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RÉSULTATS

Jan Mysak et la surprise tchèque : « Il a été comme leur père »

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EDMONTON – Jan Mysak se considère lui-même comme un leader plutôt discret, le cas classique du joueur qui tente d'attirer ses compagnons dans ses traces davantage par ses gestes que par ses paroles. Mais le capitaine tchèque avoue qu'il en met un peu plus qu'il en a l'habitude depuis le début du Mondial junior.

Une aura particulière semble entourer l'espoir du Tricolore à Edmonton. Une confiance tranquille se dégage de ses déplacements dans les coulisses du Rogers Place. Son entraîneur l'encense chaque fois qu'une occasion se présente. Ses jeunes coéquipiers gravitent autour de lui.

« Il est le meilleur leader avec qui j'ai joué, identifie sans hésiter le défenseur David Spacek. Dans le vestiaire, il est le gars que tout le monde veut suivre. »

Au banc des joueurs, dans les instants qui ont suivi la défaite des Tchèques contre la Lettonie en ronde préliminaire, la tête de Mysak est longtemps restée enfouie entre ses cuisses avant qu'il ne se résolve à sortir affronter l'opprobre. Il était embarrassé, humilié. Très vite, il a su qu'il prendrait les moyens pour ne plus que ça se reproduise.

« Ce n'est pas agréable quand tu perds contre la Lettonie, a-t-il évoqué mercredi après une épatante victoire qui éliminait les puissants Américains et envoyait son équipe en demi-finale. On a entendu les mauvais commentaires. Les gens dans notre pays étaient en colère. Et je les comprends, on a perdu contre la Lettonie! Aujourd'hui, on voulait reconquérir nos partisans. On voulait leur montrer qu'on est une bonne équipe. »

Mysak réprime un éclat de rire quand on lui demande ce qu'il a dit à ses coéquipiers pour les requinquer et leur faire croire à la vulnérabilité des Américains. « Je crois que j'en ai dit beaucoup. J'ai dit beaucoup de choses. » Celles-ci resteront secrètes, mais on sait maintenant que les mots qu'il a choisis ont touché une corde sensible.

En première période, Mysak a fait dévier une rondelle qu'il avait lui-même travaillé pour garder en zone adverse et a créé l'égalité 1-1 avec son quatrième but du tournoi. En deuxième, les Tchèques ont marqué deux fois en l'espace de trois minutes tout en limitant les États-Unis à seulement quatre tirs cadrés.

Mais la meilleure illustration de l'ampleur de l'effort tchèque peut être tirée des onze dernières minutes de la troisième période, à partir du moment précis où Stanislav Svozil a écopé d'une pénalité majeure pour avoir sorti le genou sur Logan Cooley. Les Tchèques ont concédé un but durant sa sentence, mais ils ont aussi bloqué plus de tirs que le receveur de Rick Ankiel au début des années 2000.

« On s'est tous réunis derrière la cause et on a appliqué notre stratégie, a dit Spacek, son uniforme taché de sang, qui a sauvé son équipe en empêchant de justesse Matt Coronato de lancer dans un filet désert dans les derniers instants du match. On s'est jeté devant tous les lancers qu'on pouvait bloquer. Peut-être qu'on était un peu stressés, mais on n'a jamais paniqué. »

« Je crois qu'on a appris une leçon contre la Lettonie, a ajouté Mysak. On a compris qu'ils avaient simplement eu plus de volonté que nous et que c'est pour ça qu'on a perdu. Aujourd'hui, on a essayé de faire la même chose qu'eux. On voulait plus et c'est pour ça qu'on a gagné. »

Radim Rulik, l'entraîneur tchèque, a été fort élogieux quand on l'a questionné sur le rôle qu'avait joué son capitaine dans la rédemption de son équipe.

« Je ne suis pas toujours dans le vestiaire, mais Jan est l'un de nos rares vétérans nés en 2002 [NDLR : seulement quatre ont joué contre les États-Unis, qui en avaient 16]. Il est assurément un de nos leaders. Il a réparé les pots cassés, il a aidé les entraîneurs à appuyer sur les bons boutons. Il a été comme leur père. Il a aidé les plus jeunes à atteindre une certaine maturité et à faire ce qui doit être fait pour toucher au succès. »   

Comme récompense, les Tchèques auront maintenant l'occasion de tenter une revanche contre l'équipe qu'ils considèrent en chœur comme étant la meilleure du tournoi. Ça ne s'est pas très bien passé la dernière fois qu'un match contre le Canada était à leur horaire. Ils avaient accordé 57 lancers et s'étaient inclinés par un score (5-1) qui ne reflétait pas la médiocrité de leur effort.

Portés par l'euphorie de leur plus récent accomplissement, ils croient que l'histoire pourrait être différente cette fois.

« J'imagine qu'on vient de prouver qu'on peut jouer contre n'importe qui, prétend Spacek. Si on peut jouer comme on l'a fait aujourd'hui, ça sera un bon duel. »

« Le message est simple : si on croit en quelque chose et qu'on agit en conséquence, on peut gagner », professe Mysak.