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Sacha Boisvert : le talent et la hargne pour charmer les équipes de la LNH

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TROIS-RIVIÈRES – Une petite auto se stationne devant le petit aréna Fernand-Asselin. Mais c'est Sacha Boisvert, l'un des plus grands talents québécois des 15 dernières années, qui arrive avec Joaquim Lemay, son « grand frère » de sa famille hockey.

 

Boisvert, le meilleur espoir québécois du repêchage 2024, n'est pas le plus connu sur son propre territoire. Il s'inspire des Anze Kopitar, Aleksander Barkov et Evgeni Malkin, tout en ayant une hargne à la Matthew Tkachuk qui lui coule dans les veines.

 

Le centre gaucher de six pieds deux pouces et 182 livres a quitté le Québec dès l'âge de 14 ans pour poursuivre son parcours au hockey. Après deux années à l'Académie Mount St.Charles (au Rhode Island) et deux saisons avec les Lumberjacks de Muskegon (au Michigan), Boisvert s'établira à l'Université North Dakota pour la suite.

 

Mais c'est à Trois-Rivières qu'il a forgé son identité qui le rend si attrayant aux yeux des équipes de la LNH et c'est dans son patelin qu'il retourne perfectionner ses habiletés dès qu'il en a la chance.

 

Parce que Boisvert est un vrai passionné de hockey. Même en cette belle journée ensoleillée, à un mois du repêchage, il arrive à l'aréna plus d'une heure à l'avance.

 

Pourtant, c'est dans un gymnase de boxe, celui du père de Boisvert, que Lemay a fait sa connaissance.

 

« Ça fait longtemps, il était tout petit et son père me disait qu'il voulait jouer au hockey », a raconté Lemay, un choix de quatrième ronde des Capitals de Washington en 2021.

 

Parmi ses plus vieux souvenirs d'enfance dans ce gymnase, Boisvert se rappelle qu'il aimait se tenir près des câbles du ring pour regarder les boxeurs à l'œuvre.

 

« Et aussi que mon père pointait Joaquim en me disant ‘Regarde-le, il travaille fort'. Maintenant, je peux dire que c'est l'un de mes bons amis », a confié Boisvert alors que leur écart d'âge, de 4 ans, ne paraît plus autant.

 

Boisvert n'était qu'en troisième année du primaire quand il a fait son entrée à l'Académie Denis Francoeur qui a été intégrée depuis dans le programme du Séminaire Saint-Joseph. Sébastien Lemay, le père de Joaquim, était son entraîneur.

 

« Je parlais de Sacha à la maison avec Joaquim. Je voyais déjà quelque chose de spécial en lui, je n'aurais pas pu prédire qu'il serait repêché en première ronde, mais je voyais son potentiel », a a décrit Sébastien Lemay qui l'encadre, encore aujourd'hui, pour le développement de ses habiletés et son patinage.

 

Avec humilité, Boisvert raconte qu'il n'est pas « né avec le plus gros talent au hockey ».

 

Élevé dans une famille old school, le travail fait partie de son identité. À ses yeux, ça explique la puissance fascinante de son lancer et la qualité actuelle de son patinage.

 

« Depuis que je suis jeune, je lance des pucks dans ma cour, je suis vraiment bien installé. C'est mon père qui m'a motivé. Ça ne me tentait pas toujours, mais il me disait d'y aller si je voulais me démarquer des autres. J'ai compté mes rondelles, j'en ai près de 500 », a décrit le jeune homme qui surprendra bien des gardiens avec cette arme.

 

« Ça facilite ma tâche, je n'ai jamais eu besoin de lui dire ‘Go, travaille un peu plus'. J'en ai d'autres qui prennent ça plus mollo », a reconnu Lemay.  

 

Un élément physique qui charme les recruteurs

 

Ce « go », Boisvert n'a jamais eu besoin que ses entraîneurs le prononcent pour défendre ses coéquipiers, assumer du leadership (il portait un A cette année) et vouloir devenir un joueur complet.

 

« Le côté qu'il possède et qui ne s'enseigne pas, c'est l'ingrédient Matthew Tkachuk; Sacha a du chien. Pour cet aspect, il sera dans le premier 5% de la LNH, il ne se laissera pas manger la laine sur le dos. Quand tu regardes les séries de la LNH, c'est le genre de gars qui pourra t'aider », a souligné Sébastien Lemay.

 

« Je crois que j'ai 6 combats cette année, ça ne me fait pas peur. J'aime ça être reconnu comme un joueur qui peut tout faire sur la patinoire », a réagi Boisvert sans arrogance.

 

Quand on aborde ce volet avec Joaquim Lemay, il répond sur réception.  

 

« Je pense que ça va l'aider énormément, ça lui donne un atout que peu de joueurs possèdent. Il sera du style à s'impliquer au bon moment », a évoqué le défenseur qui déménage à l'Université Northeastern.

 

Un développement axé sur l'évolution de la LNH
 

D'après les différentes prévisions du repêchage, Boisvert devrait être choisi dans le top-25 dans le décor spectaculaire de la Sphère à Las Vegas.

 

Ses statistiques de 68 points (36 buts et 32 aides) avec 86 minutes de punition – avec Muskegon dans l'USHL - militent en sa faveur. Mais son ardeur au travail lui rajoute des points sur les cartes des recruteurs. Quand on ajoute à cela le développement dans lequel il s'investit à fond, on se dit que la suite promet.

 

L'explosion sur patins, les croisements à la Connor McDavid et Nathan MacKinnon sont parmi les enseignements de sa saison morte.

 

« Je veux aussi amener Sacha vers les atouts Barkov, exploser dans les coins ou sous pression, battre des joueurs et se gagner du temps », a ajouté Sébastien Lemay qui a également appris à Boisvert à jouer comme défenseur dans le cadre du programme du Séminaire St-Joseph, un enseignement payant dans le hockey actuel avec les nombreuses permutations.

 

À l'extérieur de la glace, Joaquim Lemay l'aide à apprivoiser le saut dans la NCAA et jumeler les études avec le sport.

 

« Sacha passe par les mêmes choses à son tour, il est vraiment mature et discipliné, mais c'est quand même une étape qui est plus difficile de rentrer l'école dans tout ça », a admis Lemay.

 

Outre les séances sur la patinoire, les deux copains visitent souvent le gymnase ensemble. Ils ont aussi développé l'habitude des sprints sur des collines et l'entraînement de boxe s'ajoute à la routine.

 

« Dans presque tout ce qu'on fait, on instaure une petite compétition. Que ce soit au gym ou chez moi pour lancer des rondelles, on fait un jeu avec les cibles», a exposé Boisvert.

 

On ne pouvait que lui demander s'il battait souvent son aîné?

 

« Ben oui, toujours! », a-t-il lancé pour l'agacer.

 

Joaquim Lemay accepterait les taquineries de Boisvert avec un plaisir encore plus grand s'il était repêché, lui aussi, par les Capitals qui détiennent le 17e choix de la première ronde.

 

« J'essaie de lui faire comprendre que le repêchage, c'est juste une étape qui ne détermine rien dans son parcours. Mais, en-dedans de moi, je suis excité! », a mentionné Lemay.

« En espérant que son vol parte vers Washington, j'aimerais vraiment ça », a conclu son « grand frère », qui ne voudrait pas se frotter si souvent à lui dans la LNH.