Passer au contenu principal

Laurentides-Lanaudière, Lac-St-Louis et l'Estrie ont compliqué le travail de Jocelyn Thibault

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Quelles sont les régions qui ont causé les maux de tête à Jocelyn Thibault l'incitant à renoncer à son poste? Laurentides-Lanaudière, Lac-St-Louis et l'Estrie arrivent au sommet de la liste. 

Il a fallu parler à plusieurs sources fiables et recouper le tout avec les témoignages d'autres intervenants pour valider ces informations afin de pouvoir les dévoiler. 

Car, Thibault n'est pas du type « confrontation » et il a maintenu sa décision de ne pas blâmer personne en particulier en plus de demeurer évasif sur les exemples concrets qui l'ont usé. 

Mais nos démarches démontrent que ce sont, surtout, ces trois régions qui ont compliqué la vie de Thibault qui était vu, par la majorité, comme le candidat tout désigné pour une refonte en prenant la tête de Hockey Québec en novembre 2021. 

Ça demeure une tâche complexe de dénicher des détails pour illustrer la situation. 

On a cependant appris que Laurentides-Lanaudière s'avère une organisation décevante qui se défoule sur Hockey Québec comme si tout le blâme lui revenait. Du côté de Lac-St-Louis, c'est le manque de séparation exigée entre les départements opérationnel et politique qui provoque des ennuis. Quant à l'Estrie, on évoque une rivalité avec du hockey féminin et la difficulté de composer avec le hockey scolaire.  

Le blâme ne s'adresse donc pas directement au président du conseil d'administration qui chapeaute sa région respective. Chaque région englobe plusieurs associations de hockey si bien que les tentacules sont trop nombreuses pour viser uniquement une personne. 

Jeudi, Thibault avait tout de même parlé d'une résistance au changement offerte par la moitié des 14 régions de hockey. Cela dit, à Montréal, une amélioration se dessine. En Outaouais, la région doit composer avec les ennuis reliés à la problématique de l'Intrépide. Et à Québec, l'organisation serait devenue un modèle. 

L'évidence qui a été confirmée dans nos démarches, c'est que la structure incohérente - qui laisse un si petit pouvoir à Hockey Québec – ne tient plus la route. 

« Ça empêche d'avancer! Les gens qui sont là depuis plusieurs années, c'est sûr qu'ils vont tirer la couverte de leur bord », a jugé une source voulant demeurer anonyme.

« C'est le bout qui doit changer, mais ça va arriver quand le gouvernement va se mettre le nez là-dedans pour déterminer comment on doit gérer le hockey », a poursuivi cet intervenant qui travaille encore sur le terrain au quotidien. 

Pour que ça se produise, il faudrait que le gouvernement augmente drastiquement les pouvoirs de Hockey Québec. Pour l'instant, Isabelle Charest, la ministre du Sport, du Loisir et du Plein air, préfère y aller plus doucement. 

« À la base, le changement de culture doit s'opérer par le milieu du hockey. Il faut que ça descende, que ça percole dans toutes les organisations. Les changements ne s'opèrent pas instantanément et je crois que c'est un cri du cœur que Jocelyn lance. Peut-être que ça va éveiller des consciences et accélérer le changement », a réagi Charest qui était secouée par le départ de Thibault. 

« C'est un coup de massue pour pas mal tout le monde dans le milieu sportif. C'est une lourde perte et ça me fait de la peine. Ça démontre qu'il y a encore une résistance dans un changement de culture dans le sport, mais on y travaille très fort », a ajouté la ministre qui souhaite ardemment que les associations de hockey mineur s'approprie le rapport déposé par le Comité québécois sur le développement du hockey. 

Aperçu de la version de l'Estrie et du Lac-St-Louis

Même si leur région respective n'a pas toujours vu les choses du même œil que Thibault, Guy Désilets (président de la région de l'Estrie) et Jean-Pierre Fortier (président de la région Lac-St-Louis) ont chacun accepté de nous offrir leur vision de la situation. 

« Je ne sais pas si Hockey Québec doit convaincre les régions récalcitrantes ou plutôt arriver en disant : ‘Voilà, ce sera ainsi désormais' », a prononcé Désilets qui complète son premier mandat de deux ans à titre de président de Hockey Estrie. 

En ce qui concerne Fortier, il maintient que le portrait n'était pas conflictuel. 

