Troisième période, douze minutes de jeu à écouler. Joël Bouchard s’adresse à ses hommes au banc du Rocket pendant une pause publicitaire : « Les gars, les choses peuvent changer vite dans le hockey. Continuez de pousser, continuez de vous battre... »

À ce moment, le Rocket tire de l’arrière 3-1, contre des Comets qui sont des rivaux et qui occupent le 4e rang tant convoité de la section Nord, qui donne accès aux séries éliminatoires. Au banc des joueurs, les regards sont empreints de déception, mais personne ne semble démontrer un signe de vouloir baisser les bras. Il ne faut pas oublier que la veille, Michael Hutchinson a réalisé un jeu blanc de 42 arrêts devant le filet des Marlies, alors que les Lavallois ont obtenu plusieurs excellentes occasions de marquer, sans réussir à trouver le fond du filet. Vingt-quatre heures plus tard, après une première période plus difficile contre les Comets, les joueurs du Rocket livrent une performance en crescendo devant une salle comble à la Place Bell et surtout, ils travaillent sans relâche.

Les choses peuvent changer vite dans le hockey... l’entraîneur lançait son message en sachant fort bien que son groupe, qui compte neuf patineurs qui n’avaient disputé aucun match dans la Ligue américaine avant cette année, donne le maximum contre des formations plus expérimentées et souvent avec plus de talent brut. Mais la résilience d’un groupe tissé serré peut vous mener loin et les hommes de Bouchard nous l’ont démontré.

Alexandre GrenierIl aura fallu une occasion en avantage numérique pour permettre à Alexandre Alain de faire secouer les cordages, avec son premier but en 10 rencontres. À partir de ce moment, l’énergie a monté d’un cran, non seulement dans les gradins bien garnis, mais aussi au banc des joueurs. Dès la reprise du jeu, Alain aurait pu créer l’égalité avec une belle occasion de marquer. Plus que jamais, les joueurs croient en cette remontée. Un peu moins de cinq minutes après le but du numéro 27, un autre Alexandre soulève la foule. Alexandre Grenier complète la remise de Joe Cox à l’aide d’un tir sur réception. La réaction de Grenier après son but en dit long. En une image, on peut voir que ce vétéran de 27 ans souhaite inspirer ses jeunes coéquipiers et les rallier à la cause. C’est l’égalité 3-3 et c’est l’euphorie au banc des joueurs. Le Rocket ressent que les Comets sont une bête blessée à ce moment et continue de bondir sur sa proie.

Grenier est un joueur que l’entraîneur a poussé au cours de la saison. On souhaite que ce gaillard de 6 pieds 5 pouces, qui a des talents de marqueur et un bon coup de patin, joue avec intensité à chacune de ses présences sur la patinoire. Auteur de 20 buts la saison dernière, dans l’uniforme des Thunderbirds de Springfield, a les outils pour produire, mais ses entraîneurs veulent le voir prôner un style de jeu plus direct.

À peine 34 secondes après le but égalisateur, Cox donne les devants au Rocket en marquant le premier but de sa carrière dans la Ligue américaine, alors que Grenier est complice avec son 3e point de la période. Cox, que personne ne connaissait il y a deux semaines et dont le nom aurait eu davantage de sens en tant que lanceur de relève que l’on appelle en 7e manche, démontre une fois de plus qu’il mérite la confiance de son entraîneur, qu’il a su convaincre très rapidement. Deuxième marqueur de l’ECHL à son arrivée avec l’équipe, avec 61 points en 55 matchs, Cox a grimpé du quatrième au premier trio dès son premier match avec le Rocket. « C’est un joueur de hockey », comme aime le dire Bouchard, quand il pense à un joueur qui travaille fort, qui est intelligent et sur qui on peut se fier autant sur le plan offensif que défensif. L’attaquant de 25 ans sait se faire des amis, autant dans le vestiaire que chez les partisans. Son but enlève un poids énorme sur les épaules du groupe, qui est à un peu plus de trois minutes d’arracher deux énormes points au classement aux Comets.

Les visiteurs passent bien près de forcer la présentation d’une prolongation, mais Charlie Lindgren en décide autrement en réalisant quelques arrêts importants. Chancelant en début de match et depuis quelques semaines, le gardien est un homme soulagé au terme de la rencontre, réalisant à quel point il fait bon voir un groupe aussi combatif devant lui et de pouvoir terminer ce match avec une victoire de plus au compteur. Une victoire de 4-3, grâce à quatre buts sans riposte au troisième engagement.

Après le match, l’entraîneur n’arrivait pas à croire à quel point ses hommes ont tout donné, en lançant : « Les gars lâchent pas, plus le match avançait, meilleurs on était » avec un sourire qui laissait ressentir beaucoup de fierté envers son jeune groupe. Bouchard a rappelé à quel point l’équipe a laissé filer des matchs en début de saison, alors que son équipe misait sur un groupe plus expérimenté, mais que les jeunes ont appris dans l’adversité. « Les jeunes ont appris et maintenant, ce sont eux qui tirent la charrette. »

L’entraîneur a souligné les efforts des jeunes Vejdemo, Alain, Evans et Pezzetta, à qui il confie des rôles importants et qui font face à une courbe d’apprentissage très abrupte! Ces jeunes peuvent miser sur l’appui de vétérans tels que Karl Alzner, Xavier Ouellet et Grenier. Il est vraiment impressionnant de voir à quel point l’entraîneur arrive à tirer le maximum d’un groupe qui ne compte pas de vedette offensive, mais qui travaille en symbiose par moments. Les joueurs sont complètement investis dans ce qu’on leur demande d’accomplir. Des joueurs comme Hayden Verbeek et Michael Pezzetta sautaient régulièrement leur tour en début de saison. Le départ de plusieurs vétérans fait maintenant en sorte que leur charge de travail a augmenté en tant que 3e et 4e joueurs de centre de la formation.

Quinze matchs à jouer, une semaine déterminante

Alors qu’on croyait que la semaine allait tourner à la catastrophe avant cette remontée inattendue, voilà que le Rocket est allé chercher la moitié des points disponibles dans ses trois matchs de la semaine à domicile. Trois points sur 6 au terme de deux duels contre les Marlies et un autre face aux Comets. Le Rocket se retrouve maintenant à 7 points d’une place en séries, avec 15 matchs à jouer en saison régulière. Dans le contexte, tous les matchs sont d’une importance capitale, mais surtout, les défaites peuvent causer un tort irréparable. Il sera difficile d’arracher les deux points au puissant Crunch de Syracuse, meneur de la section Nord, mercredi soir à la Place Bell. Mais par-dessus tout, le Rocket ne peut se permettre d’échapper un seul point contre les Senators, qu’il affrontera coup sur coup, vendredi et samedi prochain, à Belleville. Les « Baby Sens » comptent 67 points, soit autant que les Comets. Il sera impératif pour les hommes de Joël Bouchard d’aller chercher le maximum de points.

Onze des 15 derniers matchs de la saison régulière du Rocket seront disputés contre des rivaux de la section Nord. L’occasion est belle de faire un bond au classement et d’accéder aux séries éliminatoires pour la première fois de la courte histoire de cette équipe. Il est quand même remarquable de réaliser que les séries font encore partie de la discussion, alors que bien peu d’observateurs y croyaient encore il y a quelques semaines à peine. Comme quoi l’entraîneur a bien raison quand il dit que les choses peuvent changer vite au hockey...