Avec son impressionnant total de 20 joueurs repêchés en première ronde (et un 21e en Alexis Lafrenière, qui sera un haut choix en 2020), Équipe Canada junior avait les munitions pour veiller tard au Mondial junior. Cette statistique ne fait pas foi de tout, mais ça nous démontre que le talent y était. C’est indéniable...

À titre comparatif, les Finlandais comptaient 11 choix de premier tour dans leur effectif cette année.

Mais il y a eu un moment d’égarement pour l’équipe de Tim Hunter, et le temps de le dire, la consternation s’était installée au Rogers Arena de Vancouver, alors que la Finlande marquait le but décisif à quatre contre quatre, un peu plus de cinq minutes après le début de la prolongation.

Bâton et rêves brisés pour le Canada

Ce ne sont pas les chances d’en finir qui ont manqué pour le Canada. Entre le moment où Ian Mitchell a donné les devants à son pays et le but égalisateur marqué sur une déviation du patin d’Aleksi Hepponiemi, l’Unifolié aurait pu se donner deux filets d’avance à plusieurs reprises. Je pense notamment à cette échappée ratée de Brett Leason au troisième vingt, qui aurait pu permettre à ses coéquipiers de souffler quelque peu.

Mais il faut rendre le mérite là où il revient : autant Michael DiPietro a été intraitable devant le filet canadien, son vis-à-vis Ukko-Pekka Luukkonen a aussi été très solide après avoir accordé le premier but de ce quart de finale. Il a fait preuve de beaucoup de calme en stoppant la tentative du capitaine Maxime Comtois sur le fameux tir de pénalité décerné en prolongation.

Un sujet délicat, mais qui doit être abordé

Et puisqu’on aborde le sujet, je n’ai d’autre choix que de vous avouer que j’étais un peu étonné de voir qu’on déléguait Comtois pour mettre fin aux hostilités.

Loin de moi l’idée de minimiser l’importance que le no 14 avait pour ÉCJ à titre de leader – il a été une bougie d’allumage tout au long du tournoi en créant des choses offensivement et en appliquant les mises en échec une après l’autre – mais je me questionne à savoir si Hunter et ses adjoints n’auraient pas été mieux servis par un joueur reconnu pour ses feintes. Un spécialiste des fusillades, quoi.

Le débat avait surgi il n’y a pas si longtemps, lorsque le Canada avait laissé filer l’or en tirs de barrage face aux États-Unis, il y a deux ans.

En ayant régulièrement au sein de l’équipe des joueurs d’avant qui ne passent que quelques présences sur la patinoire, ne devrait-on s’assurer que ceux-ci sont reconnus pour avoir le compas dans l’œil lorsqu’ils s’amènent seuls devant les gardiens adverses? On me répondra que parmi l’élite, tous les attaquants ont le répertoire de feintes et de tirs requis pour avoir du succès en tirs de barrage, mais il n’en demeure pas moins que ce n’est pas la principale force de Comtois.

Lorsqu’on repensera à cette édition 2019 de la formation canadienne, on se rappellera qu’elle avait commencé le tournoi en lion en infligeant une correction de 14 à 0 au Danemark. Mais depuis, la production offensive a été franchement décevante, à commencer par les deux petits buts marqués en plus de 120 minutes de jeu entre les matchs face à la Russie et à la Finlande. Ç’a été la sécheresse après la victoire face à la République tchèque, et encore là, j’avais trouvé que le Canada avait bousillé plusieurs occasions de marquer dans ce match.

Encore les Finlandais...

C’est donc une fin amère pour une nation qui année après année est outillée pour aspirer à la plus haute marche du podium. Certains diront que ce ne fut pas le résultat le plus improbable de la journée après l’élimination surprise de la Suède, battue 2-0 par la Suisse plus tôt en quarts de finale. Je répondrai que les Suédois, malgré les excellents groupes qu’ils forment, ont cette vilaine manie qui ne semble pas vouloir s’estomper d’offrir leur pire hockey lorsque la ronde des médailles s’amorce. Pour eux, c’en est presque devenu une habitude.

Quand une équipe est ainsi condamnée à l’excellence, c’est évident qu’on cherchera à comprendre les raisons de cette élimination hâtive. Certains pointeront vers l’indisponibilité de quelques joueurs qui auraient pu faire la différence. Pensons à Alex Formenton, un vétéran de l’édition 2018, ou à Gabriel Vilardi, un joueur très dynamique en zone ennemie. La vérité demeure qu’en dépit de ces absences, le groupe mis en place par Équipe Canada était très compétitif.

Une chose que je reprocherai au groupe d’entraîneur est l’utilisation un peu étrange de leurs attaquants « d’extra ». Quand Shane Bowers ou Jaret Anderson-Dolan connaissait une mauvaise période ou alignait quelques présences difficiles, ils bénéficiaient de la clémence des instructeurs. On les renvoyait dans la mêlée. D’autres patineurs comme Alexis Lafrenière et Joe Veleno n’ont pas eu la même opportunité de se faire valoir de la part de Hunter.

L’apport offensif des défenseurs a aussi été défaillant. Personne n’a nécessairement connu un mauvais tournoi, mais lorsqu’on regarde les éditions championnes d’ÉCJ, on pouvait toujours compter sur un ou deux arrières qui contribuaient de manière significative à la feuille de pointage. Cette année, la brigade défensive n’aura finalement contribué que deux buts en cinq matchs. C’est nettement insuffisant.

* propos recueillis par le RDS.ca

Canada 1 - Finlande 2 (Prol.)
Lukkonen vole un but à Glass
Mitchell marque son 1er du tournoi
La Finlande joue de chance et crée l'égalité
Capitaine Comtois arrêté en tir de pénalité