Passer au contenu principal

RÉSULTATS

LPHF Montréal : une décision nécessaire, mais douce-amère

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – En bon québécois, les rumeurs et les tractations entourant l'approche de la date limite des transactions sont passées six pieds par-dessus la tête d'Ann-Renée Desbiens cette année.

« C'est mon frère qui m'a appelée pour me dire qu'il y avait eu des échanges dans notre équipe, a confié la gardienne montréalaise mercredi. J'étais en plein déménagement, donc je me concentrais là-dessus. Il était là : "Eille, les gens pensent quoi de l'échange?" et je lui ai répondu : "Doum, je suis occupée, j'ai d'autres choses à gérer!" »

Quand Desbiens s'est présentée à l'Auditorium de Verdun mercredi matin, les nouvelles qui étaient arrivées à ses oreilles ont pris une forme très concrète. Dans le casier voisin du sien, l'équipement et les effets personnels de Tereza Vanišová avaient été remplacés par ceux d'Amanda Boulier.

Montréal a fait l'acquisition de la petite défenseuse américaine lundi, quelques minutes avant la fermeture de la fenêtre des transferts dans la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). Pour conclure ce marché avec son homologue d'Ottawa, la directrice générale Danièle Sauvageau a dû sacrifier Vanišová, une attaquante qui avait récolté deux buts et huit mentions d'aide en 17 parties.

À son premier entraînement dans ses nouvelles couleurs, Boulier a été accueillie à bras ouverts par ses nouvelles coéquipières. Desbiens lui a fait faire le tour du quartier général de l'équipe. Elle a patiné pendant plus d'une heure avec un grand sourire derrière son protecteur facial. Au terme de la séance, elle a raconté qu'une dizaine de filles lui avaient envoyé un message de bienvenue dès que l'échange avait été rendu public. « Jusqu'ici tout le monde a bien pris soin de moi », se réjouissait-elle.

Mais dans un univers où ce genre de troc était impensable avant la création de la LPHF, le départ subit de Vanišová a laissé des traces. Autant Sauvageau que l'entraîneuse Kori Cheverie ont été promptes à le souligner.

« Je ne crois pas qu'elle l'ait vu venir, a ressenti Sauvageau, qui avait repêché la joueuse tchèque en septième ronde de repêchage. Je sais que les joueuses étaient nerveuses ce week-end parce qu'elles savaient que ça pouvait arriver. [...] Je suis allée la rencontrer, je tenais à le faire en personne. Pour elle, c'était difficile de quitter Montréal. »

« Elle va nous manquer, se désolait Cheverie. Il y avait une occasion pour nous d'aller chercher un peu d'aide à la ligne bleue avant d'entrer en séries. Ça fait partie de notre réalité maintenant, mais je crois qu'on va toutes avoir besoin d'un peu de temps pour s'y habituer. »

Combler un besoin

Sauvageau précise que sa décision de marchander avec Ottawa ne doit pas être interprétée comme un désaveu envers Vanišová, qui avait été blanchie de la feuille de pointage à ses six derniers matchs. Elle répond plutôt à un besoin, celui d'ajouter de la profondeur à sa brigade défensive, « surtout du côté droit ». Erin Ambrose, Mariah Keopple et Catherine Daoust étaient les défenseuses droitières à la disposition de Cheverie avant l'arrivée de Boulier.

« Maintenant, des défenseuses, c'est comme n'importe quoi, si tu veux en avoir, tu as un prix à payer et ça a été déchirant de le faire, réitère Sauvageau. Mais c'est un peu ce que je recherchais.

Dans les balbutiements de sa construction, l'équipe montréalaise avait dit vouloir baser son recrutement sur une philosophie offensive. Au repêchage, elle avait utilisé cinq de ses 15 choix sur des défenseuses. Du groupe, Maude Poulin-Labelle a signé un contrat avec Toronto à la fin du camp d'entraînement et Dominika Lásková a subi une blessure qui a probablement mis fin à sa saison à la fin janvier.

Présentement, la brigade montréalaise est composée de quatre joueuses à qui on avait offert un essai au camp d'entraînement. L'une d'elles, Leah Lum, est une attaquante convertie en défenseuse. Dans ce contexte, Cheverie a reconnu que son groupe avait besoin d'aide à cette position.  

En Boulier, elle estime compter désormais sur les services d'une travaillante dotée d'un bon coup de patin et qui sait bien faire circuler la rondelle. L'ajout d'une relayeuse qui a fait ses preuves à la ligne bleue ne sera pas un luxe pour Montréal, qui a connu des ratés dans son jeu de transition depuis le début de la saison.

« Il y a des attaquantes plutôt solides dans cette équipe, notamment Marie-Philip Poulin et Laura Stacey, alors je vais juste essayer de les repérer en sortie de zone, a blagué la jeune trentenaire de 5 pieds 1 pouce. Plus sérieusement, je veux juste apporter mon expérience et mon énergie. »     

La nouvelle venue connaît bien deux de ses nouvelles coéquipières. Elle a joué pendant deux saisons avec Kennedy Marchment à l'Université de St. Lawrence et a remporté le championnat de la défunte PHF avec Jillian Dempsey chez le Pride de Boston.

Boulier pourrait éventuellement être appelée à donner un coup de main sur la deuxième vague du jeu de puissance, mais elle s'est d'abord entraînée avec l'unité de désavantage numérique mercredi.