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RÉSULTATS

Une attitude exemplaire et des signes de progrès pour Jakub Dobeš

Jakub Dobes Jakub Dobes - Vincent Ethier
Publié
Mise à jour

LAVAL – Jakub Dobeš est un jeune homme préoccupé depuis le début de saison du Rocket. Mais probablement pas pour les raisons que vous soupçonnez.

La recrue aux jambières rouges connaît une progression houleuse depuis son passage chez les professionnels. Mais s'il faut en croire le grand gardien tchèque, ses soucis les plus pressants sont ailleurs que sur la patinoire.

Le chat finit par sortir du sac à la fin d'une longue conversation dans le vestiaire du Rocket lundi matin. Les questions portant sur le hockey étant écoulées, on prend des nouvelles de la famille, on s'informe sur d'anciens coéquipiers, on s'enquiert des aléas de sa nouvelle vie lavalloise. C'est au milieu de ce sympathique va-et-vient qu'on sentira pour la première fois ce qui ressemble à de l'exaspération dans les réponses du sympathique gaillard de 6 pieds 5 pouces.

« Je décore mon appartement, lâche Dobeš avec un roulement des yeux qui trahit son absence d'intérêt pour la chose. Ça a pas mal été ça mon passe-temps dans le dernier mois et demi! »

On comprend que le jeune homme de 22 ans a emménagé dans un logement qui n'incluait pas grand-chose d'autre que des murs blancs et qu'y ajouter un peu de couleur lui a demandé beaucoup d'effort. Maintenant que c'est fait, il lui reste à s'habituer à une autre réalité qui perdure entre ces murs : la solitude.

Pendant ses deux années à l'Université Ohio State, Dobeš a partagé une maison avec quatre colocataires et une autre avec huit colocataires. À Laval, il habite seul avec ses nouvelles plantes vertes. Ça peut aussi être ça, apprendre à devenir un athlète à temps plein.

« C'est bizarre parce que quand tu laisses ta vaisselle sale dans l'évier, tu sais que personne ne va s'en occuper à ta place, tu comprends? C'est correct, mais c'est différent. C'est étrange de ne pas être autant entouré qu'avant, de passer plus de temps seul. C'est une leçon de vie, mais je m'ajuste tranquillement. »

Des ajustements. Si on a fait tout ce détour, c'est pour dire que c'est le mot que Dobeš préférerait qu'on utilise lorsqu'il est question de son introduction au hockey professionnel. Celle-ci n'a pas été simple, il le reconnaît. Ses statistiques contrediraient de toute façon toute version contraire.

À son premier départ dans la Ligue américaine, il a été retiré du match avant la fin de la deuxième période. Il n'a pas affiché un taux d'efficacité supérieur à ,900 avant sa cinquième titularisation. Il a été envoyé aux douches dans un autre match, à la mi-novembre, après avoir concédé quatre buts en première période.

Ça n'était pas toujours aussi laid et quand ça l'était, ça n'était évidemment pas uniquement sa faute. Mais les chiffres agissaient comme un miroir que le gardien n'a pas eu le choix de retourner contre lui pour observer ses imperfections.

Le même reflet le montre dernièrement sous un bien meilleur jour. À ses trois derniers départs, Dobeš a bloqué 92 des 101 tirs qu'il a reçus pour une moyenne de buts alloués de 2,95 et un pourcentage d'arrêts de ,910. Il lui faudra encore plusieurs performances du genre pour ramener à un niveau respectable ses statistiques globales (MBA de 4,23, taux d'efficacité de ,871), mais les signes de progrès sont certainement les bienvenus.  

« Je ne sais pas si je pourrai un jour dire que je suis satisfait, philosophait le choix de cinquième tour du Canadien en 2020. Se considérer satisfait dans cette business, c'est s'exposer à une méchante débarque. »

« Mais tout semble plus simple présentement, convient-il. Je sens que les choses ralentissent autour de moi. Je sens que je comprends mieux comment l'équipe joue devant moi, je comprends mieux les joueurs que j'affronte. Je ne dis pas que c'est facile, mais je sens que ça l'est de plus en plus à chaque match. Je sens que j'avance dans la bonne direction et c'est le plus important présentement. Je sens que je m'améliore et je crois que tout le monde peut le voir. Je suis sur une pente montante plutôt que dans une montagne russe. Mes performances sont passées de "pas très bonnes" à "meilleures", alors c'est bon! »

Malgré ses déboires, Dobeš a continué de partager le filet avec le vétéran Strauss Mann, dont les statistiques ne sont pas beaucoup plus reluisantes. Là aussi, il y a eu matière à ajustement. À Ohio State, il était le titulaire incontesté. Les matchs regardés du bout du banc sont une nouveauté pour lui.

Mais le partage des tâches, comme tous les autres petits détails qui font partie de sa nouvelle réalité, ne le dérangent pas. Si une bonne attitude suffisait pour colmater l'ouverture entre les jambières, on ne pourrait tenter d'y battre Dobeš qu'en vain.

« Je ne sens pas qu'il y a beaucoup de pression sur moi – j'ai beaucoup de plaisir, honnêtement. Chaque journée me confronte à mes lacunes et me force à me dépasser, mais l'environnement de travail est tellement stimulant que je ne perçois pas vraiment de négativité autour de moi. Je suis juste content d'avoir un défi comme celui-là dans ma vie. »

Et un appartement décemment décoré par-dessus le marché.