Cayden Primeau, trop fort pour la ligue?

Le match entre le Rocket et les Senators de Belleville sera présenté dès 19 h ce soir en webdiffusion sur le RDS.ca.

LAVAL – Existe-t-il un gardien plus dominant que Cayden Primeau dans la Ligue américaine de hockey en ce moment?

Au moment d'écrire ces lignes, il est loin d'être gênant de répondre par la négative à cette question. Avec une chiche moyenne de 2,00, le portier du Rocket de Laval domine actuellement tous ses confrères masqués. Son taux d'efficacité de ,926 le positionne quant à lui au troisième rang du circuit.

Et, avant toute chose, son équipe gagne. Presque chaque fois qu'il prend place entre les deux poteaux du filet lavallois.

Depuis son retour dans la LAH au début janvier, l'Américain de 25 ans affiche un brillant dossier de 20-2-2. Sa dernière défaite en temps réglementaire remonte au 17 février dernier. Depuis ce revers encaissé à Toronto, Primeau a obtenu 12 départs, ne s'inclinant qu'une fois en prolongation et une autre en tirs de barrage.

Alors, Cayden, juges-tu jouer ton meilleur hockey depuis tes débuts chez les professionnels?

« Oui et non... », a gentiment répondu l'humble gardien à cette question du confrère de BPM Sports Vincent Demuy, mardi.

« Techniquement, j'aime vraiment comment je joue. Mais non, mon meilleur hockey, je pense que je l'ai joué en séries il y a quelques années à Laval. »

C'était au printemps 2022. Le choix de 7e ronde du Canadien en 2017 (199e) complétait alors sa troisième saison chez les pros. Après avoir vu le vétéran Kevin Poulin obtenir le premier départ des séries et s'incliner, Primeau s'est vu offrir la chance de prouver qu'il était l'homme de la situation dès le match suivant.

C'est ce qu'il a été. En 14 départs, Primeau a montré une fiche de 9-5, une moyenne de 2,17 et un taux d'efficacité de ,936, aidant le Rocket à s'approcher à une seule victoire d'une participation à la finale de la LAH.

 « Je voyais la rondelle aussi grosse que des ballons de plage, se souvient-il. C'est cliché, je sais, mais ce n'est pas moins vrai. Présentement, j'aime vraiment mon jeu sur le plan technique, mais je peux jouer encore mieux, c'est certain. »

De quoi inspirer confiance à son entraîneur-chef Pascal Vincent, quoique celui-ci n'en a nullement besoin.

Car le gardien qui s'est pointé en Laval au milieu de l'hiver, ce n'est pas celui qui affichait un piètre taux d'efficacité de ,836 au moment d'être soumis au ballottage puis rétrogradé par le Canadien.

Rien à voir non plus avec le gardien qui, compte tenu de ses insuccès, venait de voir Martin St-Louis lui préférer Samuel Montembeault comme partant dans 10 matchs de suite.

« Il a un talent évident », s'émerveillait Vincent, mardi, après la séance d'entraînement des siens. « Ce gars-là, il va avoir du succès et je pense qu'il va retourner à moment donné dans la Ligue nationale. Ça ne peut pas faire autrement. C'est impossible. »

D'ici à ce que cette prophétie se concrétise, Primeau est tout sauf au-dessus de ses affaires, souligne le pilote du Rocket, encore plus impressionné par le dévouement de son gardien no 1 qui a joué 55 matchs dans la LNH.

« Quand on est arrivé de notre voyage [à Syracuse dimanche], il était 3 heures du matin. Ç'a été l'un des premiers à venir aider les préposés à l'équipement à sortir les coffres du bus, à transporter les sacs, les bâtons », a souligné Vincent.

« Quand on a des présences dans les hôpitaux pour aller voir les enfants [malades], c'est le premier avec [Lucas] Condotta à donner son nom. Quand on a gagné le match [à Syracuse], il s'est assuré d'être le premier à aller chercher la rondelle pour la donner à [Jacob] Fowler. »

« Il a eu un gros mot à dire dans cette victoire, alors je voulais juste m'assurer qu'il ait en sa possession le précieux souvenir de cette soirée », a commenté Primeau au sujet de ce geste posé alors qu'il était l'auxiliaire de Fowler à ses débuts professionnels, samedi dernier.

« Tout ce dont je me rappelle, c'est de lui avoir dit que ce n'était que la première victoire d'une longue série chez les professionnels. »

Bon gardien et bon coéquipier, visiblement, et ce même si Fowler est déjà perçu comme le futur de l'organisation devant le filet, voire même supérieur à Primeau dans l'esprit de bon nombre de partisans du CH.

« On se souhaite du succès à tous les deux, c'est évident, mais à la fin de la journée, on veut le filet. Mais c'est bien d'avoir cette compétition pour se pousser l'un l'autre », a relativisé Primeau au sujet du nouveau contexte dans lequel il se voit maintenant plongé à l'aube des séries éliminatoires.

En plein le genre de défi pour lequel il pourrait être hasardeux de le compter immédiatement pour battu.

« Ce qui est important selon moi dans la vie, ce n'est pas ce qui t'arrive, mais c'est ce que tu fais avec ce qui t'arrive, raisonne Vincent. Ça donne une bonne définition d'un individu et de son caractère en général. Ce que [Cayden] a fait avec ce qui lui est arrivé et comment il a réagi, j'ai rarement vu ça. »