Le 4 octobre dernier, le Canadien échangeait l’attaquant Andreas Martinsen à l’organisation des Blackhawks de Chicago. En retour, le Tricolore obtenait Kyle Baun, un attaquant de 25 ans méconnu des amateurs de hockey Québécois.

Lors des deux saisons précédentes, Baun avait porté les couleurs des Ice Hogs de Rockford, dans la Ligue Américaine. La saison dernière, Baun avait inscrit 34 points en 74 rencontres, dont 14 buts.

« Je ne m’attendais pas du tout à une transaction. J’étais confortable à Rockford, mais en même temps le changement dans la vie peut toujours être bénéfique. La transaction m’a permis de m’installer dans la belle ville de Montréal et du même coup de me rapprocher de ma famille, qui vit à Toronto. J’ai également évolué à Cornwall, en Ontario, à une heure de Montréal (de 2010 à 2012). Ces éléments m’ont aidé à bien me sentir. »

À Rockford, Baun était un joueur respecté et grandement apprécié de ses coéquipiers dans le vestiaire. Il a été rapidement facile de constater que les échos étaient véritables, puisque le jeune homme de 25 ans s’est rapidement fait des amis dans son nouvel environnement avec le Rocket de Laval.

« Quand je suis arrivé ici, le seul joueur que je me rappelais avoir affronté était Daniel Carr, je ne connaissais personne d’autre » raconte-t-il avec le sourire.

« Cela dit, j’ai été accueilli à bras ouverts dans un groupe fantastique. Nicolas Deslauriers a été acquis le même jour que moi (en retour de Zach Redmond). Le fait de nous retrouver dans une situation similaire nous a permis de bâtir une amitié rapidement. Toute l’équipe m’a aidé et cela m’a permis de pouvoir bien me concentrer sur mon travail sur la patinoire. »

Sur le plan hockey, Baun connaît un début de saison à l’image de l’équipe, de son propre aveu.

Colin Greening et Kyle Baun« J’ai connu un bon départ, puis un creux de vague par la suite. Ce fut la même chose pour l’équipe, mais nous travaillons fort pour retrouver notre rythme, dans le but de renverser la tendance rapidement. »

Sur le plan des statistiques, Baun a connu ses meilleurs moments du début de saison entre le 20 et le 28 octobre, avec une récolte de huit points en six matchs. Le sixième match de cette séquence a été disputé contre les Marlies, à Toronto, devant famille et amis, match au cours duquel il a obtenu deux mentions d’aide, dans une victoire du Rocket, au compte de 3-2. 

« Ma famille ne m’avait pas beaucoup vu jouer au cours des quatre ou cinq dernières années. C’était vraiment agréable de pouvoir évoluer devant eux. »

L’un des membres de la famille Baun était particulièrement attentif aux faits et gestes de Kyle lors de cette visite à Toronto, son grand-père Bob.

Bob "Bobby" Baun a disputé 17 saisons dans la Ligue nationale de hockey, entre 1956 et 1973, remportant la Coupe Stanley à quatre reprises, dans l’uniforme des Maple Leafs de Toronto. Il était un défenseur très fiable défensivement, au style de jeu rude.  

Bob Baun est notamment reconnu pour sa performance dans le sixième match de la finale de la Coupe Stanley, en 1964, alors que les Leafs et les Red Wings croisaient le fer. En milieu de troisième période, Baun est atteint à la cheville par un tir de Gordie Howe. Le défenseur subit une fracture de la cheville et une civière est nécessaire pour l’aider à quitter la patinoire.

De retour au vestiaire, Baun reçoit une injection pour aider à chasser la douleur et il insiste pour retourner au jeu, ce qu’il réussit à faire. Non seulement il revient au jeu, Baun inscrit le but victorieux en prolongation, sur une jambe! Les Leafs ont ensuite remporté le septième match, pour mettre la main sur la dixième Coupe Stanley de leur histoire, leur troisième championnat consécutif.

« C’est clair qu’aucune blessure que je puisse subir ne m’attirera de la sympathie de mon grand-père ! » lance Kyle à la blague.

« C’est cool pour moi de faire aujourd’hui partie d’une grande organisation canadienne, comme ce fut le cas pour lui. Il est fier de mes accomplissements jusqu’à présent dans ma carrière et je ne ressens aucune pression de la part de ma famille. Mon grand-père souhaite simplement que je m’amuse et que je mette les efforts nécessaires pour avancer dans ma carrière. »

Au fil des années, Kyle a partagé plusieurs excursions de pêche avec son grand-père, aujourd’hui âgé de 81 ans. Les deux hommes tentent de répéter l’expérience à chaque année, même si l’ainé de la famille avance en âge. Parions que ces parties de pêche ont dû être marquées par de nombreuses anecdotes amusantes!

Kyle peut également miser sur de précieux conseils de son grand-père sur le plan affaires du hockey, puisque Bob Baun a longtemps milité pour les droits des joueurs sur le plan salarial. Il a été l’un des premiers joueurs à se battre pour aider la cause des joueurs, avant même la naissance de l’association des joueurs que nous connaissons aujourd’hui.

Retourner dans la LNH après y avoir goûté

Comme son grand-père, Kyle aimerait évoluer dans la LNH sur une base régulière. Il a eu l’opportunité de patiner aux côtés de Jonathan Toews et Patrick Kane, avec les Blackhawks, pour un total de cinq matchs en 2015.

« Ces cinq matchs ont été une expérience incroyable pour moi. C’était fantastique d’évoluer avec ces grands joueurs. Cela fait en sorte que je suis encore plus affamé de retourner dans la LNH. »

Sur la glace, Baun offre un style de jeu combatif. Il a un bon coup de patin et n’a pas peur de se diriger vers le filet de l’équipe adverse. Il aime s’inspirer d’un joueur comme Wayne Simmonds, des Flyers de Philadelphie.

« J’ai eu l’occasion de m’entraîner avec lui à la fin de mon secondaire. J’aime la façon dont il s’est battu pour gravir les échelons. Il a évolué au niveau Junior A et s’est retrouvé dans la Ligue de l’Ontario sur le tard. J’aime son style de jeu, il fait sentir sa présence autour du filet. C’est ce que j’essaie de faire également. »

Kyle apprécie chaque moment depuis qu’il s’est joint au Rocket de Laval. Il a récemment emménagé dans un appartement sur l’île de Montréal et compte bien inviter quelques coéquipiers à la maison pour leur préparer un bon plat!

« Je me débrouille bien en cuisine, c’est un bon talent à avoir dans la vie! Notre horaire nous permet de prendre le temps à l’occasion de faire les achats en milieu d’après-midi et de prendre le temps de préparer un bon repas. Je vais inviter les gars. »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Kyle Baun a parfaitement réussi la transition, après un changement inattendu dans sa carrière. Les sourires sont nombreux autour de lui et il semble bien s’amuser dans son nouvel environnement. Il parle « un petit peu » français et espère bien s’améliorer dans ce vestiaire ou plusieurs joueurs et entraîneurs pourront l’aider. Bref, sa venue à Laval semble avoir été un très beau coup du destin.