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Matías Cóccaro : au-delà des buts, une « mentalité de gagnant »

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MONTRÉAL – Les yeux de Matías Cóccaro se sont illuminés à la huitième minute de sa première mêlée de presse dans les couleurs du CF Montréal.

La nouvelle acquisition du club communiquait jusque-là avec toute la bonne volonté du monde avec l'aide d'un interprète quand un reporter s'est adressé à lui en espagnol, sa langue maternelle. « Perfecto! », s'est-il exclamé, rieur et peut-être un brin soulagé.

La question portait sur l'identité que son nouveau club, avec son président Gabriel Gervais en tête, souhaitait se forger. Une culture basée sur l'abnégation, l'absence de demi-mesure, le désir de tout donner pour le logo sur le maillot. On lui a expliqué que le terme qu'on utilisait ici pour définir cette mentalité, la « grinta », était l'équivalent de la « garra charrúa » en Uruguay, son pays natal.

Une autre étincelle dans le regard. « Bien, perfecto! », a lâché l'attaquant qui, une fois la question terminée, a expliqué pourquoi cette philosophie lui était chère.

« Sans aucun doute, pour nous en Uruguay, on joue comme si le soccer, c'était toute notre vie. C'est comme ça en Argentine aussi. Je viens d'une famille très humble et je viens ici avec l'envie de progresser dans ma carrière. Je joue pour ma famille, je joue pour mon pays. Je veux que l'Uruguay soit bien représenté ici à Montréal, pour que plus de joueurs puissent venir demain. Je pense qu'en faisant bien les choses ici et en montrant que je viens avec une mentalité de gagnant, les gens ici seront heureux et sauront la valoriser. »

À son tour devant les micros, l'entraîneur-chef Laurent Courtois a très vite reconnu que le profil de Cóccaro, tout comme celui du nouveau milieu de terrain Dominic Iankov, cadrait avec sa vision d'une façon qui dépasse largement ce qu'on peut lui prêter en termes de qualités techniques.

« Très impliqués dans le projet défensif, de la manière dont on le voit aussi, et puis des sacrés gars, a-t-il souligné. Des personnes de qualité avec un gros cœur, c'est intéressant. De bons coéquipiers dans le vestiaire. Beaucoup de qualités en tant que joueurs, mais surtout en tant que personnes. On sait sur quoi on a misé. »  

Cóccaro peut certainement marquer des buts. Il en a réussi 31 en 110 matchs avec Huracán, son club précédent, avant d'être recruté par Montréal. Et soyons honnête, c'est probablement là-dessus, avant toute chose, que sera jugé son passage en MLS.

Mais celui qui se fait surnommer « El Zorro » tire aussi sa satisfaction dans l'accomplissement de tous les détails qui peuvent donner un avantage aux dix autres joueurs qui l'accompagnent sur le terrain. Son égo, s'il en a un, ne semble pas l'y accompagner.   

« Dans ma carrière, j'ai joué avec d'autres coéquipiers, j'ai joué sur les côtés et j'ai joué seul en pointe, je n'ai jamais eu de problème. Je suis un joueur d'équipe et je jouerai où l'entraîneur me croit en mesure d'aider l'équipe. Évidemment, j'ai un profil offensif, mais peut-être que dans certains matchs vous me verrez au marquage comme si j'étais un défenseur supplémentaire. Je suis un joueur qui pense toujours au collectif. Je crois que lorsque tous les joueurs poussent dans un but commun, l'équipe n'en est que plus redoutable. »

Compétition à l'interne

Il sera fascinant, au cours des prochaines semaines, de voir s'ériger le XI de départ que Courtois jugera le plus apte à créer des chances de manière obsessive, tel qu'il décrivait sa philosophie à sa première rencontre avec les médias montréalais. Dans chaque secteur, des batailles intéressantes se dessinent alors que s'amorce la deuxième phase du camp d'entraînement.

En défense centrale, Joaquín Sosa, en prêt de Bologne, sera-t-il en mesure de s'installer aux côtés de Joel Waterman et Gabriele Corbo? En milieu de terrain, quelles combinaisons permettront d'atteindre l'équilibre idéal entre la jeunesse (Saliba, Zouhir) et l'expérience (Wanyama, Piette)?

« Comme je l'ai dit, ce que tu as fait avant ne m'intéresse presque pas, a réitéré Courtois en réponse à une question générale sur la compétition qui se déroule sous ses yeux. Parce que ce qui est très dur, c'est de le répéter. Maintenant, qu'est-ce que tu apportes dans le vestiaire, quelle énergie tu apportes sur le terrain? Est-ce que tu es capable d'exécuter les actions et les tâches qu'on a décidé d'exécuter? Ce que tu as fait avant, tant mieux pour toi, mais c'est le passé. »

Quel rôle confiera ce nouveau staff au joueur étoile/couteau suisse Mathieu Choinière? Le voit-on davantage dans les couloirs, où courront notamment les nouveaux latéraux Raheem Edwards et Ruan? Ou dans une mission plus créative s'apparentant à celle de Iankov ou de Bryce Duke?

Devant, Cóccaro n'est pas seul, mais il apparaît raisonnable d'affirmer qu'il part avec une longueur d'avance. Reste à voir quel genre de complémentarité pourra s'installer entre lui et les Opoku, Vilsaint, Ibrahim et Toye. Sans compter la possible arrivée du vétéran Josef Martinez, que des rumeurs amenaient à Montréal jeudi.  

« Avec son énergie et sa qualité, j'ai déjà une bonne idée de comment je pourrai l'utiliser pour qu'il ait du succès avec nous, a dit Courtois au sujet de Cóccaro. Je crois surtout qu'il sera un joueur dont l'attitude pourra être citée en exemple par le club, par nos jeunes joueurs et par nos partisans. Mais soyons patients, il vient d'arriver. Je sais ce qu'il signifier pour cette équipe, mais il aura besoin de temps. »