Jour de bilan : six questions et réflexions

MONTRÉAL – L'équipe de Montréal dans la Ligue professionnelle de hockey féminin fera le bilan de sa première saison aujourd'hui. Afin d'y mettre la table, voici quelques constats et questions au sujet du chapitre qui vient de se conclure et de ceux qu'il reste à écrire.

Le noyau est solide

Avant le début de la saison, chaque équipe avait six contrats de trois ans à distribuer. L'attribution de ces ententes à long terme était un élément crucial dans la construction des six équipes originales. Un vote de confiance à une joueuse qui ne livrerait pas la marchandise avait le potentiel d'affecter le décollage d'une nouvelle concession.   

À Montréal, l'avenir a donné raison à la directrice générale Danièle Sauvageau.

Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens étaient des choix logiques pour personnifier le visage de l'équipe. La troisième « joueuse désignée », l'attaquante Laura Stacey, a fermé le clapet à ceux qui croyaient qu'elle n'avait été recrutée qu'en raison de ses liens avec la capitaine. Elle a été l'une des six joueuses de la ligue à marquer dix buts ou plus et a terminé dans le top-10 des meilleures pointeuses.

Erin Ambrose a été la quart-arrière attendue en défense. Kristin O'Neill a trouvé sa touche offensive en deuxième moitié de saison, ajoutant une dimension supplémentaire à son indispensable apport défensif. Maureen Murphy a été l'une des meilleures recrues de la ligue, concluant avec 19 points en 27 matchs en incluant les éliminatoires.

Le projet est donc assis sur des bases solides. Mais il y a du travail à faire.

S.O.S profondeur

Avec l'arrivée massive de joueuses européennes qui n'ont pu sauter dans le train lors du lancement de la ligue et une cohorte talentueuse en provenance de la NCAA, le deuxième repêchage de l'histoire de la LPHF sera une source précieuse à laquelle les équipes pourront s'abreuver pour faire le plein de profondeur. Ça tombe bien parce que Montréal en a grandement besoin.

Les récentes séries ont exposé les failles dans la construction de l'effectif montréalais. L'entraîneuse Kori Cheverie a été critiquée pour s'être appuyée à l'excès sur ses deux premiers trios et ses deux premières paires de défenseuses. Il est vrai que les pertes combinées d'Ann-Sophie Bettez, Kennedy Marchment et Sarah Bujold, toutes blessées, n'ont pas aidé. Mais aucune de ces trois joueuses ne contribuait de façon constante à l'attaque avant d'être indisponibles.

Seulement quatre joueuses ont atteint la barre des dix points en saison régulière.

Au niveau des bons coups dans ce département, il faut applaudir la décision de Sauvageau d'ajouter Mikyla Grant-Mentis à son effectif. Libérée par Ottawa en cours de saison, l'attaquante s'est méritée un contrat de joueuse régulière à Montréal et a terminé l'année en force. Elle doit faire partie des plans en 2025.

L'arrivée prévue de la Suédoise Lina Ljungblom, restée en Europe cet hiver, devrait aussi donner un bon coup de main.

Du renfort en défensive

La vision de Sauvageau était claire et elle ne s'en était pas cachée : elle voulait une équipe axée sur l'offensive et elle l'a bâtie en conséquence.

Elle a utilisé deux de ses trois contrats de joueuses autonomes et deux de ses trois premiers choix au repêchage sur des attaquantes. Au terme du camp d'entraînement, seulement quatre des défenseuses de l'équipe étaient issues du repêchage... et l'une d'elles était une ancienne attaquante!

Durant toute la saison, la difficulté des défenseuses montréalaises à gérer la pression en fond de territoire et à participer proprement à la relance de l'attaque a été évidente. Plusieurs observateurs nous ont mentionné que Cheverie avait fait des petits miracles avec les atouts à sa disposition.

L'acquisition d'Amanda Boulier à la date limite des transactions a grandement aidé, mais ça ne suffit pas. Le prochain repêchage devra servir à regarnir prioritairement ce secteur.

Chuli améliorera-t-elle son sort?

Où jouera Elaine Chuli la saison prochaine?

L'adjointe d'Ann-Renée Desbiens a été sensationnelle dans le rôle qui lui a été confié. Elle a signé six victoires en huit départs. Les chiffres qu'elle a laissés dans les archives, bien qu'ils forment un petit échantillon, la placent loin devant la compétition. Dans une ligue plus développées, elle serait probablement l'une des joueuses autonomes les plus convoitées durant l'été.

Mais la LPHF offre seulement six postes de gardienne titulaire. Peut-elle, de façon réaliste, aspirer à en décrocher un en 2025?

Desbiens, même si ses statistiques n'ont pas été les plus rutilantes, ne s'en va nulle part. À Ottawa et Boston, Emerance Maschmeyer et Aerin Frankel sont sous contrat pour deux autres saisons. À Toronto, il serait surprenant qu'on cherche à remplacer Kristen Campbell, qui a joué 22 des 24 matchs de l'équipe en saison régulière et qui a déjà deux blanchissages à son actif en séries.

Reste New York et le Minnesota qui pourraient la courtiser. Chuli, qui aura 31 ans l'an prochain, cherchera-t-elle un environnement où elle pourra améliorer son sort? Accepterait-elle de revenir à Montréal dans les mêmes conditions? Un dossier à suivre.

Le dernier tour de piste de Mélodie Daoust?

Avec Mélodie Daoust dans son alignement, Montréal a gagné trois matchs et en a perdu tout autant. Mais ces chiffres sont trompeurs. L'équipe en bourgogne montrait un tout autre visage avec l'ancienne vedette d'Équipe Canada dans ses rangs.

En raison de son emploi au sein du programme de hockey du Collège Bourget de Rigaud et parce qu'elle a la garde partagée de son garçon, Daoust a dû se contenter d'un rôle de réserviste lors de la saison inaugurale de la LPHF. Quelles sont ses intentions pour 2025?

Montréal la reprendrait fort probablement comme réserviste de luxe. Mais a-t-elle fait son dernier tour de piste?

Le bonheur des uns...

On parlait plus tôt du repêchage. Il s'étendra sur sept rondes cette année, ce qui signifie que 42 nouvelles joueuses pourraient intégrer les cadres de la ligue dans les prochains mois. Sans compter celles qui pourraient être invitées à se tailler une place au camp d'entraînement.

Le bonheur des uns fera bien sûr le malheur des autres. Pour chaque nouvelle joueuse qui contribuera à rehausser le niveau de jeu de la LPHF, une participante de la première saison historique en sera exclue.  

À Montréal, le groupe de joueuses qui sont maintenant sans contrat inclut Claire Dalton, Gabrielle David, Sarah Bujold, Ann-Sophie Bettez, Jillian Dempsey et Mariah Keopple. Lesquelles auront fait assez bonne impression pour recevoir une nouvelle offre?

Le visage de l'équipe devrait changer considérablement durant la saison morte.