LAVAL – Vous ne trouverez nulle part le nom de Gabriel Bourque sur le résumé statistique de la plus récente victoire du Rocket sur les Thunderbirds de Springfield. En fait, son nom y est, mais rien ne lui étant associé ne permet de croire que le vétéran a eu un quelconque effet sur le match.

Si la Ligue américaine compilait les mises en échec, là l’histoire serait toute autre. Dans ce cas, Bourque aurait à lui seul donné des ampoules à l’officiel mineur chargé de les comptabiliser.

De toute façon, au diable les chiffres! Quiconque a observé attentivement le déroulement des deux derniers matchs joués à la Place Bell a pu saisir l’influence que le vieux routier de 31 ans peut encore avoir sur le cours d’une partie.

Blessé à la tête dans le deuxième match de la série contre les Thunderbirds, Bourque a été forcé de faire l’impasse sur le suivant, mercredi dernier. De cette rencontre, on a retenu que le Rocket a été brassé, intimidé, déstabilisé. À chaud, l’entraîneur Jean-François Houle avait soulevé, avec tout le tact que son poste requiert, que ses hommes avaient perdu trop de batailles et que ses plus petits joueurs avaient manqué de combativité.

Pour le match suivant, Houle a réagi en insérant le costaud Devante Smith-Pelly dans son effectif. La décision a été payante. Sans tout casser, l’ancien du Canadien a bien rempli sa mission à son premier match en près d’un mois.

Harvey-Pinard n'a officiellement plus de « singe » sur son dos

Mais la vraie différence a été le retour au jeu de Bourque, qui a été de tous les combats dans ce duel que son équipe ne pouvait vraiment pas se permettre de perdre. Dans la deuxième portion de la première période, c’est lui qui a été au cœur du réveil des Lavallois, qui étaient englués dans une torpeur sans nom et figés devant un déficit de 0-2 au pointage.  

Peu à peu, le Rocket a retrouvé ses couleurs. Non seulement il est parvenu à créer l’égalité, mais il a recommencé à s’approprier son territoire, qu’il donnait l’impression d’avoir concédé depuis le début du match numéro 3. Une équipe qui avait l’air soumise depuis son retour à domicile a soudainement recommencé à bomber le torse.

« Indirectement, je pense que l’ajout de Gabriel Bourque... », a commencé par dire Alex Belzile lorsqu’on lui a demandé s’il avait l’impression que le Rocket avait rétabli l’état des forces et démontré qu’il ne se laisserait pas manger la laine sur le dos avec sa victoire en prolongation.

« C’est un pilier dans notre équipe, c’est tellement une grosse pièce aux yeux de plusieurs. Peut-être qu’il passe un peu sous le radar, mais c’est notre cœur, c’est notre âme. Il a de l’expérience dans la Ligue nationale et il joue tellement de la bonne façon. C’est un guerrier. Je n’ai que du positif à dire sur ce gars-là. Il revient dans notre lineup, ça nous donne de l’énergie, ça nous donne de la hargne. »

S’il faut en croire Belzile, Bourque, qui porte un « A » sur son uniforme, n’a rien trouvé de particulier à dire à ses coéquipiers entre la défaite de mercredi et le moment où il a mordu dans son protecteur buccal pour retrouver la patinoire deux jours plus tard.

Thunderbirds 2 - Rocket 3 (Prolongation)

« Il n’a pas besoin de parler beaucoup, Gabriel. C’est un gars qui vient de la vieille école. Il met son chapeau et il s’en va à la guerre à tous les soirs. »

« Je pense qu’il avait hâte de revenir au jeu!, s’est exclamé Rafaël Harvey-Pinard. C’est un vétéran qui est tellement important pour nous autres. C’est un gars de séries. Il arrive, il est tellement intense, il frappe tout ce qui bouge. C’est l’intensité dont tu as besoin en séries et c’est vraiment une bougie d’allumage pour nous autres. Il peut nous réveiller juste avec une mise en échec. »

« C’est sûr que Bourky, il amène un élément assez définitif à l’équipe. C’est un gars qui est impossible à remplacer, estime Jean-Sébastien Dea. Il bloque des gros tirs et même s’il n’est pas à 100%, il amène une énergie. Son attitude, son éthique de travail, tout le monde peut s’en inspirer. Tout le mérite lui revient d’être revenu au jeu et d’avoir joué un aussi gros rôle. »

Dea « répond à l’appel »

Dea aussi a eu un gros mot à dire dans la victoire du Rocket. Il a marqué le premier but de l’équipe alors qu’il ne restait que quelques dixièmes de secondes au cadran en première période, un événement que tous ses coéquipiers ont identifié comme le moment charnière de la rencontre. Offensivement, il a été une menace tout au long de la rencontre qu’il a terminée avec 11 tirs cadrés.

Le but était le premier point de Dea depuis le début de la finale de l’Est. En matinée, Houle l’avait publiquement critiqué en affirmant que Joshua Roy, une recrue d’âge junior, avait généré plus d’offensive que lui lors de son premier match chez les professionnels mercredi. Dea avait terminé cette rencontre avec un bilan défensif de moins-4.

Dea a affirmé qu’il gardait ses distances des réseaux sociaux et qu’il n’avait conséquemment pas entendu les plaintes de son entraîneur.

« Mais tant mieux s’il m’a challengé, a-t-il ajouté. On s’est parlé aussi un à un et je pense que c’est important d’être capable de se challenger comme ça. S’il y a quelque chose en tant que joueur qui ne fait pas ton affaire, je pense que tu as le droit d’aller le voir. L’inverse est aussi vrai et il faut que tu sois prêt à recevoir la critique. J’aime ça répondre comme je l’ai fait. »

« J’ai beaucoup aimé son match ce soir, il était beaucoup plus physique, a apprécié Houle. Il a compté un but et il a bien joué. Il était sur la rondelle. Il a répondu à l’appel. »