

 

Lors d'une entrevue effectuée peu de temps après l'arrivée de Kris Knoblauch et Paul Coffey derrière le banc en remplacement de Jay Woodcroft et Dave Manson, Vincent Desharnais avait salué la bonne humeur et l'attitude positive de Coffey à son arrivée.

 

Cette bonne humeur et ce positivisme sont toujours aussi présents maintenant que les Oilers sont en séries.

 

« Je lui dois beaucoup. Paul m'a appris à accepter de faire des erreurs. Avant, quand je commettais une gaffe, elle me suivait pour le reste de la partie. C'est dur de bien jouer quand tu passes ton temps à penser à ce que tu as fait de mal plus tôt dans le match, au lieu de penser à ce que tu devras faire de bien à ta prochaine présence. C'est pire encore quand tu es cloué au banc à la moindre erreur.

 

« Paul n'est pas de cette école-là. Il n'accepte pas les erreurs. Quand tu reviens au banc, il passe les remarques qu'il a à passer. Mais quand c'est fait, il te dit de tout de suite te concentrer sur ton prochain shift. Quand il veut aller plus en détail, c'est devant le vidéo et non sur le banc qu'il le fait. Quand un gars comme Paul Coffey, avec tout ce qu'il a fait au cours de sa carrière qui l'a mené au Temple de la renommée, te dit d'y aller, de te faire confiance, de jouer au hockey et qu'il te rappelle que les erreurs font partie du jeu et qu'il faut simplement les corriger au lieu de les répéter, c'est difficile de ne pas développer de confiance en soi. Et c'est vraiment ça qui a le plus changé pour moi cette année », a défilé le grand défenseur.

 

Vincent Desharnais complète les dernières semaines d'un contrat de deux ans d'une valeur de 1,525 million $.

 

Histoire d'avoir toute la tête au hockey et juste au hockey, Desharnais et son agent Philippe Lecavalier ont remis à plus tard les négociations entourant un prochain contrat qui pourrait se traduire par une belle hausse de salaire.

 

Un autre signe de sagesse associée à ses nouvelles tempes grises. Et s'il n'en tient qu'à lui, Desharnais aura bientôt des allures de grand sage.

 

« J'ai juste un peu de gris dans les cheveux, mais plus ma barbe va pousser, plus blanche elle deviendra. J'espère qu'elle sera très longue et très blanche quand je la couperai une fois les séries terminées. »

 

Les mèches grisonnantes de Desharnais ne sont pas là pour rester. Il les rasera, comme sa barbe des séries, une fois la saison terminée. Mais ce sera pour une bonne cause : le Défi « Têtes rasées » qui permet à Leucan d'amasser des fonds pour soutenir les enfants mis en échec par le cancer et les membres de leur famille.