Plus encore que la sélection des jeunes espoirs, c’est d’abord et avant tout pour les annonces de transactions effectuées par Gary Bettman que j’aime le repêchage.

Vendredi soir, le commissaire n’a pas eu grand-chose à nous annoncer. Les inversions de sélections entre les Stars et les Wings, entre les Oilers et le Wild, entre la Caroline et Nashville, c’est bien beau et ça peut ouvrir la porte à des coups de génie qui seront confirmés dans deux, trois, voire cinq ans.

Mais c’est loin d’être spectaculaire.

Deux jours après que le Kraken se soit fait voler la vedette par mon collègue Frank Seravalli et tous les journalistes qui ont dévoilé l’ensemble des sélections de la 32e équipe à se greffer à la LNH, Gary Bettman s’est fait voler la vedette à son tour alors que les équipes n’ont pas attendu la séance de repêchage pour annoncer les transactions conclues au cours des dernières heures.

Sans oublier que le Canadien a lui aussi fait ombrage au commissaire en donnant une tournure inattendue à une première ronde jusque-là sans grand éclat avec la sélection ô combien controversée du défenseur ontarien Logan Mailloux. Je vous invite à lire ma chronique sur cette décision difficile, voire impossible, à défendre sur la place publique.

Tombées en cascade dans les heures précédant le début du repêchage, plusieurs de ces transactions changent d’un coup le visage des équipes impliquées. Des transactions importantes impliquant des défenseurs importants alors que Seth Jones est passé des Blue Jackets aux Blackhawks, qu’Oliver Ekman-Larsson est passé des Coyotes aux Canucks, que Ramus Ristolaïnen qui met le cap sur Philadelphie où il rejoint Ryan Ellis acquis plus tôt cette semaine par des Flyers qui y vont à fond la caisse pour restructurer leur ligne bleue.

J’ai passé la soirée à attendre l’annonce des départs de Jack Eichel ou de Sam Reinhart vers des destinations plus «ensoleillées» que Buffalo. Je les attends toujours.

Écartés des séries pour une dixième année consécutive, les Sabres ont sélectionné le défenseur Owen Power avec le tout premier choix de la cuvée 2021. On dit le plus grand bien du jeune défenseur. Tant mieux. Car les Sabres ont besoin de beaucoup de renfort pour simplement sortir des bas-fonds de la LNH. Je ne parle même pas des séries, encore moins d’une prétention à la coupe Stanley. Je parle juste de la quête qui sera difficile de sortir la tête de la marre de médiocrité dans laquelle les Sabres s’enlisent depuis très longtemps. Depuis trop longtemps.

La LHJMQ et les Québécois populaires

La sélection de Power ravive les espoirs. Du moins un peu. Mais les Sabres qui ont fait de Rasmus Dahlin le tout premier choix de la cuvée 2018 et qui ont repêché Jack Eichel tout juste après Connor McDavid en 2015 ont prouvé au fil des dernières années qu’ils sont capables de gaspiller de très bons jeunes joueurs de hockey.

Outre les transactions de défenseurs imposants, Taylor Hall a signé un contrat plus que raisonnable avec les Bruins de Boston. Un contrat qui servira sans l’ombre d’un doute de base de comparaison mercredi prochain à l’ouverture du marché des joueurs autonomes.

Et il y a la transaction qui a chassé le jeune gardien Alex Nedeljkovic de la Caroline. Une transaction qui fait des Red Wings de Detroit une bien meilleure équipe.

Retour sur ces transactions.

Seth Jones : les Hawks ont payé très cher

Les Blackhawks de Chicago avaient deux gouffres à combler à la ligne bleue avec la transaction qui a envoyé Ducan Keith à Edmonton et la retraite de Brent Seabrook. Ils en ont comblé une partie avec l’acquisition de Seth Jones.

J’adore Seth Jones. Je lui garde une place de choix dans le top-10, peut-être même le top-5, des défenseurs de la LNH

Mais les Hawks ont payé très cher son acquisition. Considérant que Jones – choix de première ronde des Predators de Nashville en 2013, quatrième sélection de cette cuvée tout juste derrière Jonathan Drouin – avait annoncé son intention de quitter Columbus, les Blue Jackets avaient les pieds et les mains liées dans leurs négociations avec les Hawks et les autres équipes intéressées au défenseur âgé de 26 ans.

Les Jackets ont pourtant fait «Banco» dans cette transaction. Ils ont obtenu la première sélection des Hawks vendredi soir en échange de leur troisième choix de premier tour : une inversion des 12e et 32e sélections. Les Jackets ont obtenu le premier choix des Hawks en 2022 à moins que ce choix soit le tout premier ou le deuxième du repêchage qui se tiendra à Montréal – si la pandémie est sous contrôle à ce moment – l’été prochain.

