Le Rocket de Laval a franchi le cap de la mi-saison dans la Ligue Américaine. Les hommes de Sylvain Lefebvre ont signé 15 victoires à leurs 38 premiers matchs de la campagne (15-16-5-2). Si les séries commençaient aujourd’hui, le Rocket n’y participerait pas. Avec un taux de victoire de 0,487, le club-école du Canadien occupe le 5e rang de la section Nord, alors que les séries sont réservées aux formations qui occupent les quatre premiers rangs de chaque section du circuit.

Ce qui a fait particulièrement mal à l’équipe au chapitre du classement, c’est cette fâcheuse séquence d’un mois, au cours de laquelle le Rocket a subi 12 revers en 13 matchs, entre le 17 novembre et le 17 décembre. Les bons moments du début de saison semblaient être de vieux souvenirs pendant cette période et tout le monde travaillait sans relâche pour trouver une solution. La confiance du groupe était affectée et le moral bien bas, mais tout le groupe s’est retroussé les manches depuis et voilà que le Rocket a gagné quatre de ses six derniers matchs.

Le directeur général, Larry Carrière, a dressé le portrait de la situation, après la séance d’entraînement matinale de mardi.

« Les entraîneurs veulent que nos joueurs jouent de la bonne façon. Nous devons appliquer une pression constante sur nos adversaires sur la patinoire. C’est ce que nous sommes parvenus à faire, lors des 15 derniers matchs. Nous avons constaté beaucoup d’amélioration, tant au niveau des gardiens, que pour nos attaquants ou nos défenseurs. Les joueurs écoutent les consignes et appliquent les directives. »

Il peut parfois être difficile de bien aligner les choses sur le plan collectif. La majorité des joueurs ont connu du succès dans les rangs juniors sur le plan offensif, mais une fois dans les rangs professionnels, ils doivent comprendre le jeu davantage, notamment sur le plan défensif. Plusieurs joueurs ont dû modifier leur rôle, pour répondre aux demandes de l’organisation et dernièrement, les choses semblent tomber en place pour le groupe.

Nikita Scherbak près de la LNH

Nikita Scherbak a représenté une déception lors du camp d’entraînement du Canadien, en septembre dernier. Plusieurs se sont interrogés sur son véritable potentiel et sur son avenir dans la LNH. Le jeune attaquant de 22 ans a encaissé le coup et s’est plongé dans le travail avec le Rocket et son personnel d’entraîneurs.

Scherbak est littéralement sorti des blocs en début de saison, obtenant un but et huit mentions d’aide, à ses neuf premiers matchs. Outre le fait qu’il noircissait la feuille de pointage, Scherbak montrait qu’il était déterminé à chacune de ses présences, se souciant aussi de ses responsabilités défensives dans son territoire. Ce bon départ lui a valu un rappel du grand club, malheureusement il a été victime d’une malchance en subissant une blessure à un genou, le 26 octobre, à son 2e match de la saison avec le Canadien. Résultat : opération et absence de sept semaines.

Scherbak a repris là où il avait laissé à son retour au jeu. En 11 matchs depuis son retour, le 16 décembre, il a inscrit 5 buts et 7 mentions d’aide, pour un total de 12 points. Au final, il totalise 21 points en 17 matchs cette saison et occupe le 3e rang des pointeurs de l’équipe malgré sa longue absence. (Il faut parfois tenir compte des rappels par le grand club, comme Carr, Deslauriers, Froese.)

« Je me sens en confiance. J’ai connu un bon départ et j’ai su revenir en forme après ma blessure. Il y a toutefois place à amélioration, surtout au niveau de mon jeu en zone défensive. »

Nikita veut notamment s’arrêter en zone défensive à l’occasion, pour se soucier de son positionnement, plutôt que de se laisser glisser en attente d’un revirement qui pourrait lui permettre d’amorcer la transition offensive. Ce sont des détails qui l’aideront à s’établir un jour dans la LNH.

 McCarron, pas seulement des statistiques

Michael McCarron a vécu son lot de déceptions depuis le début de la saison 2017-2018. L’attaquant format géant s’imaginait au sein de la formation du Canadien lorsqu’il s’est présenté au camp d’entraînement. La pilule a donc été difficile à avaler pour lui, lorsqu’il a appris qu’il devait amorcer la saison avec le Rocket, dans la Ligue Américaine.

« Big Mac » a avoué ne pas avoir reçu de directives de la formation du Canadien, lorsque l’organisation a choisi de le céder au club-école. Il a toutefois été bien encadré par le personnel à Laval et il a totalisé 4 points à ses 6 premiers matchs de la saison, aux côtés de Nikita Scherbak et Chris Terry.

