EDMONTON – L’annulation du Championnat mondial junior 2022 a eu l’effet d’une bombe dans le milieu sportif. La Fédération internationale de hockey sur glace a admis qu’elle ne pouvait pas vaincre le variant Omicron actuellement, mais elle conserve le désir de présenter le tournoi l’été prochain. 

La compétition entamée le 26 décembre a été stoppée lors de la ronde préliminaire puisque trois matchs avaient dû se conclure par un forfait en raison de cas positifs à la COVID-19. Chris Peters de Daily Faceoff a annoncé la nouvelle en début d'après-midi, mercredi, et Bob McKenzie l'a confirmé quelques instants plus tard.

Annulation CMJ : une annulation aux lourdes conséquences

« On voyait que ça ne s’améliorerait pas donc c’était impossible de continuer ce tournoi d’une manière équitable. Oui, les équipes étaient déçues, mais elles comprenaient car elles n’étaient pas satisfaites de ce qui se passait dans la compétition. Le tournoi n’allait nulle part », a avoué, candidement, le président de l’IIHF, Luc Tardif. 

Avec le niveau de contagion du variant Omicron, il semblait impossible d’empêcher d’autres forfaits. 

« On a vu rapidement que ce n’était pas possible avec le calendrier. Imaginez si un forfait était survenu dans les étapes importantes (comme un match de demi-finale). Ce n’était pas sérieux de continuer cette compétition. On préfère la stopper et la recommencer dans une meilleure situation », a admis Tardif alors que l’IIHF s’est fiée sur les recommandations de son comité médical. 

Il existe une autre raison pour laquelle les dirigeants ont préféré ne pas retarder leur décision douloureuse. 

« On arrivait à un point critique selon lequel un test positif aurait mené à garder des joueurs en isolement (en Alberta) alors que leur équipe serait repartie. On a été rapidement convaincus qu’on n’allait pas maîtriser la situation », a noté Tardif. 

Un tournoi en juin jumelé avec le U18 féminin ? 

La décision était tout de même très déchirante. On n’a qu’à penser à la scène de joueurs allemands qui ont versé des larmes en venant prendre une dernière photo sur la patinoire du Rogers Place. Ce sentiment a été vécu par toutes les équipes et particulièrement par les joueurs de 19 ans qui perdaient leur dernière chance de représenter leur pays. 

Cela dit, Tardif a répété plusieurs fois que son organisation allait tenter de remettre sur pied cette édition et les mêmes joueurs seraient admissibles. 

« On n’abandonne pas, on va travailler dès janvier pour étudier la faisabilité. C’est facile à dire, mais pas toujours facile à faire. On aura besoin d’un mois pour y réfléchir, mais j’espère vous revenir avec une belle surprise », a déclaré Tardif. 

« Pour notre Fédération, c’est la deuxième plus grosse compétition. La particularité, c’est qu’elle expose l’avenir du hockey international et c’est quelque chose d’extraordinaire pour les jeunes dans leur carrière. J’imagine la déception et on se doit de faire quelque chose. C'est une grande, grande déception car c’est quelque part le bijou de nos compétitions internationales. On va recommencer à travailler sur autre édition, ça permettrait de gommer un peu cette amertume et d’offrir à ces jeunes la compétition dont ils ont droit », a exposé Tardif.  

Ainsi, l’idée de présenter le CMJ, quelque part entre juin et août, pourrait donner l’occasion de reprendre la présentation de la compétition féminine U18 qui a été annulée de nouveau. 

« Ce fut vraiment dur pour l’IIHF et Hockey Canada, on se fait dire qu’on ne se soucie pas du hockey féminin. Ça ne veut pas dire qu’on ne veut pas trouver une façon de présenter ce tournoi, on travaille là-dessus. On va revenir avec une proposition et je veux être jugé à la fin de l’histoire. Laissez-moi le temps, on va trouver une façon, je l’espère », a-t-il demandé. 

Plusieurs critiques à l'endroit des organisateurs 

Depuis que la nouvelle a fait le tour du monde du hockey, de nombreuses critiques ont fusé à l’endroit de l’IIHF et Hockey Canada. La plus fréquente rappelle que le tournoi précédent avait pu être complété dans une bulle alors que l’édition actuelle a été organisée avec des environnements protégés qui sont moins restrictifs. 

« Selon notre expérience, c’était suffisant (quand les équipes sont arrivées le 15 décembre). Mais, rapidement, on a vu l’impact du variant et on a renforcé le protocole et on a procédé à près de 8000 tests. Si on regarde un peu partout, ce n’est pas la seule compétition qui est touchée par ce variant. On peut voir dans la LNH ou au soccer en Europe. Le variant nous devançait », a réagi Tardif. 

L’entraîneur de la Finlande, Antti Pennanen, a été l’un des plus virulents. 

« Je suis fâché parce que ce n’était pas un problème en raison de la COVID-19, mais plutôt parce que ce tournoi a été mal géré. Ça en dit beaucoup sur la situation de l’IIHF. »

« Je défends le comité organisateur car je sais comment c’est difficile d’organiser un tournoi dans de telles conditions. Surtout vers la fin du variant Delta qu’on a bien maîtrisé dans nos compétitions antérieures. Là, on s’est aperçus que c’est autre chose et ça nécessitait une adaptation. Il fallait plus revenir vers une bulle alors que ce n’était pas prévu. C’est une expérience de plus et, ceux qui sont confrontés à ce variant se posent des questions », a commenté Tardif. 

Le contexte était plus problématique à Red Deer où les équipes étaient installées dans un hôtel moins grand ce qui limitait les options pour protéger les joueurs. Certains athlètes ont croisé des gens qui étaient présents pour la réception d’un mariage. 

« Des anicroches sont arrivées à Red Deer, mais on a eu des tests positifs à Edmonton également malgré un environnement plus sécurisé. On va absorber cette expérience car rien n’est parfait et on va en tirer des conclusions. Mais il ne faut pas juger trop vite sur des malfaçons de l’organisation. Je mets au défi (les gens d’en faire autant), on a vu les dégâts sur la LNH. On a fait comme on a pu », a-t-il ajouté. 

« Ce n’était pas le même environnement que l’an dernier, mais on est contents de l’environnement protégé qui a été offert aux joueurs », a soutenu Dean McIntosh de Hockey Canada par rapport aux problèmes survenus à Red Deer. 

Un immense impact financier pour les organisations 

Inévitablement, l’IIHF et Hockey Canada subissent des contrecoups financiers importants. Les deux organisations ont soutenu que c’était la sécurité des joueurs qui importait. 

« Il y a des annulations depuis deux ans, on commence à s’y habituer, mais on ne pourra pas toujours faire ça. Par contre, comme n’importe quel citoyen, on doit composer avec la situation. On va survivre, mais il ne faudrait pas devoir prendre ce type de décision chaque année », a conclu Tardif.