LAVAL – Le dernier match avait été pénible et après une amorce catastrophique vendredi, on se disait que ça avait été bien divertissant pendant les quelques semaines que ça avait duré, mais que le Rocket de Laval avait probablement fini par trouver chaussure à son pied.

Un spectaculaire revirement de situation s’est ensuite opéré et au terme d’un match complètement fou au cours duquel 95 tirs cadrés ont été dénombrés, le club-école du Canadien avait créé l’égalité dans la finale de l’Est dans la Ligue américaine.

Un but de Rafaël Harvey-Pinard, sur le 51e tir de son équipe après 4:06 de temps supplémentaire, a donné au Rocket une victoire de 3-2 sur les Thunderbirds de Springfield.

Blanchi pendant les neuf premiers matchs des présentes séries, le meilleur marqueur du Rocket en saison régulière a maintenant touché la cible dans trois rendez-vous consécutifs.

« Beaucoup d’émotions, des frissons, a dit l’auteur du but décisif. Je l’ai juste vu rentrer et on dirait que tu oublies ce qui se passe tellement tout se passe vite après. Mais c’est probablement le but le plus important de ma carrière. C’est vraiment un beau moment pour moi. »

Pendant les célébrations du but vainqueur, une mêlée impliquant tous les joueurs des deux équipes a éclaté près du tunnel menant au vestiaire des visiteurs. Un total de 99 minutes de pénalité a été décerné au terme de l’échauffourée, qui a été initiée par le gardien perdant Joel Hofer alors qu’il s’apprêtait à sortir de la patinoire.

Hofer a écopé d’une pénalité majeure pour avoir dardé en plus d’une inconduite de partie. Il pourrait être frappé d’une suspension pour le match numéro 5, qui aura lieu samedi à Laval. Dans cette éventualité, Charlie Lindgren obtiendrait son deuxième départ de la série.

« On joue au hockey, on est en séries, il n’y a pas d’amis. On s’en va à la guerre à tous les soirs. Ce sont des choses qui arrivent dans le monde du hockey. Si je l’ai dérangé, j’ai fait mon travail », a commenté Alex Belzile, qui semble avoir été la cible des foudres du cerbère.

« C’est une série émotive et je ne crois pas qu’ils s’attendaient à ce qu’on tienne notre bout de cette façon, a suggéré le gardien Cayden Primeau. Ils ont été sur notre dos depuis le début de la série et il fallait qu’on soit prêts à leur faire subir la même chose. »

Il aurait pourtant été difficile d’imaginer un début de match plus désastreux pour le Rocket. Avant même que les entraîneurs aient eu le temps d’envoyer leurs quatre trios sur la glace, il était clair que les Thunderbirds ne se laisseraient pas intimider par la formation plus costaude échafaudée par Jean-François Houle.

 

Aucune surprise, donc, quand les visiteurs ont fait briller le globe rouge derrière Cayden Primeau dès la quatrième minute. Rien d’étonnant non plus dans l’identité des coupables : Mackenzie MacEachern, sur des aides de Will Bitten et Dakota Joshua, les mêmes gaillards qui avaient produit neuf points à eux trois dans la leçon de hockey servie deux jours plus tôt.

 

Ce terrorisant trio en a remis moins de quatre minutes plus tard, confirmant la domination totale des T-Birds. Chaos autour de Primeau après une mise en jeu gagnée en zone offensive. Un arrêt, deux arrêts et puis boum. Joshua, immuable dans l’enclave, s’est une fois de plus inscrit en bourreau d’une défense complètement dépassée.

 

Harvey-Pinard couronne la belle remontée du Rocket

À mi-chemin dans la période, les visiteurs avaient déjà 16 tirs au compteur. On se dirigeait indubitablement vers un massacre.

« On était comme déboussolés, s’expliquait mal l’entraîneur Jean-François Houle. Il y a plusieurs choses qui se sont passées dans les dix premières minutes... C’était inquiétant un peu, mais tout au long de l’année, on a trouvé un moyen de se ressaisir. »

Puis le vent, tranquillement, a tourné. Ça a commencé par une petite brise, mais c’est vite devenu le genre de bourrasque qui vire les parapluies à l’envers. Quand le Rocket a obtenu un avantage numérique de deux hommes avec 1:27 à faire à la période, une occasion inespérée de rétrécir concrètement l’écart se profilait.

 

On s’apprêtait à l’archiver dans le dossier « échecs » quand, avec 2,7 secondes à faire avant la sirène, Cédric Paquette a remporté une mise en jeu à la droite de Hofer. Au cadran, il restait moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer son nom de famille quand Jean-Sébastien Dea a fait dévier le tir de Xavier Ouellet derrière la ligne rouge. Il s’agissait du premier but en avantage numérique pour les deux équipes depuis le début de la série.

Au moment d’entrer au vestiaire, le Rocket avait décoché 17 des 20 derniers tirs enregistrés au tableau indicateur. Cette domination s’est poursuivie au retour de l’entracte. À 2:37, Paquette descendait sur l’aile gauche quand son tir pourtant peu véloce s’est faufilé sous le gant de Hofer. Parce que c’est ça, les séries, le Gaspésien s’est même permis d’aller glisser quelques mots doux aux oreilles du gardien avant d’aller présenter son gant à ses coéquipiers au banc.

 

L’atteinte de la parité a redonné au match un semblant de normalité : des mises en échec distribuées à la tonne, des échanges de bons vœux après chaque coup de sifflet et des gardiens étincelants face à une marge d’erreur inexistante.

 

En début de troisième période, Hofer a dû faire preuve de vigilance pour stopper tour à tour Belzile et Harvey-Pinard, sortis des blocs comme des fauves. Vers la fin de l’engagement, Primeau a été sauvé deux fois par ses poteaux et s’est dressé devant Bitten sur une échappée.

 

Primeau a finalement terminé sa soirée avec 42 arrêts.

 

« Cayden trouve tout le temps une manière de nous garder dans le match, louangeait Harvey-Pinard. Si ce n’est pas de lui en première période, probablement que le match est hors de portée. Il est tellement important pour nous. Il fait les gros arrêts et c’est ça qui nous permet d’aller chercher des victoires. »

 

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