Les Jackets ont aussi obtenu le jeune défenseur suédois Adam Boqvist. À 23 ans, ce premier choix des Hawks (8e sélection) au repêchage de 2018 affiche un talent indéniable. Il aidera sans l’ombre d’un doute à relancer l’attaque massive des Blue Jackets. Je vois déjà une complicité sensationnelle se développer entre Boqvist et Zach Werenski à la ligne bleue.

Stan Bowman et les Hawks n’ont pas juste payé très cher les compensations offertes à Jarmo Kekäläinen le directeur général des Blue Jackets, ils ont aussi payé très cher la prolongation de contrat offerte à Seth Jones.

Avec encore une saison à compléter au contrat de six ans lui garantissant un salaire moyen de 5,4 millions $, Jones a signé un contrat de huit ans d’une valeur de 76 millions $.

C’est énorme!

Les Hawks consacreront donc annuellement 9,5 millions $ de leur masse salariale pour payer le défenseur. Comme l’indiquent nos amis de CapFriendly.com, les Hawks verseront aussi 40,25 des 76 millions $ consentis à leur nouveau pilier à la ligne bleue en primes de signature.

J’adore Seth Jones. Mais malgré tout son talent, sa grande taille, son coup de patin et toutes ses qualités, il sera difficile d’en donner assez à sa nouvelle équipe pour lui donner raison d’avoir payé aussi cher – en argent et en compensations offertes aux Jackets – pour obtenir ses services et les garder pour les neuf prochaines années.

Peut-être que le fait de retrouver son petit frère Caleb à Chicago – les Hawks ont obtenu le jeune défenseur de la famille Jones dans le cadre de la transaction qui a envoyé Ducan Keith à Edmonton – servira de motivation supplémentaire à l’aîné de la famille.

Mais il sera intéressant de voir qui, des Hawks ou des Jackets, sortira gagnant de cette transaction importante.

Les Jackets sont déjà sortis gagnants de la transaction qui leur a permis d’obtenir Seth Jones des Predators de Nashville en retour de Ryan Johansen. Il pourrait réaliser un doublé. Le temps nous le dira.

Cale Makar en profite

Il était clair que Joe Sakic et l’Avalanche puiseraient dans la fortune de la famille Kroenke pour garder Cale Makar à Denver pour toujours. Il ne restait qu’à savoir combien de millions $ il faudrait obtenir pour y arriver.

Makar fait sauter la banque; Voracek de retour à Columbus

La réponse est tombée samedi matin avec la mise sous contrat du défenseur originaire de Calgary pour six ans à un salaire moyen de 9 millions $.

Je suis convaincu que la prolongation de contrat consentie par les Hawks à Seth Jones a permis à Sakic et le clan Makar de rapidement s’entendre. Le jeune arrière pourra lui envoyer une bonne bouteille de vin en guise de remerciement…

Hall à Boston pour quatre ans

Parlant de contrat, les Bruins ont une fois encore réussi à mettre un joueur d’impact sous contrat à une valeur intéressante.

Taylor Hall prolonge de 4 ans à Boston

Taylor Hall, qui a relancé sa saison après être passé des Sabres aux Bruins en mars dernier, a accepté les paramètres d’un contrat de quatre ans d’une valeur de 24 millions $.

Un salaire annuel de 6 millions $ pour Hall pourrait compliquer la quête de Phillip Danault qui cherche à profiter du marché des joueurs autonomes pour faire sauter la banque à Montréal ou ailleurs.

Tout premier choix de la cuvée 2010 – sélectionné par Edmonton – Hall a marqué huit buts et récolté 14 points en 16 matchs de saison régulière avec les Bruins. Il a ajouté trois buts en cinq points en 11 matchs de séries.

Jumelé à David Krejci et Craig Smith, Hall a donné aux Bruins un deuxième trio capable de vraiment soutenir le trio de Patrice Bergeron flanqué de Brad Marchand et David Pastrnak.

Oliver Ekman-Larsson à Vancouver

Les Canucks de Vancouver comptent sur plusieurs jeunes joueurs de premier plan. Après une saison écourtée plus de décevante, Jim Benning a tenté un coup de force pour relancer son équipe.

La question : est-ce que le défenseur suédois Oliver Ekman-Larsson arrivera à orchestrer une telle relance ?

C’est loin d’être évident. «OEL» est un très bon défenseur. Mais s’imposer au sein d’un club qui n’a pas ou très peu de chances d’accéder aux séries et surtout évoluer dans l’anonymat le plus complet en Arizona c’est facile. Certainement bien plus facile que ce qui l’attend à Vancouver où la pression de gagner et l’attention médiatique et celle des partisans pourraient vite devenir étouffantes.

Ce qui est bon pour les Canucks qui ont accepté de donner aux Coyotes la neuvième sélection de la première ronde vendredi soir, Antoine Roussel, Jay Beagle, Loui Eriksson et surtout son contrat, c’est qu’ils ont aussi obtenu l’attaquant Conor Garland qui pourrait en donner plus offensivement à Vancouver que tous les joueurs acquis par les Coyotes.

