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La LPHF, un laboratoire pour de nouveaux règlements

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UTICA, New York – Le camp d'évaluation auquel ont été conviées les six équipes de la Ligue professionnelle de hockey féminin cette semaine permet aux joueuses d'accélérer leur préparation en vue de la saison et aux dirigeants de retourner les dernières pierres dans le processus de finalisation de leur effectif.

La Ligue, elle, a décidé d'en faire un laboratoire où sont mis à l'essai de nouveaux règlements.

Pour sa saison inaugurale, la LPHF opérera avec une version légèrement modifiée du livre des règlements de la Ligue nationale. Quelques amendements seront apportés, notamment aux règles régissant l'application des mises en échec et la légalisation des bagarres. Mais d'importantes innovations pourraient aussi s'immiscer dans les façons de faire du nouveau circuit.

On souhaite notamment explorer différentes modifications qui affecteraient le travail des unités spéciales. La première option envisagée a été testée lors des trois matchs à l'horaire lundi. Elle consiste à forcer une équipe qui écope d'une pénalité mineure à purger l'entièreté de la sentence même si l'équipe en supériorité numérique parvient à marquer. Un second scénario, qui sera testé jeudi, empêcherait l'équipe en désavantage numérique d'effectuer un dégagement avant d'avoir franchi la ligne rouge centrale et de rappeler des joueuses au banc avant la mise en jeu subséquente.

Une autre expérience consistera à éloigner les joueuses en zone défensive de leur banc durant les première et troisième périodes plutôt qu'uniquement en deuxième comme c'est traditionnellement le cas, augmentant ainsi la fréquence des changements de trios plus compliqués.

« Je suis intriguée par plusieurs de ces mesures », a réagi la défenseuse de l'équipe montréalaise Erin Ambrose, qui ne pourra servir de cobaye cette semaine puisqu'elle soigne toujours une blessure au bas du corps.  

« Il y a plusieurs bonnes idées et d'autres qui sortent un peu plus du champ gauche, mais je crois que nous devons rester ouvertes à toutes les initiatives qui pourraient potentiellement améliorer le sport. On ne sait pas trop ce que ça va donner, mais je crois que c'est le contexte idéal pour faire des essais. On est dans un environnement sécuritaire et tout le monde est ici pour le vivre en même temps. C'était le moment parfait pour le faire. »

Howie Draper, qui a dirigé l'équipe féminine de l'Université de l'Alberta pendant 25 ans avant de faire le saut avec l'équipe new-yorkaise de la LPHF, accueille l'idée avec le même enthousiasme.

« L'idée est excellente, répond-il sans réserve. Plusieurs d'entre nous sont naturellement réfractaires au changement, on aime notre sport comme on l'a toujours connu, mais personnellement j'adore qu'on affiche une telle audace. On a l'occasion d'essayer quelque chose de différent et peut-être de se positionner comme des pionniers. Je sais que notre ligue est encore jeune et qu'il y a du chemin à faire pour s'établir dans le paysage, mais il n'y a pas de meilleur moment pour oser la nouveauté. Qui sait si d'autres ligues n'emboîteront pas le pas éventuellement. »

« Ça ne nous engage à rien au fond, rappelle Draper. Pourquoi ne pas essayer et voir ce qu'on peut en soutirer? »

Mesurer les conséquences

Une brève enquête qu'on n'oserait jamais qualifier d'exhaustive permet de conclure qu'avant même la fin des délibérations, l'option du jeu de puissance garanti de deux minutes titille beaucoup plus l'imaginaire que celle d'interdire les dégagements en désavantage numérique.

« On n'a pas eu la chance d'avoir un avantage numérique, alors je ne peux pas te dire. Du côté opposé, ce n'est pas nécessairement ce que tu veux, mais si j'étais sur le jeu de puissance, c'est sûr que ça serait très plaisant d'avoir les deux minutes », a commenté Marie-Philip Poulin après la défaite des Montréalaises lundi soir.

« Je prends sans hésiter les deux minutes en avantage numérique, lui a fait écho Ambrose le lendemain matin. Être incapable de dégager la rondelle en désavantage... disons que ça ne cadre pas dans mes forces! »

Sur une note plus sérieuse, Howie Draper s'est dit préoccupé par les possibles conséquences d'une telle mesure sur la sécurité des joueuses.

« Surtout si on l'implante avec les changements plus longs pendant deux périodes, précise-t-il. Je ne peux pas voir comment l'unité de désavantage numérique va réussir à quitter la glace. Et si vous êtes assez malchanceuses ou indisciplinées pour écoper de plusieurs pénalités, vous vous retrouvez avec une portion considérable de votre alignement qui joue avec de la fatigue accumulée. Ça ne fait qu'augmenter les risques de blessures. Peut-être qu'on va l'essayer et l'adorer, mais à première vue ça m'inquiète un peu. »

Le stratège new-yorkais s'emballe toutefois devant les possibilités qui pourraient se présenter à une équipe particulièrement allumée avec des « longs changements » plus fréquents.

« Une équipe rapide en transition comme on espère l'être peut vraiment compliquer la vie d'un adversaire qui n'a pas la possession de la rondelle dans ces circonstances. Ça vous force à être plus responsables en zone neutre, à être plus intelligents et synchronisés quand vous voulez changer. Le moindre faux pas et le tapis rouge est déroulé vers votre gardien. Je crois que c'est le but derrière cette idée, favoriser le jeu plus offensif, et je crois que ça peut fonctionner. »

Toutes les expériences tentées cette semaine feront l'objet d'une révision complète avant le début de la saison.