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RÉSULTATS

Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens s'illustrent, mais Toronto gagne un classique

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MONTRÉAL – Ce n'était pas un samedi soir comme les autres à l'Auditorium de Verdun. Montréal d'un côté, Toronto de l'autre. Tous calibres confondus, il s'agira toujours de l'une des affiches les plus attrayantes au hockey.

« On va être prêtes pour un autre classique », avait promis la gardienne Ann-Renée Desbiens au micro de l'animateur de foule pendant la période d'échauffement.  

Il fallait la prendre au mot. Contre une équipe remplie de vedettes internationales, Desbiens a livré une grande performance. Par un cheveu, la force de frappe de l'adversaire a toutefois eu raison de sa volonté et de celles de ses coéquipières.

Marie-Philip Poulin a été stoppée trois fois en fusillade tandis qu'à l'autre bout, des buts de Lauriane Rougeau et Hannah Miller ont offert une victoire de 4-3 aux Torontoises.

Poulin avait créé l'égalité avec son deuxième but du match alors qu'il ne restait que 17,3 secondes à faire à la troisième période. Il s'agissait alors d'un développement inespéré pour Montréal, qui avait été dominé pendant une bonne portion du match et qui avait été placé en déficit au pointage par un but de Natalie Spooner 1:06 plus tôt.

Mais alors que Desbiens était rentrée au banc à la faveur d'une attaquante supplémentaire, Poulin a pris possession de la rondelle près de sa ligne bleue, a traversé la zone neutre en diagonale, a débordé deux rivales avant de couper devant une troisième pour ensuite glisser la rondelle sous la gardienne Kristen Campbell.

« Honnêtement, je n'en croyais pas mes yeux quand elle a marqué ce but égalisateur, s'émerveillait la défenseuse Erin Ambrose. C'est incroyable comment cette fille-là est juste bâtie différemment de toutes les autres. C'est la meilleure capitaine, la meilleure leader que je n'ai jamais vue. Je dirais qu'elle est la meilleure joueuse de hockey de l'histoire. »

Poulin a aussi été la principale menace d'un jeu de puissance qui a été incapable de dénouer l'impasse en prolongation. Comme un règlement de la Ligue professionnelle de hockey féminin permet d'envoyer la même joueuse aussi souvent que souhaité en tirs de barrage, l'entraîneuse-chef Kori Cheverie lui a fait signe quatre fois lors du bris d'égalité.

Campbell a remporté le duel en plus de fermer la porte à Tereza Vanišová et Laura Stacey.

« Quand une joueuse comme "Pou" connaît le genre de match qu'elle nous a donné ce soir, c'est un beau luxe de pouvoir se retourner vers elle. On avait une joueuse en feu, pourquoi ne pas lui faire confiance? »   

Au final, l'effort héroïque de Poulin n'aura permis à son équipe que de limiter les dégâts.

« Je crois qu'on a volé un point ce soir », a dit Ambrose.

« Collectivement, ça n'a pas été notre meilleur match et je pense qu'on en est toutes conscientes », lui a fait écho Desbiens. Personne n'était mieux placée qu'elle pour le savoir : elle a réalisé 36 arrêts dans la défaites.

« Notre couverture en zone défensive n'était probablement pas au niveau ce soir, a commenté Cheverie. C'est difficile de gagner des matchs quand on concède 40 lancers. On est chanceuses d'avoir la meilleure gardienne au monde, mais il faudra peaufiner notre jeu autour d'elle. »

Le mur de La Malbaie

Les Torontoises étaient arrivées en ville avec une feuille de route peu reluisante. Enfoncées dans une séquence de trois défaites consécutives, elles occupaient le dernier rang du classement de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). Plus surprenant encore, elles n'avaient marqué que sept buts en cinq matchs.

Cette prémisse était toutefois dangereusement trompeuse. Quand vos cadres s'appellent Sarah Nurse, Natalie Spooner, Emma Maltais, Blayre Turnbull et Jesse Compher, un creux de vague ne peut qu'être temporaire.

Contre cette armada, Desbiens s'est montrée d'attaque dès les premiers assauts. Son équipe profitait d'une avance précoce, gracieuseté du premier but de la saison de Sarah Bujold, quand elle a affiché pour une première fois ses couleurs. Dans une séquence d'environ une minute durant laquelle elle a perdu son bâton, elle a étiré la jambière pour frustrer Spooner et sorti le bloqueur pour contrecarrer les plans de Nurse et de son ancienne coéquipière Maude Poulin-Labelle.

« Comme gardienne, t'aimes ça faire les bonnes choses à la bonne place. Mais des fois tu te retrouves dans une situation qui n'est pas habituelle et tu dois juste essayer de faire les arrêts, mettre quelque chose en avant, que ça soit un bloqueur dans les airs un peu tout croche ou plus de bâton... Tu veux juste essayer de garder la rondelle à l'extérieur du filet. »

Elle l'a fait avec un aplomb remarquable contre les rapides attaquantes torontoises, qui ont créé un nombre incalculable de revirements et ont tourné autour de son demi-cercle toute la soirée. Desbiens avait 28 arrêts à sa fiche après deux périodes et bien qu'elle n'ait pu empêcher l'inévitable en troisième, sa performance a entretenu le suspense dans une soirée où il n'y aurait jamais dû en avoir.

« Je crois que c'était sa performance la plus aboutie de la saison, estimait Cheverie. C'est très positif pour nous de savoir qu'on peut traîner une équipe en prolongation tout en accordant autant de lancers. »

« Je vais être honnête, je suis vraiment mauvaise perdante. Je ne pense pas que je suis capable d'apprécier une défaite, déplorait Desbiens. Oui, individuellement, ça a quand même bien été, mais il y a des choses que je dois retourner voir et que je dois quand même travailler. C'est très dur pour moi d'apprécier une défaite. »