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RÉSULTATS

LPHF Montréal : la tête sur le bûcher, le verre à moitié plein

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MONTRÉAL – « Rien à perdre ». C'est avec cet axiome en tête que les joueuses de l'équipe montréalaise de la LPHF ont pris la route du Massachussetts pour y écrire la suite de leur histoire.

Elles l'ont toutes répété avant le grand départ, de l'entraîneuse Kori Cheverie aux vétéranes comme Erin Ambrose et Kristin O'Neill. Chaque fois, comme l'envie de les interrompre et de les ramener à l'ordre. Il y aura bien quelque chose à perdre mardi soir dans la grande région de Boston. Un accès à la grande finale, ce n'est quand même pas rien.  

Mais bon, leur point a été entendu. L'idée, on l'a bien compris, est d'interpréter leurs paroles au-delà de leur sens littéral. De saisir l'état d'esprit derrière ce court slogan motivateur. Le dos au mur, les attentes ont diminué, les espoirs sont presque évaporés. Ne reste plus qu'à aller jouer. Du reste, rien à branler.

« D'une certaine façon, on se retrouve dans une superbe position, est même allée jusqu'à dire O'Neill. On peut juste se concentrer sur le moment présent et tout donner sur la glace. »

Si l'optimisme était une religion, l'Auditorium de Verdun en aurait été un lieu de culte lundi.

Cheverie a sorti ses chiffres. Selon son département de statistiques avancées, son équipe méritait de gagner les deux premiers matchs arrachés par Boston en prolongation. « On a joué un peu moins de neuf périodes et je dirais qu'on en a dominé sept », a-t-elle estimé.

Pour chaque zone d'ombre, l'entraîneuse a pointé du doigt un rayon de soleil. Oui, son équipe s'est fait battre par deux attaquantes marginales dans le match numéro 2, mais ça veut dire que les gros canons de Boston sont réduits au silence. La gardienne adverse n'a donné que deux buts sur 111 tirs? Avec un peu plus de chance, on n'en parlerait même pas.  

« Je ne crois pas qu'Aerin Frankel fait la différence quand on rate la cible sur un filet ouvert ou quand les bonds ne nous sont pas favorables dans son demi-cercle », a clamé Cheverie.   

Sa capitaine, elle, voyait les choses différemment. Autrice de dix buts en saison régulière, ses 13 tirs cadrés ont été repoussés par la petite gardienne américaine.   

« Ça rentre dedans, mais ça fait partie du jeu. Elle est dedans. C'est un mur de briques présentement, mais c'est à nous de continuer, d'y aller encore plus fort », s'encourageait Marie-Philip Poulin.

« Le plus important pour nous, c'est de porter notre attention sur les bonnes choses, a relativisé Erin Ambrose. C'est évident qu'on voulait gagner ces deux matchs à la maison et je pense qu'on y a mis l'effort nécessaire. C'est juste que parfois, le sport ne te récompense pas comme tu crois le mériter. Mais on n'est vraiment pas loin. »

Comparaisons et célébrations

Ambrose est le visage d'une réalité qui, selon plusieurs observateurs, handicape les chances de Montréal de renverser la vapeur dans cette série. Dans la défaite de samedi, encaissée en troisième période de prolongation, la défenseuse de 30 ans a passé plus de 61 minutes sur la patinoire. De manière générale, Montréal en a demandé davantage à ses cadres que Boston, qui apparaît comme l'équipe la plus fraîche à ce moment charnière de la confrontation.

Bien que les chiffres ne mentent pas, Ambrose a tenté d'apporter une nouvelle perspective à cette perception avant le départ pour les États-Unis.

« C'est vrai que j'ai beaucoup joué, mais je ne suis pas la seule. Hilary Knight a joué 49 minutes et je l'ai vue sortir de l'aréna couverte de sacs de glace. Elles sont amochées, nous sommes amochées, c'est les séries. C'est la bête à laquelle nous sommes confrontées. Il faut juste continuer d'avancer un pas à la fois. »

Après la petite phrase classique qui vise à diluer la pression, la pensée positive à l'excès et l'évocation subtile de la défaillance d'une adversaire, une opération de motivation ne serait pas complète sans une bonne petite chicane de coulisses. À la fin de son point de presse, Cheverie s'est assurée de mentionner que les célébrations émanant du vestiaire des visiteuses de la Place Bell s'étaient rendues aux oreilles de ses joueuses.

« Ce qu'on entendait, c'était comme du soulagement. Tant mieux pour elles, je ne dis pas qu'on n'aurait pas préféré être dans leur situation. Mais si les rôles sont inversés après le troisième match, je ne crois pas qu'on va se permettre de telles célébrations », a laissé flotter Cheverie.

De l'espoir, de l'insouciance et un peu d'amertume. Voyons si ces ingrédients permettront à Montréal de trouver la recette du succès avant qu'il ne soit trop tard.