La terre tremble à Denver depuis quelque temps. L’Avalanche, qui a connu de retentissants succès, en remportant notamment deux coupes Stanley en six ans au tournant des années 2000, occupe aujourd’hui les bas-fonds du classement et semble totalement incapable de s’en extirper. Elle représente, et de loin, la plus mauvaise formation du circuit. On a parfois l’impression de revoir les Nordiques à l’époque où on racontait que le meilleur était à venir. Il s’agira de sa troisième exclusion consécutive des séries.

On avait misé beaucoup d’espoir sur deux anciennes gloires de l’organisation, Joe Sakic et Patrick Roy, à qui on avait confié la relance de l’Avalanche, il y a moins de trois ans. Roy, qui a prévu ce qui s’en venait, est parti avant la débâcle tandis que la tête de Sakic est réclamée depuis plusieurs semaines.

Cette situation catastrophique alimente diverses rumeurs, dont celle concernant l’ex-président et directeur général Pierre Lacroix lancée par le vétéran journaliste Adrian Dater, il y a deux jours.

Il en faut parfois très peu pour nourrir une rumeur quand tout va mal. Le 23 janvier dernier, Lacroix et son épouse, qui habitent la région de Las Vegas, se sont rendus à Denver par affaire. Un ami de longue date les a invités au match entre l’Avalanche et les Sharks de San Jose. La présence de l’ancien patron de l’équipe a capté l’oeil de Dater qui y a vu une possibilité de rapprochement entre Lacroix et l’équipe qui a remporté neuf championnats de division pendant qu’il en était l’architecte.

Lacroix, qui a connu de graves problèmes de santé, mais dont l’état s’est beaucoup amélioré, est-il tenté par un retour sur la scène active, que ce soit à Denver ou ailleurs? Il se contente de dire que pour l’instant, rien ne se dessine dans ce sens-là pour lui. Il est âgé de 68 ans et il revient de loin. À la suite du remplacement d’un genou dont l’opération a mal tourné, il a passé plusieurs années misérables. Son corps a été sérieusement infecté durant cette intervention. Il a passé 34 mois dans un fauteuil roulant et subi cinq opérations en trois ans. Si la cinquième intervention n’avait pas été un succès, il faisait face à une possible amputation.

Il mentionne en souriant avoir fait don de son fauteuil roulant à la fondation d’un hôpital local. Sa jambe tient bon, mais elle résiste difficilement à un effort soutenu. Gravir des escaliers reste un exercice difficile. Dans les circonstances, peut-il envisager la possibilité de retourner au boulot en toute quiétude? Malgré le fait que sa mobilité ne soit plus celle d’un jeune premier, une tête de hockey comme la sienne n’a jamais eu besoin de ses deux jambes pour penser et agir prestement.

« Mes ennuis de santé ont remis beaucoup de choses en perspective, raconte-t-il. Nous avons une belle qualité de vie avec les enfants et les petits-enfants. Je ne suis pas à la recherche d’un travail. »

Il n’a pas vraiment besoin de replonger dans ses activités antérieures pour être heureux, mais de constater ce que son ancienne équipe est devenue ne le laisse pas indifférent. Il a investi beaucoup de temps et d’effort pour construire cette formation qui a fait la fierté de la ville de Denver. Il ne cache pas que tout cela l’attriste. Dans une situation comme celle-là, il pourrait ressentir le besoin de se porter à la rescousse de l'Avalanche pour tenter de la sortir de la dèche. Pas nécessairement dans les fonctions qu’il a occupées précédemment, mais de toute évidence, la direction actuelle a besoin d’un homme d’expérience pour la guider.

Il affirme que la famille Kroenke, propriétaire de l’équipe, n’est pas entrée en contact avec lui, même si l’Avalanche n’a gagné que cinq matchs à domicile et qu’elle n’a remporté que 13 de ses 48 parties, dont une seule à ses 10 dernières tentatives.

Pierre LacroixLacroix ne le dit pas dans ces mots-là, mais on sent qu’il tape du pied. Il ne faudrait pas qu’on insiste beaucoup pour qu’il vienne mettre son nez dans les cuisines de l’Avalanche. Visiblement, l’action lui manque.

Quelles sont les chances qu’il effectue un retour, comme le laisse supposer le journaliste de Denver?

« Jamais personne ne m’a parlé de cette possibilité », lance-t-il.

Et si jamais le propriétaire Stanley Kroenke ou son fils Josh, président de l’équipe, l’appelait en requérant son aide, quelle serait sa réaction?

« Ces gens-là m’ont toujours bien traité, dit-il. Ça me désole tellement de voir l’équipe dans cette situation que si je pouvais apporter une aide quelconque, je le ferais. »

On ne perdra pas un temps précieux à tenter de lire entre les lignes pour savoir ce qui l’anime. Il semble assez évident que si jamais on l’appelle, il ne raccrochera pas sans savoir ce qu’on a à lui proposer.

Sous les dehors d’un homme indépendant de fortune, qui répète souvent être passé à autre chose dans sa vie, brûle un certain désir de reprendre du service.