MONTRÉAL - Il y a une dizaine d'années, Stephan Lebeau a approché Félix Potvin pour lui demander de jouer le rôle d'instructeur des gardiens des Cantonniers de Magog dans la Ligue midget AAA. Potvin a d'abord dit non, avant de changer son fusil d'épaule peu de temps après. Aujourd'hui, Potvin est à la barre des Cantonniers et semble aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau.

Après avoir accepté l'offre de Lebeau, un job qu'il dit avoir aimé, l'ancien gardien des Maple Leafs de Toronto a réalisé qu'il avait le goût d'en faire davantage au sein d'un club de hockey.

En 2008, ce désir s'est concrétisé lorsqu'il est devenu l'adjoint de Martin Bernard, qui effectuait un retour avec les Cantonniers après une absence de deux saisons.

« Quand je me suis retrouvé derrière le banc avec Martin, ç'a bien été », a confié Potvin lors d'une récente entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

« C'est quelque chose que j'ai commencé pour le plaisir, pour aider les jeunes. C'est quelque chose qui m'a plu et quand Martin est parti à Shawinigan, ça m'a donné l'occasion d'essayer de devenir entraîneur-chef et j'ai aimé ça. »

Depuis qu'il a remplacé Bernard, avant le début de la saison 2013-2014, Potvin a mené ses équipes à 187 victoires en 296 matchs en saison régulière, ce qui lui confère le 12e rang dans l'histoire de la Ligue midget AAA.

Les Cantonniers ont remporté la Coupe Jimmy-Ferrari, emblème des séries éliminatoires de la Ligue midget AAA lors des deux dernières campagnes. Chaque fois, ils ont accédé à la finale de la Coupe Telus, le Championnat canadien midget, qui réunit des équipes des cinq grandes régions du pays.

Les Cantonniers étaient en bonne voie de compléter un tour du chapeau peu commun après avoir terminé à la première place du classement général et après avoir gagné leurs cinq premières parties des séries éliminatoires. La COVID-19 a cependant forcé l'annulation de l'édition 2020 de la Coupe Telus, qui devait avoir lieu cette semaine à Saint-Hyacinthe.

L'influence de Burns

Au-delà de cet impressionnant curriculum vitae, Potvin est apprécié à Magog pour les valeurs qu'il essaie d'inculquer à ses jeunes joueurs, selon le président des Cantonniers, Renaud Légaré.

« Pour moi, Félix Potvin, c'est l'entraîneur rêvé. Il a un bon bagage. Il a eu plusieurs entraîneurs durant sa carrière, il a pris les bons côtés de chacun d'entre eux et il réussit à les amener à nos jeunes ici à Magog à sa façon.

« Avec Félix, vous ne verrez pas de jeunes crier sur notre banc, vous n'en verrez pas frapper sur les bandes. Les jeunes sont un peu à son image, ajoute Légaré. Quand ils sont à l'aréna avec Félix, ils deviennent respectueux, à leur place, calmes. Les énervés ne cadrent pas avec le style de Félix. »

Même si Potvin confirme qu'il cherche à reprendre les bons côtés de tous les entraîneurs qui l'ont accompagné dans son cheminement, un homme ressort particulièrement du groupe.

« C'est certain que le meilleur entraîneur que j'ai eu, c'est Pat Burns. C'est lui qui m'a le plus inspiré. »

Lorsque Potvin pense à Burns, il se rappelle, bien sûr, la belle aventure des Maple Leafs de Toronto au printemps de 1993, et de ce rendez-vous raté avec le Canadien de Montréal en grande finale.

Ces souvenirs sont encore bien présents dans l'esprit de Potvin d'autant plus que pendant les premiers jours de la pause des activités dans la LNH, le réseau Sportsnet a présenté les 6e et 7e matchs de la demi-finale entre les Maple Leafs et les Kings de Los Angeles.

« Ce n'est rien pour remonter le moral », a-t-il lancé, en ricanant.

Quand il pense à Burns, Potvin se souvient aussi d'un entraîneur-chef au tempérament bouillant, mais d'un personnage totalement différent quand les deux hommes se croisaient l'été, par exemple. Surtout, il garde le souvenir d'un homme foncièrement honnête, un trait de caractère qu'il s'efforce d'appliquer, à sa façon.

« Ce que j'ai aimé de Pat, c'est le respect qu'il démontrait à ses joueurs, même s'il pouvait être dur à certains moments. Ce qu'il avait à te dire, il te le disait et c'était toujours la vérité. J'ai tout le temps pensé que la chose la plus importante avec tes joueurs, c'était de donner l'heure juste, peu importe comment tu le faisais. Je ne dis pas que je le fais comme Pat, mais je pense que là-dedans, les joueurs se sentent bien. »

Potvin le dit ouvertement; il est heureux et bien dans sa peau. Il aime son travail et sa mission de développer ses joueurs. Aussi, il a une haute opinion des Cantonniers, de la Ligue midget AAA et de l'encadrement qu'elle offre aux jeunes.

Toutefois, il ne peut dire pendant combien de temps il compte rester dans le métier, ni s'il est destiné à atteindre des échelons supérieurs. Mais il ne ferme aucune porte.

« J'y vais une année à la fois. Je ne vous cacherai pas que j'ai reçu des appels du junior. Pour l'instant, ce n'était pas les bonnes places. J'ai toujours dit que si je fais du hockey, j'allais continuer à m'amuser, de le faire de la bonne façon », mentionne Potvin, un homme marié et père de trois enfants qui volent maintenant de leurs propres ailes.

« Beaucoup de facteurs pèsent dans la balance, et nous allons prendre la décision à deux, renchérit-il. Si les bonnes choses sont en place, je ne dis pas non, sinon ce n'est pas absolument un besoin pour moi. J'habite à Magog, je suis bien, nous ne sommes pas loin, je suis un gars de bois, de pêche, de chasse, j'ai ça en arrière de chez moi et c'est quelque chose qui est important pour moi. »