Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Derrière le brio de Poulin, une quête de profondeur

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – L'équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin a conclu en fin de semaine un séjour de trois parties à domicile avec une défaite en fusillade contre Toronto. Les prouesses de Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens lui ont permis de soutirer un point d'un match dans lequel elle n'aurait jamais dû être dans le coup.

Poulin, qui avait aussi inscrit le but vainqueur dans une victoire contre New York plus tôt dans la semaine, offre un rendement à la hauteur de sa réputation depuis le début de la saison. Elle revendique six buts à ses quatre derniers matchs et occupe le deuxième rang des pointeuses de la Ligue.

Desbiens a tout fait pour voler le match contre une équipe torontoise qui était clairement dans un meilleur jour que ses rivales. L'internationale canadienne est l'une des deux gardiennes de la LPHF qui comptent plus de 300 minutes à leur compteur. Seulement deux consoeurs ont fait face à plus de tirs par tranche de 60 minutes. Parmi les gardiennes qui ont obtenu au moins trois départs, elle vient au troisième rang avec un taux d'efficacité de ,915. On l'a senti monter en puissance dans la dernière semaine.

Les deux Québécoises, embauchées avant le repêchage à titre de piliers fondateurs de la franchise, offrent le rendement attendu de joueuses de leur statut.

Au quart de la saison, d'autres tardent à se mettre en marche. Il en ressort l'impression que les succès de Montréal reposent de façon un peu disproportionnée sur les épaules de ses meneuses.

Jumelées plus souvent qu'autrement à Poulin, Maureen Murphy et Tereza Vanišová semblent avoir gagné en confiance et en cohésion aux côtés de la capitaine. Leur vision de jeu et leur combativité ont permis au trio de créer sa juste part de chances de marquer. Elles ont chacune cinq mentions d'aide, mais sont toujours en quête d'un premier but malgré un apport combiné de 28 tirs cadrés.

Sur papier, le trio composé de Laura Stacey, Kristin O'Neill et Ann-Sophie Bettez est une idée grandiose. Ensemble, elles peinent toutefois à créer du concret. O'Neill, le septième choix du repêchage, n'a que deux mentions d'aide en six matchs. Son ardeur au travail est irréprochable et elle a ses bons moments aux cercles de mises en jeu, mais sa petite taille semble lui donner des ennuis à s'adapter au jeu physique de la LPHF.

Plus bas dans la formation, Kennedy Marchment et Jillian Dempsey, respectivement les deuxième et troisième meilleures pointeuses de la défunte Premier Hockey Federation (PHF) la saison dernière, ne ressortent pas du lot.

Il n'y a évidemment pas lieu de s'emporter. Dans chacun des marchés de la ligue, des joueuses établies tardent à prendre leur envol. À Boston, la fiche d'Hilary Knight est toujours vierge. Même chose pour les vedettes internationales Brianne Jenner (OTT) et Blayre Turnbull (TOR). Au Minnesota, Kendall Coyne Schofield n'a qu'un point en cinq matchs.

Après la défaite contre Toronto, la défenseuse Erin Ambrose a concédé qu'il était « injuste » de mettre autant de pression sur Poulin et Desbiens et que plusieurs joueuses partageaient sans doute cette impression. Mais d'un même souffle, elle a poliment repoussé la théorie selon laquelle l'équipe montréalaise était trop dépendante de ses deux vedettes.

« Je comprends la question, mais je crois qu'il y a beaucoup de profondeur au sein de notre équipe. Plusieurs joueuses commencent à prendre leur erre d'aller. [...] On est conscientes qu'on compte sur la meilleure joueuse et la meilleure gardienne au monde, mais on sait que notre identité ne se résume pas à elle. C'est vrai qu'après six matchs, ‘Pou' a marqué plein de buts, mais ça va finir par rentrer pour les autres. Il n'y a pas d'inquiétude là-dessus dans notre vestiaire. »

Avantage numérique en panne

La vie des attaquantes sera facilitée lorsque le jeu de transition collectif sera à point. Depuis le début de la saison, les Montréalaises peinent à relancer l'attaque à partir de leur territoire, compliquant le transport de la rondelle vers le secteur offensif.

L'entraîneuse-chef Kori Cheverie a aussi noté qu'elle s'attendait à une implication plus soutenue de ses défenseuses en territoire offensif après le revers de samedi. « C'était une partie importante de notre plan de match de diriger plus de rondelles sur le filet adverse et on n'a pas réussi à le faire », a-t-elle déploré.

Le rendement de l'avantage numérique est aussi de plus en plus difficile à ignorer. Depuis le début de la saison, les unités spéciales offensives n'ont généré qu'un but en vingt déploiements. Contre Toronto, elles ont été blanchi quatre fois.

Un peu plus d'efficacité aurait pu faire une grande différence. Les Torontoises ont été punies alors qu'elles accusaient un retard de 2-1 en fin de deuxième période, avec une égalité 2-2 en milieu de troisième ainsi qu'en prolongation. À l'exception de deux tirs sur réception de Poulin à 4-contre-3, les Montréalaises ont été peu menaçantes.

« On travaille là-dessus et on continuera de le faire, s'est contentée de commenter Cheverie. La saison est encore jeune. »

Ambrose, qui est utilisée comme quart-arrière sur la première vague du jeu de puissance, a été plus repentante.

« Ça commence par moi, s'est flagellée l'assistante à la capitaine. Pendant l'avantage numérique en fin de troisième, j'ai commis des revirements inacceptables. Le jour où je retrouverai mes moyens, nos chances de capitaliser dans ces circonstances seront meilleures. »

« On a nos chances et les buts vont venir, a poursuivi Ambrose. On le pratique à l'entraînement et avec le temps, on va y arriver. On essaie de construire quelque chose sur des bases solides et je pense que ça produira des fruits éventuellement. »

Le jeu de puissance montréalais tentera de débloquer mercredi lors d'une visite au Minnesota. L'équipe basée à St. Paul a accordé quatre buts en cinq matchs en désavantage numérique, un sommet dans la LPHF. Le problème, c'est qu'elle n'en a concédé que quatre autres à forces égales.