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RÉSULTATS

Kasimir Kaskisuo, le gardien YouTubeur

Kasimir Kaskisuo Kasimir Kaskisuo - RDS, Kasimir Kaskisuo, Rocket de Laval
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LAVAL – « On s'est trouvé une équipe! Je vais aller jouer au hockey! Je vais aller jouer au hockey! »

Fox attendait ce moment depuis longtemps. Le jour où son père Kasimir Kaskisuo, un gardien professionnel finlandais de 30 ans, lui apprendrait enfin l'identité de sa nouvelle équipe préférée.

« Peux-tu dire : Go Rocket? »

Dans les bras de son joueur favori, l'attachante blondinette qui fête le jour même son cinquième anniversaire s'exécute sans se faire prier. Elle a l'habitude d'être dans l'objectif d'un iPhone.

« Go Rocket! »

Cette attendrissante scène, vous la retrouverez dans les deux plus récentes vidéos publiées par Kaskisuo sur sa chaîne YouTube. À ses quelque 55 000 abonnés et aux autres curieux que l'algorithme fait atterrir sur ses productions, le nouveau gardien réserviste du Rocket y raconte comment il a abouti à Laval puis vécu son premier match en neuf mois.

En fouillant un peu sur sa page, vous tomberez sur d'autres perles comme celles-ci :

 

Et, il y a sa vidéo la plus populaire de toutes. Celle avec laquelle tout a commencé. Une incursion dans la bulle de la LNH à Toronto pendant la pandémie à l'été 2020, alors qu'il évoluait dans l'organisation des Maple Leafs.

« J'étais le gardien no 3 des Leafs. J'ai vu que plusieurs gars de la NBA le faisaient de leur bulle, alors je me suis mis à filmer ce qui se passait dans les coulisses. C'était le genre d'expérience qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Les joueurs et les fans avaient enfin du hockey après une longue pause », racontait-il mardi au RDS.ca

Du sac de vêtements offerts par les Leafs, aux installations de l'équipe, en passant par les tests de dépistage de la COVID-19 auxquels il s'est soumis, le portier a offert aux amateurs de hockey une rare vue de l'intérieur d'un environnement surprotégé.

« J'ai filmé, monté tout ça, et publié la vidéo. La LNH et les Maple Leafs l'ont partagé sur Twitter et ça a explosé. »

À ce jour, ce vlogue a été visionné plus de 163 000 fois. Les autres sur le même sujet qui ont suivi figurent aussi parmi les publications les plus regardées sur sa chaîne. Chez les Predators de Nashville ensuite, puis à Leksands en Suède, ses abonnés ont pu continuer à l'accompagner dans son quotidien de hockeyeur professionnel.

« En grandissant, c'est le genre de contenu que j'aurais adoré trouver sur YouTube. Même aujourd'hui, je regarderais ce que les autres joueurs dans la ligue font. Je pense que je suis en mesure d'offrir ça aux fans et même d'apprendre des choses aux jeunes athlètes aussi. »

Kaskisuo comble en effet un besoin dans le monde réservé qu'est celui du hockey, où il est l'un des rares, sinon le seul, à se risquer à offrir ce type de contenu prisé.

« Les gars ont peut-être peur de le faire et de se mettre dans le trouble, suppose-t-il. Je suis un peu comme ça parfois. J'ai publié [lundi] ma première vraie vidéo [depuis que je suis arrivé à Laval] et en arrivant à l'aréna ce matin je me demandais si quelqu'un allait me dire quelque chose. »

Au moment de se confier au RDS.ca, le sympathique scandinave n'avait reçu aucune tape sur les doigts de la part de la direction du Rocket. À l'époque où il documentait ses séjours dans les organisations des Maple Leafs et des Predators, il devait toutefois soumettre ses images à l'approbation de ceux-ci, histoire de s'assurer qu'il ne brisait aucune règle en cette période pandémique.

« Le hockey est encore conservateur et traditionnel. Les grandes personnalités flamboyantes sont moins visibles que dans d'autres sports. Mais lentement, les gars commencent à le faire un peu plus. »

La demande, en tout cas, risque d'être au rendez-vous. Régulièrement, Kaskisuo est reconnu en  public par les habitués de sa chaîne. À son retour au Minnesota pour le récent congé des fêtes, le portier a été louangé par l'un de ceux-ci à sa sortie de l'avion. Puis, au cours du plus récent voyage du Rocket à Utica, des joueurs universitaires américains jouant un match sur une patinoire annexée au domicile des Comets sont venus le saluer et le complimenter pour ses montages.

