VICTORIA – Cayden Primeau, le plus bel espoir du Canadien à la position de gardien de but, devra vraisemblablement se contenter d’un rôle de réserviste au Championnat du monde de hockey junior.

Primeau a été titularisé dans un seul des trois matchs de l’équipe américaine depuis le début du tournoi. Confronté à seulement treize tirs contre le Kazakhstan, le cerbère de 6 pieds 3 pouces a alloué deux buts, dont un sur lequel il n’a pas très bien paru, dans une victoire de 8-2.

Suède 5 - États-Unis 4 (Prol.)

Dans les deux parties qui lui ont été attribuées, son partenaire Kyle Keyser n’a rien fait pour se faire déloger. Peu occupé contre la Slovaquie, il s’est tout de même signalé avec quelques arrêts critiques, dont un sur un lancer de pénalité, dans une victoire de 2-1. Quelques jours plus tard, contre la Suède, Keyser a gardé son équipe à flot pendant deux périodes difficiles, rendant possible une spectaculaire remontée qui a permis aux Américains d’arracher un point.

En début de compétition, l’entraîneur-chef Mike Hastings avait affirmé que le poste de numéro 1 serait confié au plus méritant. Visiblement parti avec une longueur d’avance, Keyser ne semble pas souhaiter céder le témoin.  

« C’est une lutte équitable, jugeait Primeau après sa victoire contre les Kazakhs. On est évalués depuis le début de la saison et tout ce que nous faisons est pris en considération. À chaque fois qu’on a la chance de laisser une bonne impression, il faut tout donner. J’ai peut-être certains regrets quant à la façon dont j’ai joué ce soir, mais rien n’est encore joué et je vais continuer de me battre. »

À sa deuxième saison dans les rangs universitaires américains, Primeau n’avait pas encore eu à se poser de question sur la nature de ses tâches. Élu recrue par excellence de la NCAA pour le territoire de la Nouvelle-Angleterre en 2017, le choix de septième ronde du Canadien a commencé 14 matchs pour les Huskies de l’Université Northeastern depuis le début de l’année, ne laissant que des miettes au vétéran de quatre saisons qui le seconde.

Primeau, qui avait aussi dû partager le filet avec le jeune de 17 ans Spencer Knight lors du seul match préparatoire qu’il a obtenu, n’est donc pas habitué à la parcimonie. Il refuse toutefois de mettre son sort sur le dos de ce changement de routine.

« Ce genre d’ajustement est plus facile à faire pour un gardien, juge-t-il. Les attaquants et les défenseurs qui arrivent ici sont habitués, pour la plupart, à jouer sur les unités spéciales et à être utilisés à outrance. Ce sont eux qui doivent s’adapter à un nouveau rôle. Pour un gardien, le job reste tout le temps le même : il faut arrêter les rondelles. »

Stoïque et conquérant

Primeau aborde la situation avec le même flegme dont il a fait sa marque de commerce depuis le début de sa jeune carrière. Sans se concerter, c’est ce qu’à peu près tout le monde dans son entourage relève pour le décrire.

« Tout ce qu’il fait, il le fait avec beaucoup de précision. Il est très bien préparé, fait remarquer Hastings. Sur la glace, il contrôle bien ses rebonds et assure une présence très calme pour nous devant le filet. Je pense que ça dépeint sur ses coéquipiers. »

Tyler Madden confirme. Le joueur de première année à Northeastern a compris dès ses premiers entraînements avec sa nouvelle équipe à quel genre de spécimen il avait affaire.

« Il est quelque chose devant le filet. Il est vraiment calme, je crois que c’est l’une de ses principales forces. Il ne fait jamais vraiment d’arrêt spectaculaire parce qu’il est toujours bien positionné. À Northeastern, quand il se fait mettre un but, ce qui arrive quand même assez rarement, il n’affiche jamais de réaction. Il se relève, oublie tout et retrouve immédiatement ses repères. Tout le reste de l’équipe se nourrit de sa confiance. »

Madden se souvient d’un match en début de saison, contre St. Cloud State. Les visiteurs, alors classés deuxièmes au pays, avait marqué sur l’un de leurs quatre tirs en première période et avait doublé leur avance en début de deuxième.

« Cayden est revenu au banc lors d’une pause et on pouvait sentir qu’il n’en accorderait pas un autre », raconte le jeune attaquant. Primeau a terminé le match avec 25 arrêts, dont 12 au dernier tiers, et Northeastern a célébré une victoire de 3-2.

Avec un taux d’efficacité de ,931 et une moyenne de buts alloués de 1,92, Primeau avait mis la barre très haute pour la suite de sa carrière universitaire l’année dernière. Ses statistiques actuelles sont un cheveu en dessous de ce standard, mais il a gagné 10 de ses 14 décisions et pour lui, c’est tout ce qui compte.

« C’est la seule statistique que je regarde », dit-il, calmement.