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Laurent Courtois : « Après les playoffs, mon corps m'a lâché »

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CITRUS RIDGE, Floride – Ce sont des conditions qui faisaient presque partie du quotidien des confrères d'une autre époque, mais qui sont plutôt rares pour le journaliste contemporain. Suivre une équipe sur la route, avant que les controverses ou les séries de défaites n'aient eu temps de miner le moral des troupes, est une occasion précieuse d'observer, d'écouter et de s'enquérir des différentes dynamiques au sein du groupe.

Quand on est seul, c'est encore mieux. Les poignées de mains sont plus franches, les discussions un peu plus authentiques. La méfiance reste au vestiaire.

Laurent Courtois est de commerce particulièrement agréable lorsqu'on le croise à l'hôtel où loge la caravane du CF Montréal près d'Orlando. Le lendemain, il prend place à nos côtés, à l'abri du soleil, pour une conversation qui durera une trentaine de minutes.

Exactement un an plus tôt, le coach avait accordé de longues entrevues dans desquelles il s'était livré avec générosité et candeur. Mais en cours de saison, sa coquille s'était refermée. Quelque part pendant l'été, il avait admis que ses obligations auprès des médias prenaient une place importante de son adaptation à ses nouvelles tâches. Au sein de la confrérie, l'idée qu'il n'aimait pas qu'on lui tende le micro a commencé à faire son bout de chemin

« Ça m'étonne », répond-il lorsqu'on cherche à valider cette théorie.

« Pour moi, c'était Disneyland, cette dernière saison. La MLS, les médias et en plus les médias de Montréal, c'est tellement intense que je me crois au Real Madrid, certaines journées. Je ne le dis pas sarcastiquement, c'est la vérité. Après, la difficulté pour moi c'est qu'il y a des médias qui sont neutres, il y a ceux que tu sens qui veulent vraiment le bien du club et puis il y a ceux qui sont plus là pour essayer de chercher la petite bébête, pour essayer de se promouvoir. Même si au jour d'aujourd'hui, t'es un peu obligé de faire ça, tu peux le faire avec intégrité. Là où j'ai du mal, c'est quand la mauvaise foi ou l'ambition prend le dessus sur le bon sens. »

La discussion suit son cours et on comprend rapidement que les petites frustrations de Courtois avec les observateurs accrédités ont à peu près eu l'effet d'un ventilateur qu'on déciderait d'activer une fois que la tornade vient d'arracher le toit de la maison. On avait bien senti une certaine fatigue s'installer en cours de route, mais cette première saison chez les pros a été plus éprouvante qu'il ne l'avait laissé paraître. Lui-même, en fait, ne l'a pleinement réalisé qu'une fois qu'elle s'est conclue.

« J'ai eu une période pendant l'année où [mentalement], j'ai crashé. Et je crois qu'après les playoffs, mon corps il a lâché. »

Courtois avoue ne pas avoir décroché autant qu'il aurait dû le faire durant l'entre-saison. Il a rendu visite à sa mère en France et à son père à La Réunion. « Ça m'a fait du bien de le voir », pousse-t-il avec ce qu'on croit être un peu de nostalgie. Mais il a aussi dû travailler sur l'élaboration de son nouveau groupe d'adjoints (il en sera question dans un autre texte) et travailler avec David Sauvry, son bras droit de la première heure, sur une esquisse de camp d'entraînement, « au cas où il n'y avait pas le staff qu'on avait prévu d'avoir. »

Pendant cet intermède, il affirme avoir pris 15 kilos. « Je fais beaucoup le yoyo, mais prendre autant, c'est la première fois », s'estomaque-t-il. À l'œil, rien n'y paraît. Courtois dit avoir perdu la majorité de son excédent de poids. Mais son système est encore en récupération.

« Toute l'année [dernière], à 5 h 30, bam, ready to go. Cette année, on a commencé le camp en Floride, je me réveille après tout le monde, j'ai l'impression qu'on m'a beat up. J'ai l'impression que depuis novembre, décembre, mon corps décompresse de l'année que je viens de passer. »

Pour reprendre le collier, l'expérience devrait aider. Et sans dire que ce n'était pas le cas l'an dernier, Courtois est bien entouré. On le sent d'ailleurs plus enclin à s'en remettre à ses adjoints qu'à pareille date l'an dernier. Simple impression? Non, dit-il, mais il tient à nuancer.

« Il faut se rendre compte à quel point il y avait beaucoup de premières, ou de débuts on va dire, dans notre staff. On ne peut pas dire qu'on a tous dix ans d'expérience à faire ça au plus haut niveau! Et donc c'est clair que je trouvais normal que je prenne les rênes davantage. Il y avait tellement de débutants qu'au moins, l'entraîneur-chef devait montrer ce en quoi il croyait. Mais j'avais aussi délégué. »

« Cette année, on a beaucoup plus de clarté sur ce qu'on veut voir tel ou tel jour ou sur qui fait quoi. C'est clair que je suis très confortable à déléguer à l'un ou à l'autre en temps voulu. »

Courtois, qui est clairement au courant de ce qui s'écrit ou se dit à son sujet, a entendu différentes théories durant le récent passage de son équipe à Montréal. « Les gens auront leurs perceptions, elles seront là, dans un sens comme dans l'autre. Je ne vais pas perdre d'énergie à défendre ci ou ça. »

L'idée est bonne, surtout dans la mesure où ses réserves ne sont pas encore reconstituées.

Mais entre la préservation de soi et l'excès de prudence, il y a un pas qu'il serait dommage que l'entraîneur-chef du CF Montréal se décide de franchir. Tout le monde doit pouvoir trouver son plaisir à Disneyland.