Un poids supplémentaire sur le fardeau du passé
LAVAL – Laura Stacey avait eu plus d'une trentaine de minutes pour digérer la défaite que son équipe venait de subir aux mains de la Charge d'Ottawa lorsqu'elle est apparue dans une petite pièce derrière le banc de l'équipe locale de la Place Bell. Pas une once de déception n'avait été évacuée de son langage corporel. Le choc se lisait sur son visage. Les trémolos de la déception s'entendaient dans sa voix.
Son équipe aurait subi l'élimination qu'on ne l'aurait pas imaginé plus abattue.
« C'est difficile. Le hockey, c'est difficile, a-t-elle exprimé, comme un livre ouvert, au début de son point de presse. J'ai dû prendre une grande respiration avant d'entrer ici parce que ça fait mal. Perdre, ça fait mal. Surtout en séries, quand on veut tant gagner. »
L'éléphant s'est invité dans la pièce dès que s'est conclue la saison régulière et ne la quittera pas tant qu'un zéro sera visible à côté du logo de la Victoire dans l'arborescence des séries de la LPHF. L'équipe montréalaise s'est établie comme l'une des plus solides et des plus constantes depuis la création de la Ligue. Aucune équipe n'a perdu moins de matchs en temps réglementaire dans les deux dernières années.
Mais en deux ans, elle n'a toujours pas trouvé le moyen de gagner un match de séries.
L'allusion au cruel balayage subi contre Boston il y a un an est revenu souvent dans les conversations des derniers jours. Autant l'entraîneuse Kori Cheverie que ses joueuses ont répété que ce mauvais souvenir n'occupait ni leurs pensées, ni leurs conversations. Des histoires pour les médias, rien de plus.
Mais après le faux départ contre Ottawa, on ne pouvait s'empêcher de sentir qu'un poids supplémentaire venait de s'ajouter sur le fardeau que demeurent ces échecs du passé.
« C'était évident que c'est dur à entendre, particulièrement pour moi qui est une leader au sein de cette équipe, a avoué la grande numéro 7. On ne veut pas voir ça. On ne veut pas entendre ça. Personnellement, je le ressens. »
« Bien sûr, je dois moi aussi capitaliser sur mes chances de marquer. Je suis responsable de ce qui se passe au même titre que chacune des joueuses dans notre vestiaire. Mais la bonne nouvelle, c'est que le soleil va se lever demain. On est un groupe positif, on sait ce dont on est capables. Mais on savait aussi qu'on risquait de perdre un match. Personne ne s'attendait à traverser ces séries sans qu'on soit confrontées à la moindre adversité. »
Cheverie a porté un regard lucide sur le résultat du jour, refusant d'enrober la performance de ses joueuses dans le glaçage. Mais l'idée d'une quatrième défaite de suite en séries ne l'émouvait pas particulièrement.
« Ce ne sont que des faits, non? La réalité demeure qu'il nous faut gagner un match de hockey. Si on commet l'erreur de s'accrocher au passé, on ne se rendra pas très loin. Il faut se regrouper. »
Le verre à moitié plein
Bizarrement, l'idée que la Victoire venait de livrer une copie imparfaite pouvait être interprétée comme un signe positif.
L'an dernier, l'équipe a été sortie des séries par un adversaire qu'elle avait largement dominé. Elle avait cadré 145 tirs en trois matchs, mais n'avait pu battre la gardienne Aerin Frankel qu'à six reprises. Résignée, Cheverie avait identifié ces trois matchs comme les trois meilleurs que ses joueuses avaient disputés dans toute la saison.
Celui de jeudi contre Ottawa ne sera immortalisé dans aucun palmarès, mais malgré cet effort incomplet, la Victoire a été dans le coup jusqu'à la fin. Stacey parvenait à y voir un verre à moitié plein.
« Ce n'était pas notre meilleure prestation et malgré cela, on était dans le coup. Ce match était le nôtre autant qu'il était le leur. On a fini avec plus de tirs au but, on a eu d'excellentes chances. On était là. Si on peut montrer notre meilleur visage pendant 60 minutes, on va faire peur. »
Maureen Murphy, l'autrice du premier but de la Victoire contre la Charge, a fait preuve d'un optimisme similaire lorsqu'elle a été questionnée sur le manque de finition qui a plombé tous les trios qui ne sont pas celui de Marie-Philip Poulin dans la deuxième moitié de la saison.
« On en entend toujours parler, mais au final on a quand même terminé la saison au premier rang. Si on peut ajouter cette corde à notre arc en séries, personne ne pourra nous arrêter. »
C'est peut-être vrai, mais il faudrait très bientôt que ces souhaits se transforment en actions, sinon la série contre Ottawa ira rejoindre celle contre Boston dans un regrettable passé.