« Je ne peux pas parler pour les autres. Mais, dans ma région, il n'y avait pas de résistance. On applique les orientations de Hockey Québec et on va plus loin, on est innovateurs. Quand on avait de petites problématiques, on était capable de les résoudre rapidement », a-t-il soutenu.  

« Je pense que les choses étaient pour se tasser, ce qui est normal à un certain point. C'est une grosse fédération et je pense qu'il y a du lobbying à faire pour arriver à une vision commune », a ajouté Fortier qui identifie la communication comme l'une des lacunes à améliorer. 

Une refonte qui ne faisait pas que des heureux

On a voulu trouver un peu de concret par rapports aux éléments discordants. À titre d'exemple, une autre source anonyme se souvenait de la tentative de réduire le nombre d'équipes de calibre Midget espoir qui était devenu plus faible. Le projet a échoué puisque certaines régions devaient perdre leur équipe, « elles voulaient garder leurs petites bébelles... ». 

Mais la refonte de Thibault visait bien plus loin que le nombre de clubs par catégorie. Alors vous comprendrez que ça chauffait encore plus quand il voulait centraliser plusieurs éléments comme la gestion du registraire, des marqueurs et des arbitres. 

L'information qui s'est rendue à nos oreilles, c'est que bien des présidents des régions trouvaient que « ça ne se pouvait pas, que c'était impossible. Et que, même si des changements étaient nécessaires de ce côté, ce n'était pas la priorité pour eux ».

Des présidents considèrent même que Thibault a « lâché vite et qu'il n'était pas tant sur le terrain ». À ce sujet, ce serait difficile de blâmer Thibault avec toutes les crises qui ont enseveli son bureau. Il admettait lui-même que ça lui manquait d'avoir eu à s'éloigner des arénas. 

Malgré tout, Désilets se doit d'admettre que des dossiers ont traîné en longueur, à son avis. Par conséquent, il n'est pas convaincu de se présenter pour un deuxième mandat. 

« Le système de gouvernance, avec le politique qui embarque dans l'équation, c'est long pour prendre une décision, ce n'est pas mon style. Jocelyn avait des idées et il savait où il s'en allait. Oui, il y a eu la pandémie, Hockey Canada et tout ça, mais quand va-t-on parler de comment on développe notre hockey mineur? Ça fait deux ans et on n'a pas abordé ce thème une fois en réunion. Ça m'irrite, j'avais du temps à donner pour ça », a confié Désilets alors que sa région a débloqué des budgets pour des initiatives de formation avec Stéphan Lebeau. 

Désilets, qui se dit prêt à voir Hockey Québec posséder un plus grand pouvoir, se demande ainsi si Thibault détenait carte blanche de la part du gouvernement. 

Sauf que les deux présidents ont vu les grands progrès orchestrés par Thibault et ils partagent son avis selon lequel il reste environ « 40 à 50 verges à courir avec le ballon » pour arriver à l'objectif souhaité. 

« Oui, on a vu des progrès dans le plan des effectifs à Hockey Québec. De plus, dans l'ancienne gestion, on n'impliquait pas les employés des régions. Maintenant, il y a une instance dans laquelle les employés des régions partagent entre eux de bons éléments et des solutions », a noté Fortier. 

Tout de même, la deuxième moitié de terrain à parcourir s'annonce complexe. On ne peut que souhaiter à Stéphane Auger, qui assumera la plupart des dossiers hockey, qu'il parviendra à le déminer graduellement. 

Étant donné que le système de hockey repose sur l'implication de nombreux bénévoles, le projet de dresser une ligne directrice sera périlleux. D'autant plus que chaque région compose avec quelques défis différents.  

« On n'est pas loin de la vérité, les éléments sont là et les ressources aussi », a cependant affirmé Fortier avec un message limpide pour le gouvernement. 

« Je lance un message au premier ministre Legault et à la ministre Charest. La prochaine fois, pour un rapport ministériel ou un comité, qu'ils impliquent des gens sur le terrain qui sont au courant des opérations et pas seulement des anciens joueurs de la LNH. On aurait un portrait véritable », a lancé celui qui se fait reprocher de ne pas avoir tendance à déléguer. 

Et toutes les personnes consultées comprenaient que Thibault soit sorti épuisé de cette expérience en raison de l'acharnement déplorable des gens par courriel ou sur les réseaux sociaux.