TAMPA - Après une saison au cours de laquelle il s’est hissé parmi les meilleurs défenseurs recrus de la LNH, parmi les meilleures recrues point à la ligne, Mikhail Sergachev a été limité à moins de huit minutes (7:39) d’utilisation lors du premier match de la série Lightning-Devils.

 

Cette série se poursuivra samedi après-midi à Tampa où le Lightning tentera de prendre les devants 2-0 après sa victoire de 5-2 jeudi.

 

Le fait que Sergachev n’ait effectué que 12 présences  – 20 de moins que Ryan McDonagh et 19 de moins que Victor Hedman – dans le cadre de son premier match de séries en carrière dans la LNH n’a rien à voir avec la qualité de son jeu et la confiance que l’état-major lui affiche, mais tout à voir avec un certain joueur des Devils nommé Taylor Hall.

 

« Mes plans demeurent les mêmes depuis le début de l’année avec Sergei. Je veux l’avoir sur la patinoire une douzaine de minutes par match, mais dans les meilleures situations possible. Ce temps de glace fluctue normalement en fonction des attaques massives puisqu’il est à la pointe au sein de notre deuxième unité de supériorité numérique. Hier (jeudi) lorsque John (Hynes) s’est mis à jongler avec ses trios pour soustraire Taylor Hall à nos plans de couvertures, j’ai dû m’ajuster. Sergei joue à droite, donc du côté de Taylor Hall. Aussi bon soit-il, il n’a que 19 ans, il n’a pas encore beaucoup d’expérience. Je ne voulais pas le placer dans une situation potentiellement périlleuse », a expliqué l’entraîneur associé Rick Bowness, qui est responsable de la gestion des défenseurs et du désavantage numérique chez le Lightning.

 

En 12 petites présences, l’ancien premier choix du Canadien que le directeur général Marc Bergevin a échangé au Lightning en retour de Jonathan Drouin l’été dernier s’est bien tiré d’affaire. Il a tenu son bout en défensive en plus de récolter une passe sur le but en attaque massive marqué par Yanni Gourde en début de période médiane.

 

Sergachev a joué un peu de chance sur le jeu. Le tir frappé sur réception qu’il a décoché de la ligne bleue a dévié sur un joueur des Devils avant d’aller frapper la bande derrière le but. La rondelle s’est ensuite retrouvée aux pieds d’Ondrej Palat qui a habilement refilé la rondelle de l’autre côté de l’enclave à Gourde qui a tiré dans une cage déserte.

 

Brillant avenir

 

Même s’il doit sous-utiliser Sergachev encore samedi et pour la suite de la série face aux Devils et des autres qui suivront si le Lightning prolonge son ascension vers la coupe Stanley, Rick Bowness demeure enchanté par les performances de son jeune défenseur qui a marqué neuf buts, dont cinq buts gagnants, récolté 40 points – il a terminé au deuxième rang des défenseurs du Lightning – et maintenu un différentiel de plus-11 en saison régulière. Il convient être plus enchanté encore par l’attitude qu’a affichée le jeune Russe de 19 ans.

 

« Au-delà tout le talent naturel qui l’habite, la plus belle qualité de Sergei est le fait qu’il veut apprendre et qu’il est prêt à prendre les moyens pour apprendre. Ce qui est loin d’être le cas pour tous les jeunes bourrés de talent. Comme tous les défenseurs de son calibre, Sergei n’a jamais eu à s’imposer défensivement dans les rangs mineurs. Le fait d’être toujours supérieur aux autres était suffisant. Prendre des chances dans les rangs juniors, c’était facile et ça donnait souvent des résultats. Dans la Ligue nationale, ça ne marche pas. On lui a donné le temps d’apprendre », a souligné Bowness, qui a d’ailleurs dû rayer le nom de Sergachev de sa formation à trois reprises en milieu de saison parce que les mises en garde verbales ne suffisaient plus.

 

« C’est normal qu’un jeune de 19 ans commette des erreurs. C’est même bon lorsqu’il apprend de ses erreurs. Lorsqu’il réalise qu’il faut tenir compte du temps à jouer, du pointage, des joueurs qui sont sur la glace et d’un tas de facteurs lorsque vient le temps de prendre une décision. Jouer les pourcentages ça s’apprend. Il y a des moments où tu peux te permettre un jeu risqué. Il y en a d’autres où tu dois les éviter à tout prix. Sergei est rendu là. Il apprend », racontait Bowness après l’entraînement du Lightning vendredi après-midi au Amalie Arena.

 

Un parrain en Coburn

 

En plus de profiter de la confiance du groupe d’entraîneurs du Lightning, Mikhail Sergachev profite de la complicité du vétéran Braydon Coburn son principal partenaire de travail et d’un gardien de premier plan en Andreï Vasilevskiy.

 

« Coburn est le défenseur parfait pour encadrer Sergei. C’est un vétéran dont la principale qualité est la fiabilité en défensive. Je veux que Sergei maintienne ses qualités offensives et qu’il se joigne à l’attaque. Lorsqu’il le fait, tu sais que Braydon restera en retrait. Lorsqu’il le fait trop ou à des moments mal choisis, Braydon a pu le sauver de temps en temps et Vasilevskiy comme tous les grands gardiens lui a sauvé les fesses de temps en temps également. C’est normal, ça fait partie de l’apprentissage. Et avec un gars aussi talentueux que Mikhail, tu sais que l’apprentissage donnera des résultats », a poursuivi Bowness.

 

En plus d’être côte à côte sur la patinoire, Sergachev et Coburn occupent des casiers voisins dans le vestiaire du Lightning. Le jeune Russe venait de célébrer son cinquième anniversaire de naissance lorsque Coburn a été repêché en première ronde – huitième sélection, un rang devant Sergachev qui a été repêché en 2016 – par les Thrashers d’Atlanta.

 

Quand j’ai demandé à Coburn s’il se reconnaissait un peu en Sergachev, le géant de 6 pieds 5 pouces s’est contenté de sourire avant de répondre : « Je n’ai jamais eu son talent. Loin de là même. C’est incroyable de voir avec quelle aisance il patine, avec quelle aisance et surtout quelle confiance il joue avec la rondelle. De voir un gars de 19 ans être aussi confiant sur la glace est renversant. Ce gars-là a une brillante carrière qui l’attend », a ajouté Coburn.

 

Samedi contre les Devils, Coburn disputera son 117e match de séries dans la LNH. Deux fois au fil de sa carrière, il s’est rendu en finale de la coupe Stanley : en 2010 avec les Flyers qui avaient battu le Canadien en finale de l’Est et en 2015 avec Tampa. En fouillant dans ses souvenirs, Coburn se souvient de l’état dans lequel il se trouvait à ses premières séries en 2008 avec les Flyers. « Ça ne me rajeunit pas, mais je me souviens très bien que j’étais un peu perdu dans toute la frénésie des séries. J’avais toutefois cinq années d’expérience comme professionnel contrairement à Sergei, qui sort des rangs juniors. À cette époque, Kimmo Timomen m’avait pris sous son aile et m’avait aidé à composer avec tout ça. C’est mon tour aujourd’hui. »