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RÉSULTATS

La conversation qui a propulsé Laurent Dauphin

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LAVAL – Au début de la saison, Pascal Vincent a rencontré ses joueurs pour cibler avec chacun d'eux des objectifs personnalisés et s'entendre sur les attentes que ceux-ci allaient engendrer.

Est-ce qu'on a dit « chacun d'eux »? Pardonnez-nous de vous avoir induit en erreur.

« J'ai eu des longues conversations avec Laurent. Ça a été plus que ça dans son cas à lui », a nuancé l'entraîneur du Rocket de Laval vendredi.

Il est ici question de Laurent Dauphin. L'ancien choix de deuxième ronde est arrivé à Laval cet été pour y effectuer un deuxième séjour après un détour vers l'Arizona et la Suisse. Quelques jours après son embauche, il avait admis à La Presse qu'il regrettait sa décision d'avoir quitté l'organisation du Canadien après avoir joué 38 matchs à Montréal en 2021-2022.

Sur la glace, Dauphin a connu un début de saison moyen. Trois points en neuf matchs. Son nouvel entraîneur l'a placé au centre, l'a placé à l'aile. « Je pense qu'on essayait de se comprendre. On essayait de voir comment on allait fonctionner ensemble », explique Vincent.

Il aura fallu un échange sollicité par l'entraîneur pour qu'un déclic se fasse entre les deux hommes.

« Il s'en allait, je l'ai accroché et j'ai dit "Dauph", pourquoi on ne passe pas deux minutes à se jaser un peu? Mais pas de forecheck, backcheck... Juste d'où t'es rendu dans ta carrière, comment on approche ça et comment je peux être un bon coach pour toi, t'aider dans tout ça. Ça a développé. On n'a pas besoin de parler souvent aux joueurs, mais quand tu leur parles, il faut que ça veuille dire quelque chose. Et ça, je pense que ça a été une conversation importante pour lui. »

Vincent ajoute : « Ses attentes à lui et mes attentes à moi, on a connecté à ce moment-là. »

À 30 ans, le jeune vétéran vient de connaître l'une de ses meilleures saisons chez les professionnels. Il a atteint des sommets personnels dans la Ligue américaine pour les buts, les passes décisives et les points.

Et depuis le début des séries, il ne dérougit pas. Il s'est inscrit au pointage dans chacun des quatre matchs du Rocket dans leur affrontement de deuxième tour contre les Monsters de Cleveland. Dans le match décisif mardi, il a marqué le but de la victoire en première période et celui de la confirmation en fin de troisième.

Le trio qu'il forme avec Alex Barré-Boulet (un but, cinq passes en séries) et Sean Farrell (deux buts, deux passes) a produit six des douze buts de l'équipe en première ronde. Dans les mots de Vincent, ils sont une « vraie première ligne de la Ligue américaine. »

Dauphin a 427 matchs de saison régulière à son compteur dans la LAH, mais il s'agit seulement de sa troisième participation au tournoi d'après-saison. C'est la première fois d'une carrière qui a commencé en 2014 que son équipe gagne une ronde de séries.

« C'est super le fun, surtout avec le groupe qu'on a comme je dis. Tout le monde s'entend bien, on a un super bel esprit d'équipe. C'est dans mes bons moments en carrière en ce moment », estime l'ancien des Saguenéens de Chicoutimi.

Les vertus de la stabilité

Avant de commencer son deuxième tour de piste chez le Rocket, Dauphin avait passé seulement deux de ses neuf saisons chez les pros dans la même ville. Le reste du temps, des navettes entre la grande ligue et le club-école ou des transactions en cours d'hiver l'avaient contraint à garder ses valises pas trop loin.

Cette année, celui qu'on surnomme « Flipper » s'est entendu avec le Rocket sur les termes d'un contrat d'un an à sens unique dans la Ligue américaine. Un rappel dans la LNH n'a donc en aucun temps été une option. Loin de le décourager, cette stabilité annoncée l'a au contraire apaisé.

« Ça a été une grosse partie de la saison que j'ai eue, estime-t-il. Pas te poser de questions, pas avoir de doutes dans ta tête, pas regarder les matchs du Canadien en te disant : "Est-ce qu'il y a un blessé à soir, peut-être que j'ai une chance..." Même de ne pas me comparer avec les autres joueurs de l'équipe. Ce n'est jamais facile, la Ligue américaine. Tu veux que tes coéquipiers aient du succès, mais en même temps, dans ta tête, tu veux monter aussi. C'est un drôle de mix. Le fait de ne pas avoir eu ça dans ma tête cette année, je pense que c'est gros. »

La tête en paix, Dauphin a pu livrer des statistiques dont il ne s'était jamais approché auparavant. Mais il l'a fait de la bonne façon, sans jalousie ni égoïsme, avec toujours en tête le bien commun.  

« À partir de cet été, c'était pas mal mon état d'esprit en arrivant ici. Essayer d'être un leader avec les jeunes et juste accepter mon rôle au complet, pas juste sur la glace. Je suis content de l'avoir accompli durant l'année. »

« Sa constance dans ses performances, je pense que c'est ça l'aspect de son leadership qui a été le plus important pour moi comme coach, apprécie son entraîneur. Tout était dans la façon dont il le faisait, pour que les plus jeunes voient comment un plus vieux fait ça. »

Pascal Vincent parle de Dauphin comme un joueur qui pourrait, s'il le souhaite, s'ériger comme un phare pour les jeunes de l'organisation du Canadien au cours des prochaines années. La comparaison ne vient pas de lui, mais on imagine un genre de successeur à Alex Belzile, qui a fait l'unanimité pendant son passage à Laval entre 2018 et 2023.

Dauphin a joué son dernier match dans la Ligue nationale le 10 avril 2023 avec les Coyotes de l'Arizona. Il est encore trop jeune pour faire son deuil d'un retour « en haut », mais on sent qu'il a franchi une étape où il pourrait véritablement trouver son bonheur ailleurs.

« Je ne veux pas l'écarter, parce que pourquoi l'écarter? Mais ce n'est pas vraiment quelque chose à quoi je pense. C'est vraiment ici qu'est ma concentration cette année et ça va continuer à l'être si jamais je reviens. »