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RÉSULTATS

Elaine Chuli, une auxiliaire de luxe derrière Ann-Renée Desbiens

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MONTRÉAL – Ann-Renée Desbiens ou Elaine Chuli? La question, qui aurait sans doute été interprétée comme un sacrilège en début de saison, peut-elle être légitimement posée aujourd'hui?

Le simple fait qu'on se le demande est une bonne indication que quelque chose se passe au sein de l'équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), quelque chose que peu de gens peuvent prétendre avoir vu venir.   

Sur papier, Chuli est la gardienne auxiliaire de la formation mise sur pied par la directrice générale Danièle Sauvageau. Mais les performances qu'elle aligne depuis le début de la saison sont non seulement celles d'une titulaire, mais d'une gardienne qui appartient à l'élite de son sport.

Samedi, la victoire de 3-1 de Montréal contre Boston a été frappée de son sceau. Il s'agissait de son cinquième départ dans les couleurs montréalaises. Son équipe n'a toujours pas subi la défaite lorsqu'elle est en fonction.

Chuli n'a concédé que six buts en cinq sorties. Dans trois d'entre elles, son attaque ne lui a donné que deux buts. Avec dix matchs à jouer d'ici la conclusion du calendrier, elle domine toutes les gardiennes de la LPHF avec une moyenne de buts alloués de 1,19 et un taux d'efficacité de ,962. L'échantillon est peut-être plus mince que celui de ses concurrentes, mais il relèverait de la mauvaise foi d'insister sur ce fait pour minimiser la portée de ses exploits.

Desbiens, l'une des trois joueuses autonomes mises sous contrat par Montréal avant la tenue du repêchage l'été dernier, est loin de faire piètre figure. Mais sa moyenne de buts alloués de 2,16 et son taux d'efficacité de ,923 la placent en milieu de peloton parmi les neuf cerbères qui ont joué un minimum de 240 minutes cette saison.

Sans nécessairement inverser les rôles, l'entraîneuse-chef Kori Cheverie pourrait-elle envisager la possibilité d'équilibrer les assignations de ses deux dames masquées?

« Présentement, ça fait du bien de savoir qu'autant notre groupe d'entraîneurs que nos joueuses se sentent confortables avec l'une ou l'autre des options, a répondu Cheverie en bonne politicienne. On a deux excellentes gardiennes qui nous aident présentement et qui continueront de nous aider dans le futur. On va continuer d'étudier la question de match en match. On n'a pas de plan à long terme. De quoi l'équipe a-t-elle besoin? De quoi nos gardiennes ont-elles besoin? Quel est leur niveau de fatigue? Ce sont autant de facteurs que nous prenons en considération. »

Chuli n'a peut-être pas la feuille de route de Desbiens, une vedette depuis son passage dans les rangs universitaires américains qui est la gardienne de confiance de l'équipe nationale canadienne. Elle a été la huitième et dernière gardienne sélectionnée, la 78e joueuse au total, au premier repêchage de la LPHF. Mais elle n'est pas la dernière venue.

L'Ontarienne de 29 ans a eu un parcours couronné de succès à l'Université du Connecticut et a montré des statistiques intéressantes durant trois saisons dans les défuntes ligues qui ont précédé la création de la LPHF. L'année dernière, elle a aidé le Toronto Six à remporter le championnat de la Premier Hockey Federation (PHF).

Livrer la marchandise dans un rôle secondaire, « c'est assurément différent de ce à quoi j'étais habituée dans le passé », concède-t-elle, « mais je veux simplement profiter au maximum de chaque occasion qui m'est accordée. Au final, tout ce qui compte pour moi, c'est que l'équipe connaisse du succès. »

Pour Cheverie, le rendement étincelant de Chuli doit être considéré comme une bénédiction, et non comme une menace, pour Desbiens. « C'est bien de savoir que le poids du monde ne repose pas sur les épaules d'une seule gardienne », indique-t-elle.

Avec la Série de la rivalité qui a déjà alourdi l'horaire de sa titulaire et les championnats du monde qui viendront bientôt interrompre le calendrier de la LPHF, l'entraîneuse croit aussi que la possibilité de pouvoir compter sur un monstre à deux tête devant le filet est un luxe qui pourrait gagner en valeur dans les prochaines semaines.

« Ann-Renée se voit confier beaucoup de gros matchs avec l'équipe canadienne, c'est beaucoup de stress pour une gardienne. Je sais qu'elle a la personnalité et la confiance pour le gérer, mais plus son adjointe nous montrera qu'on peut s'appuyer sur elle, plus ça nous sera bénéfique à long terme. »