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RÉSULTATS

Un dur retour à la réalité pour le Kraken

Vince Dunn Vince Dunn - Getty
Publié
Mise à jour

COLLABORATION SPÉCIALE

Après avoir participé aux séries à sa deuxième saison d'existence seulement, le Kraken de Seattle connaît un dur retour à la réalité cette année.

Sa fiche est maintenant de 8-11-6 après avoir été blanchi par les Sénateurs d'Ottawa, samedi soir.

Bien qu'il ne demeure qu'à deux points d'une place en séries, le Kraken ne joue simplement pas de l'assez bon hockey pour être un club compétitif. Leur différentiel de buts de moins-20 est le troisième pire de la Ligue nationale de hockey derrière les Blackhawks de Chicago (moins-26) et, bien évidemment, les Sharks de San Jose (moins-54). On peut regarder bien des aspects de leur jeu aux deux bouts de la patinoire, mais le Kraken est victime d'un principe de base de la statistique.

La régression vers la moyenne.

Simplement dit, tout résultat extrême, qu'il soit positif ou négatif, va avoir tendance à se normaliser avec le temps et se rapprocher de la moyenne ou des résultats attendus. C'est un concept qui frappe Seattle de plein fouet cette saison.

L'an dernier, les hommes de Dave Hakstol ont marqué 289 buts, bon pour le 4e rang dans la LNH. Le processus, par contre, était beaucoup moins encourageant. Selon les buts attendus, qui regardent le volume et la qualité des tirs obtenus pour estimer combien de buts un club devrait s'attendre à marque en moyenne, Seattle aurait dû marquer 230,8 buts. C'est une différence astronomique de 58,2 entre leurs buts marqués et buts attendus. En fait, c'est le plus gros écart enregistré depuis que Sportlogiq a commencé à comptabiliser la statistique en 2016-2017.

Avec plusieurs joueurs qui ont connu leurs meilleures saisons en carrière, s'attendre à une autre performance du genre était, disons, optimiste, surtout que la majorité de la formation est restée la même. Le processus est lui aussi similaire. Le Kraken avait en moyenne 2,81 buts attendus par match l'an dernier et a une moyenne presque identique de 2,79 cette saison. Il génère donc plus ou moins autant de chances, mais a vu son taux de conversion passer de 11,6 %, au 2e rang dans la LNH en 2022-2023, à 8,8 %, bon pour le 29e rang en 2023-2024.

Malheureusement, il n'y a pas de solution miracle pour Seattle. Avec une formation composée majoritairement de joueurs qui seraient idéalement à leur place sur un 2e ou 3e trio sélectionnés lors du repêchage d'expansion, il a besoin d'obtenir plus de talent offensif dynamique. Matty Beniers, gagnant du Calder l'an dernier, est un bon début. Shane Wright, même s'il connaît un début de carrière tumultueux, devrait venir aider éventuellement, tout comme une sélection élevée lors du prochain repêchage. À moins qu'il ne décide d'être agressif sur le marché des échanges, le repêchage est sa meilleure option.

Il y a aussi le marché des joueurs autonomes, mais Seattle pourrait être réticent à dépenser gros après l'erreur commise lors de leur saison inaugurale.

L'erreur de Francis

L'autre gros problème du Kraken se retrouve devant le filet et en 2e place sur la liste des salaires de l'équipe : Philipp Grubauer. Le directeur général Ron Francis a tenté de frapper un gros coup lors de la première période de joueurs autonomes de l'histoire de la concession en mettant sous contrat le gardien allemand pour 6 ans à une valeur annuelle moyenne de 5,9 millions $.

Grubauer venait de terminer une saison où il a été nommé finaliste pour le Vézina, avec une moyenne de buts alloués de 1,95. À première vue, c'est un chiffre extrêmement impressionnant, mais ça ne prend pas en compte qu'il avait de loin la charge de travail la plus facile de la LNH. Derrière une défense élite au Colorado, Grubauer affrontait 2,02 buts attendus par match. Donc, à seulement 0,07 but sauvé en moyenne par rencontre, il était que très légèrement supérieur à un gardien moyen et a été supporté par une défensive hors pair qui l'ont fait très bien paraître, un luxe qu'il n'avait pas à Seattle.

Les résultats ont été immédiatement désastreux dans le Nord-Ouest américain. Grubauer a perdu 7 de ses 11 premiers départs et il ne s'en est jamais vraiment remis. Au lieu de trouver un gardien de concession, Seattle est donc pris avec un gardien qui est 9e en salaire dans la ligue, mais dernier en taux d'arrêts depuis 2021-2022 avec ,890, parmi les gardiens avec au moins 50 départs. Et il est sous contrat jusqu'à ses 35 ans.

Ouch.

Une présence surprise en séries et les succès instantanés de l'autre club d'expansion peuvent nous le faire oublier, mais le Kraken n'en est qu'à sa troisième saison d'existence. Oubliez le fameux terme de reconstruction, Seattle est une franchise encore en construction. Cette année est un dur rappel qu'il y a encore du travail à faire à Seattle pour avoir une véritable équipe compétitive.