OTTAWA - Jean-Gabriel Pageau aura tout fait dans cette série pour aider les Sénateurs et faire la vie dure au Canadien. Il a bloqué des tirs, il a distribué des mises en échec, il a grandement contribué à museler l’attaque massive du Canadien, il a nargué ses adversaires et quoi encore. Mais le Gatinois qui avait hanté le Canadien avec ses quatre buts enfilés il y a deux ans n’a pas réussi à trouver le fond du filet cette année.

Il est passé très près de le faire dimanche alors qu’il a poussé derrière Carey Price une rondelle échappée par le gardien du Tricolore sur un tir du jeune Curtis Lazar. L’ennui pour Pageau, les Sénateurs et leurs partisans, c’est que l’arbitre Chris Lee a sifflé l’arrêt de jeu avant que Pageau n’ait le temps de toucher à la rondelle.

But volé?

Chris Lee a commis une erreur sur le jeu. Une erreur de bonne foi. Et bien que les fans aient hué copieusement et crié au vol de grand chemin, car la reprise a clairement démontré que Price a carrément échappé la rondelle sur un arrêt qui semblait de routine, le jeu était bel et bien arrêté.

Je conviens que Lee a commis une erreur. Mais du coin de la patinoire où il était, il ne pouvait voir que la rondelle venait d’être échappée par Carey Price. S’il l’avait vu, il n’aurait pas sifflé. Et Pageau aurait nivelé les chances.

Mais quand un arbitre ne voit plus la rondelle, il doit siffler. C’est plate de même pour les Sénateurs et leurs fans, mais c’est comme ça.

Est-ce que l’excellent Brad Watson qui était à la ligne bleue aurait pu, ou dû, annuler la décision de Lee et ainsi accorder le but?

Non!

La décision revenait à Lee et à Lee seulement. Est-ce que Chris Lee aurait dû être mieux placé pour rendre une décision plus juste? Peut-être. Mais d’où il était, il ne pouvait prendre une autre décision que celle de siffler l’arrêt de jeu.

À la suite de ce jeu controversé, il est vrai, j’ai remarqué quelque chose que j’avais rarement remarqué avant. Une fois le tumulte et les huées passés, Watson s’est rendu près de Lee à qui il a adressé quelques mots avant de lui donner un petit coup au derrière histoire de le rappeler à l’ordre.

Je ne prétends pas ici que Watson a dit à son partenaire de travail qu’il avait manqué un jeu et qu’il était bien mieux de se réveiller.

Pas du tout.

Je crois au contraire que Watson est allé voir son partenaire de travail pour lui dire qu’au-delà la décision rendue – et l’erreur potentielle telle que démontrée par les reprises – il restait un gros match à officier et il était important de reprendre le contrôle tout de suite.

Et c’est ce qui est arrivé. Les fans du Canadien – qui n’ont pas Chris Lee en odeur de sainteté – diront qu’il a été fidèle à lui-même. Qu’avec quatre attaques massives accordées aux Sénateurs contre seulement une pour le Canadien, il a une fois encore été contre le Tricolore.

Rien n’est plus faux. Les pénalités décernées au Canadien dans cette sixième rencontre étaient justifiées.

Et si les Sénateurs, ou leurs fans, tentent de leur côté d’imputer le revers – et l’élimination – au fait que Chris Lee les a privés d’un but important, ils devraient plutôt se tourner vers les quatre supériorités numériques qu’ils ont bousillées l’une après l’autre en n’étant pas fichu d’obtenir plus de quatre tirs au but. Et pas de grands tirs par-dessus le marché.

Bel avenir

Une fois la rage de ce but « volé » passée, une fois la déception de la défaite et de l’élimination aux mains du Canadien passée, les fans des Sénateurs ont longuement ovationné leurs favoris.

Avec raison!

La remontée historique de 14 points qui a propulsé les Sénateurs en séries devrait les propulser vers de meilleurs résultats encore l’an prochain.

Au-delà du fait qu’il n’a pas marqué dans la série, Jean-Gabriel Pageau s’est certainement assuré une place au sein de la formation régulière des Sénateurs. Fini pour lui – du moins je l’espère pour lui – les renvois et les rappels du club-école.

Avec Pageau comme bougie d’allumage, avec Curtis Lazar qu’on appellera Monsieur à Ottawa et autour de la LNH avant longtemps, avec Mark Stone, Mike Hoffman et Mika Zibanejad qui marquent des buts et en marqueront davantage au fil des prochaines saisons, avec une équipe jeune, dynamique, talentueuse qui grandira en expérience et en maturité autour de l’excellent Erik Karlsson, d’un bon leader comme Marc Méthot, et d’un entraîneur-chef qui semble vraiment faire l’unanimité en Dave Cameron, les Sénateurs semblent vraiment promis à un bel avenir.

Il leur reste à stabiliser la situation des gardiens, à ajouter un arrière d’expérience et un autre gros attaquant pour mieux ancrer les deux premiers trios.

Mais au-delà leur élimination trop rapide, les Sénateurs ont donné raison à leurs partisans de les ovationner avant de les quitter pour une dernière fois ce printemps. Car pour la première fois depuis les départs bien mal orchestrés de Daniel Alfredsson et Jason Spezza, des jours meilleurs semblent se poindre pour vrai pour leurs Sénateurs.