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RÉSULTATS

Jillian Dempsey : les pieds à Montréal, le cœur à Boston

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MONTRÉAL – « Il y en a qui voulaient être échangées, d'autres qui voulaient rester », a lâché Ann-Renée Desbiens mercredi au début d'une mêlée de presse dont les premières questions portaient sur la date limite des transactions qui est passée comme une petite tempête sur l'équipe montréalaise de la LPHF.

Pour savoir dans quel camp se trouvait Jillian Dempsey, inutile d'être particulièrement perspicace. Pas besoin de faire l'effort de lire entre les lignes. Il suffit de tendre l'oreille et l'évidence vous rentrera dedans comme une mise en échec de Catherine Dubois.

Ignorez toute considération phonétique et fiez-vous sur nous : Dempsey rime avec Boston.

Ça se comprend lorsqu'on retrace les origines de l'attaquante de 33 ans. Elle est née à Winthrop, dans la banlieue nord de la capitale du Massachusetts. Elle est allée à l'école secondaire à Weston, à 30 minutes de voiture de son centre-ville.

Ça se lit dans son parcours athlétique. Elle a joué pendant quatre saisons à l'Université Harvard. Elle a ensuite représenté la ville dans différentes ligues professionnelles et pendant une décennie.

Ça se voit sur sa page Instagram. Ici, elle prend la pose aux côtés de Pedro Martinez, Jason Varitek et Andrew Raycroft au gala de la fondation de l'ancien lanceur des Expos. Là, elle effectue le premier lancer avant un match au Fenway Park ou brandit un drapeau des Bruins avant un match de séries au TD Garden. Sur sa photo de profil, elle exhibe la Coupe Isobel dans l'uniforme noir et jaune du Pride de Boston,

Ça s'entend dans son accent, dans sa façon de parler de son amour pour « Bâh-stin ».

Ça ne laisse finalement plus de doute quand on voit ses yeux s'embuer, au fil de ses réponses, alors qu'elle discute des circonstances qui ont fait en sorte qu'elle poursuive aujourd'hui sa vie dans une nouvelle ville et de son désir pas très subtil de retourner à la maison.

Es-tu heureuse de demeurer à Montréal, Jillian? « Montréal est une belle ville, nous avons une belle équipe. Il y a un match au Centre Bell qui s'en vient, ça va être cool comme expérience. »

As-tu demandé à être échangée? « Je veux dire, j'adore Boston. C'est chez moi. Mais j'ai été repêchée ici et tout le monde m'a bien accueillie. Alors, c'est ça. »

La conversation est entamée depuis moins d'une minute et déjà, il est clair que Dempsey serait ailleurs si son souhait avait été exaucé.

« C'est très évident pour tout le monde que Boston occupe une place spéciale dans son cœur, a tenté de clarifier l'entraîneuse montréalaise Kori Cheverie. Elle est ici pour la saison, elle agit de manière très professionnelle, elle fait tout ce qu'on lui demande. Il n'y a rien de nouveau pour personne ici dans le fait qu'elle veut être à Boston. Ça n'a juste pas fonctionné. »

Une adaptation difficile

Une rumeur au sujet de Dempsey a commencé à circuler sur les réseaux sociaux quelques semaines avant la date limite des transactions dans la LPHF. Il était question d'un possible échange entre Montréal et Boston dans lequel l'attaquante Shiann Darkangelo débarquait à Verdun.

Ce scénario ne s'est jamais matérialisé. Darkangelo a finalement été échangée à Ottawa quelques minutes avant l'heure H, lundi. Mais Dempsey est encore à Montréal. Ce n'est pas la conclusion qu'elle souhaitait.

« Tu ne sais pas trop à quoi t'attendre, il n'y avait pas beaucoup de communication sur le sujet, dit-elle pour décrire les jours précédant la date limite. Ce n'est pas une chose à laquelle on est habituées. Dans le passé, on avait un mot à dire sur l'endroit où on allait jouer, notre trajectoire était entre nos mains. Ma vie a pris un tournant inattendu dans la dernière année. Mais c'est notre boulot maintenant. J'essaie de faire ce qu'on me demande à chaque jour et éviter de trop penser à ce que je ne peux contrôler. »

Six mois après le repêchage et quatre mois après son déménagement à Montréal, Dempsey admet être encore en train de s'ajuster à sa nouvelle vie. Loin de l'aréna, il y a de nouveaux repères à trouver et une barrière de la langue à contourner. Sur la patinoire, l'adaptation n'a pas été facile non plus.

Dempsey était l'un des visages de la défunte Premier Hockey Federation (PHF). Au moment où la ligue a été dissoute, elle en était la marqueuse la plus prolifique avec 146 points en 142 matchs en carrière. Elle avait terminé la saison 2022-2023 au troisième rang du classement des pointeuses avec 28 points en 24 parties.

Derrière les Marie-Philip Poulin, Laura Stacey et Maureen Murphy, elle n'exerce pas la même influence dans le groupe mis sur pied par Danièle Sauvageau à Montréal. Plus souvent utilisée au sein des deux derniers trios, Dempsey n'a grappillé que quatre points, dont un but, en 18 matchs en LPHF.

« C'est assurément un rôle très différent de celui auquel je suis habituée. J'essaie juste de tout donner à chaque présence. À chaque occasion qui se présente, j'essaie de provoquer quelque chose. J'adorerais en faire plus. Peu importe ce que le coach me demandera, je suis prête à le faire. »

On comprend qu'elle aurait bien aimé que ses patrons fassent preuve de la même ouverture d'esprit à son égard.