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RÉSULTATS

Ski acrobatique : le 16 février 1994, Jean-Luc Brassard devenait champion olympique des bosses

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Il y a 30 ans jour pour jour, le 16 février 1994, le skieur acrobatique Jean-Luc Brassard goûtait au summum absolu de son sport en décrochant l'or de l'épreuve des bosses aux Jeux olympiques d'hiver de Lillehammer, en Norvège.

Brassard était de passage dans les studios du 5 à 7 vendredi pour revivre ce moment inoubliable du sport olympique québécois, qu'il a vécu à seulement 21 ans.

« On prend beaucoup de perspective par rapport à ça avec les années, a-t-il mentionné d'emblée. À cette époque, pour moi, c'était les performances, les résultats, d'être en tête de liste. Mais avec le temps, ce qui reste le plus, ce sont les amitiés qui ont été créés avec coéquipiers et adversaires. C'est ça, le cadeau qui n'arrête jamais de redonner. Quand je vais skier dans les Alpes, je vais le faire chez des amis, autrefois mes rivaux. On skie encore ensemble, car on aime ça. »

Les deux autres skieurs à avoir accédé au podium cette journée-là, le Français Edgar Grospiron et le Russe Sergei Shupletsov – décédé tragiquement en 1995 dans un accident de moto –, Brassard les croyait imperturbables. 

Et pourtant, peu après que le natif de Salaberry-de-Valleyfield ait vu au tableau indicateur le chiffre ‘1' annonçant sa victoire, il a pu constater que ses adversaires immédiats étaient eux aussi hyper nerveux et craintifs de ne pas performer à la hauteur de leurs attentes et de celles de leur nation respective.

« J'étais convaincu qu'ils ne commettraient pas d'erreur, s'est-il rappelé. Ils étaient le genre de compétiteurs qui rehaussaient la qualité de leur ski lorsque la compétition devenait féroce. »

Brassard dit être en mesure de se remémorer à peu près chaque détail de cette journée qui a changé sa vie.

« Je m'étais qualifié premier, donc j'étais le dernier à prendre le départ lors de la finale. En partant, c'est déjà un moment de grande pression. D'ailleurs, je suis devenu tellement nerveux que je me suis vu abandonner. J'ai songé à prendre mon sac, descendre à côté de la pente, prendre l'avion et m'en venir vivre dans le bois ici pour ne plus en entendre parler. 

« Je m'imaginais manquer mon coup, ce que les gens à la maison allaient dire. (...) Instinctivement, je suis allé vers mon entraîneur, car je devais lui annoncer que je renonçais à descendre. Je lui ai simplement dit : ‘Ce coup-là, j'ai peur'. Au lieu de me servir une réponse hollywoodienne, il m'a posé une question : ‘Pourquoi est-ce que tu fais du ski?' Il y avait une seule raison possible : ‘Parce que j'aime ça'… Il m'a répondu : ‘Bien dans ce cas-là, amuse-toi!' Cette interaction-là m'a presque totalement libéré de la pression. J'ai skié en m'amusant et en ayant à coeur de faire la meilleure course possible.

« J'ai vécu un de ces rares moments grisants où tout se passe au ralenti, même si chaque mouvement est fait rapidement. Il y a eu une petite hésitation au dernier saut parce que j'avais chuté à l'entraînement. D'ailleurs j'ai ralenti un peu et ça m'a sauvé la vie, car j'arrivais avec trop de vitesse et j'aurais atterri trop loin », a-t-il confié avec une étonnante franchise. 

« Avant même d'avoir obtenu le résultat, j'étais tellement heureux. Les gens me demandent : ‘Mais savais-tu que tu venais de gagner l'or?' Pas vraiment. Il fallait attendre le verdict des juges et ça pouvait prendre quelques minutes. Mais j'avais un gros sourire dans le visage parce que 10 ou 15 minutes plus tôt, j'étais prêt à abandonner. Et là, je venais de livrer la run de ma vie », a-t-il raconté en retenant une larme, tant le souvenir de la scène demeure vif, trois décennies après les faits.