Une fébrilité inexplicable à 24 heures de l'ouverture locale pour Montréal

La directrice générale Danièle Sauvageau, l'entraîneure-chef Kori Cheverie et les joueuses de l'équipe de Montréal de la Ligue professionnelle de hockey féminin vivront une « deuxième première » samedi après-midi au Centre 21.02 de l'arrondissement Verdun. Peut-être plus étrange que cet énoncé, c'est le fait que cette « deuxième première » a une plus grande signification, à leurs yeux, que la précédente.

Ça se voyait dans les sourires de toutes les joueuses qui ont défilé devant les nombreux journalistes après la séance d'entraînement de l'équipe, vendredi.

Ç'a commencé avec la gardienne de but Ann-Renée Desbiens et ça s'est terminé avec la capitaine Marie-Philip Poulin.

Entre ces deux pilières, Ann-Sophie Bettez, Laura Stacey, Gabrielle David et Catherine Dubois ont tour à tour, et en leurs mots, décrit toute la fébrilité qu'elles pouvaient ressentir à plus de 24 heures de leur premier match à domicile, contre l'équipe de Boston.

Surtout, c'était aussi très perceptible dans les propos de Sauvageau et dans l'émotion qui l'habitait.

« Si vous pouvez m'inventer un mot, j'aimerais. Je ne suis pas sûre que je peux mettre un mot sur demain (samedi) », a-t-elle lancé, au début de la mêlée de presse.

On a même eu l'impression que sa voix a craqué, ne serait-ce qu'un tout petit peu, lorsqu'elle s'est fait demander de comparer la rencontre de samedi au tout premier match de son équipe, le 2 janvier dernier à Ottawa.

Sauvageau voyait alors ce match inaugural comme le début d'une ère complètement nouvelle pour le hockey féminin. Mais samedi, on est à un autre niveau, car ça se passera dans sa cour.

Sa cour, c'est la ville où elle a vu le jour, mais aussi l'édifice qu'elle a fondé en 2019 pour développer le hockey féminin, sans vraiment savoir si tous ses efforts allaient porter fruit.

Un édifice qui sera le théâtre de ce premier match à domicile de l'équipe de Montréal devant une salle comble assurée d'environ 4000 spectateurs.

« J'ai le goût de dire 'c'est un autre niveau' parce que le premier match à Ottawa, c'était le premier de la ligue. Mais là, c'est à la maison. On reçoit. On reçoit à la maison. C'est chez nous », a-t-elle souligné.

« Je suis née à Montréal, j'ai été élevée à Deux-Montagnes. C'est chez moi. Et nous accueillons le monde, avec les meilleures joueuses de hockey », a-t-elle ajouté un peu plus tard, en anglais, visiblement émue.

Pour Poulin, le match de samedi va au-delà des athlètes qui vont y participer.

« Je suis tellement excitée. Ça fait longtemps qu'on attend ce moment-là et de voir tout ce qui se passe ici à l'aréna, les gens qui travaillent jour et nuit pour mettre ce moment-là en place. C'est exceptionnel.

« Et pour nous, en tant que joueuses, ça va au-delà de nous-mêmes. C'est le passé, le futur, tout ça ensemble. Ça va être remarquable demain », a ajouté Poulin, qui a inscrit trois buts dans la victoire de 5-2 de Montréal mercredi à New York.

« Ça va être pour nous, pour la prochaine génération, les joueuses avant nous, les Caroline Ouellette, les Noémie Marin, les Charline Labonté qui ont pavé la voie pour nous. Tantôt, j'ai rencontré une petite fille venue du Nouveau-Brunswick qui était super excitée de pouvoir être ici. Ça met en perspective ce qu'on fait. »

« Ça va être un moment vraiment spécial. »

Pour toutes les joueuses, ce premier match à domicile, après trois parties jouées à l'étranger, sera aussi l'occasion de jouer devant leurs proches.

Ann-Renée Desbiens est particulièrement contente de savoir qu'elle pourra évoluer devant plusieurs parents et amis.

« Il y en a beaucoup qui n'ont pas eu l'opportunité de me voir jouer dans le passé. Le fait qu'ils seront là, ça fait chaud au coeur », a-t-elle déclaré.

Desbiens pourra compter sur un groupe de supporters de 60 personnes pour lesquelles elle a trouvé des billets dans la section 104, située dans l'un des coins de l'aréna. Plusieurs autres de ses amis devraient aussi être présents.

« Je me suis occupée des oncles, tantes, cousins et parents. Je voulais m'assurer qu'ils soient tous ensemble et vivent une belle expérience. La section 104 sera peut-être un peu bruyante demain! »