BUFFALO – Trevor Zegras devait avoir une petite journée tranquille vendredi à Buffalo, mais l’absence du Finlandais Kaapo Kakko au camp d’évaluation des espoirs de la Ligue nationale de hockey a précipité son passage sous les projecteurs .

 

Inséré à la dernière minute dans le groupe des six joueurs qui ont été présentés aux médias à la veille des tests physiques qui clôturent traditionnellement la semaine, Zegras s’est acquitté de ses nouvelles tâches avec panache. Devant les nombreuses caméras qui attendaient le premier de classe Jack Hughes, le jeune Américain a eu l’air aussi à l’aise qu’avec des patins aux pieds.

 

Ce n’est pas peu dire. Parce que s’il y a une chose qu’on comprend rapidement en visionnant le portfolio de Trevor Zegras, c’est que dans la carrière qui l’attend, il ne devrait pas jouer les seconds violons bien souvent.

 

« Il est un talent incroyable, confirme Hughes, son coéquipier au sein de l’équipe des moins de 18 ans du programme de développement américain. C’est surtout sa façon de bouger la rondelle. C’est sa fierté. C’est un joueur avec lequel c’est facile de jouer parce que tu sais que la rondelle va se retrouver sur ta palette à un moment donné. J’ai vraiment aimé jouer avec lui parce qu’il est créatif et il adore jouer au hockey. »

 

« C’est comme si son jeu avait sa propre personnalité, illustre le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr, qui classe Zegras au sixième rang parmi les espoirs nord-américains en vue du repêchage. Il est animé par une grande force de caractère qui lui permet d’élever son jeu d’un cran dans les grandes occasions. Il veut la rondelle, il veut être impliqué dans tous les jeux et il fait en sorte de l’être. Il vous force à le remarquer. On ne se demande jamais où est le numéro 11 quand on va le voir jouer. C’est un joueur qui vous saute aux yeux à chacun de ses matchs. »

 

Considéré par plusieurs observateurs comme le meilleur fabricant de jeu de sa cuvée, Zegras a récolté 61 mentions d’aide en 60 matchs avec le programme américain cette saison. Il en a ajouté neuf en cinq matchs au championnat du monde des moins de 18 ans. Mais se satisfaire de ces chiffres serait une insulte à son talent de passeur. L’internet est tapissé de passes à l’aveuglette, de toupies complètes et autres tours de passe-passe qui lui ont permis de faire briller ses coéquipiers.

 

Considérez-vous comme informé : vous n’êtes qu’à quelques clics d’être émerveillé.

 

« C’est une question de feeling, dit Zegras comme si ses habiletés était à la portée du commun des mortels. Une fois passé les cercles de mises en jeu, j’ai le feu vert pour faire pas mal tout ce que je veux. Mais il faut aussi savoir lire le jeu. Si on est en prolongation, ou si on traverse un moment où l’adversaire nous tient à la gorge, ce n’est peut-être pas le meilleur moment d’essayer d’épater la galerie avec une passe entre les jambes ou derrière le dos. Mais je crois que j’ai la capacité de bien saisir ces moments. »

 

« Il a dans son répertoire des jeux sensationnels, s’émerveille Dan Marr. C’est malheureux qu’il ait été blessé durant le tournoi des moins de 18 ans. Il n’était pas à 100%. Mais quand l’issue du match se décide, c’est l’un des joueurs que tu veux envoyer sur la patinoire. Tu peux aussi te fier sur lui pour protéger une avance. C’est un jeune homme très fiable qui se soucie beaucoup du sort de son équipe. C’est un grand compétiteur. »

 

Zegras a grandi près de New York, mais dit avoir perfectionné son art en observant Patrick Kane. « Ses passes sont bien meilleures que les miennes! Mais je fais de mon mieux pour imiter son style. Faire des passes, c’est la partie du hockey que je préfère et c’est ce que j’aime pratiquer. »

 

Il n’est maintenant pas impossible qu’il devienne le coéquipier de son idole. Les Blackhawks de Chicago parleront au troisième rang le 21 juin à Vancouver et après Hughes et Kakko, aucun consensus ne tient quant au déroulement de la première ronde. Peu d’experts envoient Zegras aussi tôt au podium, mais sait-on jamais. On ne l’attendait pas non plus vendredi et il a fait plutôt bonne impression.

 

« Ça serait cool, a souri le jeune joueur de centre devant la perspective de faire des passes sur la palette de son modèle. Jack a joué avec lui au Championnat du monde, alors j’imagine que je connais aujourd’hui un peu mieux Patrick Kane grâce à ça. J’ai même entendu des bonnes histoires à son sujet! »

 

Zegras n’a pas voulu les partager, forçant son auditoire à patienter pour celles qu’il écrira lui-même, d’ici quelques années, sous de tout autres projecteurs. 

« J'ai toujours rêvé d'être le 1er choix »