« On m'arrête souvent pour me dire : "Hey! J'aime tes vidéos!", mais on ne me dit jamais : "Hey! T'es un excellent gardien!". Peut-être que ça arrivera un jour. C'est l'fun quand même », badine celui qui cumule plus de 6,6 millions de vues sur sa chaîne.

Un tuyau de Zachary Fucale

Dans ses publications des derniers mois, Kaskisuo informe régulièrement son auditoire sur les derniers développements dans sa recherche d'un contrat, ne cachant pas qu'un retour en Amérique du Nord, dans la Ligue américaine, est l'option no 1 pour lui après deux saisons dans la Ligue élite suédoise (SHL) à Leksands.  

« J'ai le sentiment que je peux être plus confortable et que je peux mieux jouer ici. Ça me convient mieux et c'est ici que je voulais jouer, justifie celui qui a été invité au Match des étoiles de la LAH en 2020 et qui a joué deux matchs en carrière dans la grande ligue. Je ne voulais pas fermer cette porte, je voulais faire une dernière poussée [vers la LNH]. Ç'a toujours été ça le plan. »

Il a toutefois dû faire preuve de patience. Pendant des mois, sa femme Whitney et lui ont scruté les médias sociaux à la recherche d'une ouverture qui ne venait pas.

« Je surveillais les mouvements de gardiens et les blessures chaque jour. Ma femme m'envoyait des tweets qu'elle trouvait. Je textais ensuite mon agent au sujet de toutes ces équipes. Ma femme était plus patiente que je l'étais. Je voulais juste aller jouer quelque part. »

Au premier coup d'œil, le Rocket semblait afficher complet avec Jakub Dobeš et Strauss Mann, d'autant plus que le Canadien jonglait de son côté avec une rotation à trois gardiens, pensait Kaskisuo. Un tuyau inattendu du gardien québécois Zachary Fucale, une connaissance sans plus, l'a cependant convaincu de tenter sa chance. Juste au cas où.

« Il m'a envoyé un message me disant : "Je pense que Laval a besoin d'un gars expérimenté comme toi. [...] J'ai texté mon agent, et quelques jours plus tard, j'étais dans l'avion. Tout a fonctionné à la perfection. »

Au surlendemain d'une défaite dans laquelle le Rocket avait encaissé sept buts, le club lavallois offrait le 18 décembre dernier un contrat d'essai professionnel valide pour 25 matchs à Kaskisuo. Onze jours plus tard, il obtenait un premier départ en neuf mois, aidant ses nouveaux coéquipiers à signer une victoire en repoussant 36 lancers sur 38. Puis, dimanche dernier à Utica, il a permis aux siens d'arracher un gain en fusillade grâce à une autre soirée de 36 arrêts.

Kasimir Kaskisuo et Logan Mailloux

« C'était fantastique, se réjouit celui que l'on surnomme Kaz. Ç'a été une longue attente et ma patience a été récompensée. J'ai trouvé le spot parfait pour m'amener et jouer. Les choses tombent en place, à moi d'en tirer avantage. »

La vie à temps plein à l'hôtel ne sera certes pas idéale dans les prochaines semaines, mais toute la famille Kaskisuo sera présente tout au long de ce séjour à Laval. « Quand j'ai été prêté [aux Wolves de] Chicago à ma deuxième année pro, on a habité à l'hôtel pendant cinq mois. Ce n'est rien de nouveau pour nous. On va s'arranger, on est si heureux. »

Fox, surtout. Papa joue au hockey. Elle peut enfin recommencer à aller l'encourager à l'aréna, et vous risquez d'en être témoins.

« C'est la star du show. Je pense qu'elle signe plus d'autographes que moi. Quand on est quelque part et qu'on nous reconnait puis nous salue, elle nous demande souvent : "Est-ce que ce sont mes abonnés?" Elle adore ça. »

@whitneykaskisuo the hockey in quebec is unmatched let me tell you🚀🚀 #hockeytok #prohockeywife #hockeyboys #hockeylife ♬ Everybody - Nicki Minaj