En plus, les Coyotes ont accepté de payer 990 000 $ du salaire annuel de 8,25 millions $ qu’ils ont consenti à Ekman-Larsson dont le contrat prendra fin à la fin de la saison 2026-2027.

Ristolaïnen : une solution pour les Flyers?

Les Flyers de Philadelphie étaient associés à plusieurs rumeurs impliquant Seth Jones. Alain Vigneault, Michel Therrien et l’équipe d’entraîneurs des Flyers devront se «contenter» de Ryan Ellis, acquis des Preds de Nashville, et de Rasmus Ristolaïnen acquis des Sabres vendredi.

On connaît tous le talent et la valeur d’Ellis.

Ekman-Larsson, Garland, Ristolainen et Buchnevich échangés

Avec Ristolaïnen, les Flyers ajoutent un gros défenseur capable de continuer offensivement. Les Sabres ont obtenu une très bonne valeur en retour d’un défenseur – y a-t-il un joueur des Sabres qui ne veut pas quitter l’organisation ? – qui voulait sortir de Buffalo. Ils ont mis la main sur la 14e sélection de la première ronde de vendredi, sur un choix de deuxième ronde l’an prochain et sur Robert Hägg, un défenseur de soutien.

Pour faire une place sous le plafond salarial à Ristolaïnen, le directeur général Cliff Fletcher a envoyé Shayne Gostisbehere et son contrat dont les Flyers voulaient se départir – 4,5 millions $ pour deux ans – aux Coyotes de l’Arizona.

Les Coyotes remplaceront donc pour moins cher, Oliver Ekman-Larsson par Gostisbehere. Le nouveau venu pourra peut-être y arriver en attaque massive, mais à cinq contre cinq, il n’est pas dans la même ligue que le vétéran suédois.

Mais bon!

À Philly, les acquisitions d’Ellis et Ristolaïnen aideront sans l’ombre d’un doute les Flyers. Mais est-ce que ce sera suffisant pour permettre à cette équipe de revenir parmi les formations susceptibles de se tailler une place en séries sans avoir à passer par le repêchage?

Quand les Wings volent les Canes

Steve Yzerman était un joueur exceptionnel. L’un des meilleurs de son époque. L’un des meilleurs de l’histoire tout court.

Il est tout aussi bon à titre de directeur général. Il l’a prouvé avec brio dans l’ébauche du Lightning de Tampa Bay qui vient de gagner sa deuxième coupe Stanley consécutive.

Il est en voie de le prouver avec les Red Wings de Detroit.

Yzerman vient de voler les Hurricanes de la Caroline à moins que ce soient les «Canes» qui aient décidé de se laisser voler.

Deux jours après les faits, je n’arrive toujours par à croire que les Hurricanes, une si belle équipe qui a toujours eu des ennuis devant le filet, ont décidé d’échanger le gardien Alex Nedeljkovic.

L’Américain a été sensationnel l’an dernier devant la cage des Canes. Il a été meilleur que Petr Mrazek et James Reimer réunis.

Loin de moi l’intention de diminuer les qualités de Jonathan Bernier, mais le vétéran gardien québécois est sur la pente descendante et non en pleine ascension comme Nedeljkovic.

Ce qui est déroutant dans toute cette affaire, c’est que le Canes ont décidé de se défaire de leur meilleur gardien – ils ont fait la même chose avec Jake Bean qui a été échangé aux Blue Jackets vendredi – pour éviter l’arbitrage et d’avoir à payer des salaires trop élevés aux yeux de leur propriétaire Tom Dundon.

Steve Yzerman a su en profiter : non seulement a-t-il obtenu Nedeljkovic pour une bouchée de pain – Jonathan Bernier et la 94e sélection du repêchage 2021 – mais il s’est entendu avec le gardien sur les paramètres d’un contrat de deux ans d’une valeur de 6 millions $. C’est à peine plus élevé que le maximum qu’aurait pu obtenir Nedeljkovic en arbitrage.

Avec Nedeljkovic qui règle un problème immédiat devant le filet pour les Wings, Steve Yzerman en a profité pour sélectionner le gardien Sebastian Cossa, un colosse de 6’ 6’’, très talentueux, que plusieurs comparent à un jeune Andreï Vasilevskiy. «L’acquisition de Nedeljkovic nous permettra de prendre tout le temps nécessaire pour bien développer Cossa», a expliqué Yzerman.

Surveillez bien Yzerman. Il n’est pas fort sur les coups d’éclat. Il prend son temps. Mais ce qu’il bâtit, il le bâtit solidement.

Attendons la suite des choses à Detroit, à Montréal et aux quatre coins de la LNH. Que ce soit avec la suite du repêchage samedi, avec les transactions qui s’ajouteront au cours des prochains jours sans oublier l’ouverture du marché des autonomes mercredi prochain.