Le 22 octobre, alors que le Rocket était à Providence, dans le cadre de son premier voyage de la saison, le téléphone a sonné. Le Canadien a rappelé McCarron et Scherbak simultanément. L’expérience de McCarron a duré 8 matchs et il a dû reprendre la direction de Laval. Encore une fois, l’Américain cachait mal sa déception, mais il a bien travaillé dès son retour, avec une séquence de 7 points en 10 rencontres.

En 27 matchs avec le Rocket cette saison, McCarron totalise 5 buts et 9 mentions d’aides, pour un total de 14 points. Mais au-delà des points, on souhaite avant tout miser sur l’apprentissage, pour peaufiner les aspects du jeu du gros attaquant. Le principal intéressé en est conscient.

« J’ai une meilleure compréhension de mon rôle aujourd’hui. J’ai vécu des déceptions, mais je profite de chaque moment et je comprends davantage ce qu’ils recherchent de ma part. »

C’est un classique, mais comme dans plusieurs cas de jeunes joueurs, on souhaite que McCarron devienne fiable dans son territoire, surtout en évoluant au poste de centre. Les entraîneurs espèrent le voir utiliser son physique imposant davantage pour gagner des duels et appuyer le travail de ses défenseurs. Comme dans le cas de Scherbak, il s’agit de l’une des étapes qui pourraient lui permettre de gravir les échelons.  

Éric Gélinas à l'école

Éric Gélinas en est un autre qui a vécu des hauts et des bas au cours de cette première moitié de saison.

Après 4 saisons où il avait majoritairement évolué dans la LNH, il s’est retrouvé sans contrat l’été dernier et s’est présenté au camp du Canadien de Montréal avec une simple invitation. Il croyait en avoir fait suffisamment pour impressionner les dirigeants du grand club, mais il a finalement dû accepter un contrat à un volet dans la Ligue Américaine.Éric Gélinas

Le premier mois de la saison a été difficile à accepter pour Gélinas, lui qui a été laissé de côté 6 fois au cours des 10 premiers matchs du Rocket.

Gélinas a passé beaucoup d’heures dans la salle de vidéo avec les entraîneurs, afin de revoir les parties de son jeu qu’il devait améliorer. En gros, il a dû reprogrammer son cerveau pour se défaire de vilaines habitudes accumulées au fil des ans, qui l’affectaient dans sa prise de décision sur la patinoire.

« J’ai approché la saison comme si j’étais à l’école. Après 4 ans dans la LNH, le fait de me retrouver sans contrat a été un appel pour me réveiller. En arrivant à Laval, j’ai changé mon approche. Il y a eu un déclic dernièrement. Auparavant, je pensais trop et je devais changer mes habitudes. J’ai mis en pratique les choses qu’on m’avait enseignées et tout est devenu plus naturel. »

Gélinas est satisfait de sa progression, même s’il avoue que l’exercice a été plus long qu’il ne l’avait anticipé. Mais le fait qu’il soit maintenant en mesure d’exécuter les choses que les entraîneurs lui demandent pourrait servir la cause de l’équipe de façon très favorable. Il possède d’excellentes aptitudes avec la rondelle, un tir foudroyant et un excellent coup de patin. Une fois tous les ingrédients réunis, il pourrait fort bien se retrouver à nouveau dans la LNH, qui sait.

 La surprise de la saison

La composition des trios de Sylvain Lefebvre a changé régulièrement depuis le début de la saison. Les rappels, les blessures et le rendement de certains joueurs ont forcé l’entraîneur à revoir son plan de match régulièrement.

Il y a toutefois un joueur qui a affiché un niveau de constance auquel on ne s’attendait pas nécessairement en début de saison, soit l’attaquant Jérémy Grégoire.

Aux prises avec quelques blessures qui ont brisé le rythme de sa saison, il a tout de même inscrit 16 points en 29 matchs (tous inscrits à ses 25 premiers matchs).

Grégoire était un joueur offensif à l’époque où il évoluait dans les rangs juniors. À ses deux dernières saisons avec le Drakkar de Baie-Comeau, il a  totalisé 154 points en 131 matchs, si l’on inclut les séries éliminatoires.

Par contre, une fois dans les rangs professionnels, Jérémy a dû accepter un rôle plus défensif. Il est devenu un joueur indispensable en désavantage numérique, mais cette première moitié de saison nous en a montré encore bien plus. Son énergie, sa combattivité dans les coins de patinoire et devant le filet font de lui un joueur très important de la formation du Rocket cette saison. Il est assurément l’une des belles surprises à retenir.

Reste à voir maintenant si sur le plan collectif, le Rocket sera en mesure de coller les bonnes performances, dans le but d’aller chercher une participation aux séries éliminatoires.