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Olivier Renard fait le point sur son départ du CF Montréal

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En près de cinq ans à Montréal, Olivier Renard n'a pas eu l'habitude de passer par quatre chemins, mais il a évité les terrains glissants d'une main de maître, vendredi.

Signe qu'il n'a laissé personne indifférent, l'ancien vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal a fait ses adieux à la ville devant une vingtaine de représentants des médias, une semaine après sa séparation d'un commun accord avec l'équipe.

Ceux qui s'attendaient à des déclarations incendiaires ont plutôt été servis de plusieurs mises au point, qui ont d'ailleurs alimenté le désir des journalistes à poser d'autres questions à Gabriel Gervais, le président et chef de la direction du Bleu-blanc-noir.

C'est qu'il y a exactement une semaine, Gervais avait fait savoir que ce sont des divergences stratégiques qui ont causé cette séparation. De son côté, Renard a hésité à reprendre ces mots, insistant sur le fait que la philosophie qu'il a tenté d'établir à son arrivée, en septembre 2019, ne semblait pas avoir changé à ses yeux.

« J'aurais peut-être utilisé un autre mot (que divergences), mais c'est ce qui m'a poussé à partir et ce qui a poussé le club à prendre cette décision. Quand Gabriel dit que nous ne sommes plus sur la même longueur d'onde pour l'avenir, personnellement, j'ai la même vision du projet. Je suis venu ici avec un rôle à jouer. Je voulais rajeunir l'équipe, avoir un maximum de joueurs canadiens sur le terrain, d'avoir un potentiel de revente et d'avoir des résultats, qui ont été loin d'être catastrophiques par rapport à où nous sommes sur le plan financier », a-t-il exprimé.

Il y a moins de deux ans, les résultats ont même excédé les attentes. Sous la direction de Renard et de l'entraîneur-chef Wilfried Nancy, le CF Montréal a battu une douzaine de records d'équipe et quelques-uns de la MLS avant de s'incliner au deuxième tour éliminatoire de l'Association Est. Les choses se sont mises à basculer lorsque Nancy a pris la direction du Crew de Columbus et quand le club a vendu à profit le défenseur Alistair Johnston, ainsi que les milieux de terrain Djordje Mihailovic et Ismaël Koné.

En 2022, les choses n'ont pas seulement changé sur le terrain. Renard a reconnu que certaines modifications au sein du département sportif ont tranquillement effrité la relation entre lui et l'équipe. On peut sous-entendre que Gervais, qui a été embauché comme président en mars 2022, était au cœur de tout ça.

Lors de sa conférence de presse, la semaine dernière, Gervais a clarifié la structure organisationnelle du CF Montréal. Le président a expliqué que Renard devait se rapporter à lui et que lui-même avait des comptes à rendre au conseil d'administration, mené par les propriétaires. Gervais a cependant indiqué que c'est lui qui prenait la décision finale.

« C'était bien que j'entende que c'est lui qui prenait la décision finale parce que parfois, je posais la question et je n'avais pas de réponse, a noté Renard. C'est normal qu'un propriétaire souhaite savoir où il investit son argent et je n'avais pas de problème avec les refus. Je partais du principe que je n'avais pas tous les pouvoirs et je n'ai eu aucun problème avec ça. C'est pour ça que j'ai prolongé mon contrat. Mais c'est vrai que depuis 2022, le processus avait un peu changé. »

Le Belge de 44 ans a assuré qu'il ne s'était pas essoufflé dans le projet du CF Montréal, malgré une structure et une enveloppe budgétaire qui ne lui ont pas toujours donné la latitude de travailler à sa guise. Il a aussi repris les mots de Gervais en disant qu'il était normal de se faire remettre en question («challenger») par rapport à certaines décisions, mais qu'il devait y avoir une compréhension des rôles dans l'organisation.

«  Quand tu te fais "challenger", tu dois aussi accepter qui le fait. Avec tout le respect, si mon pain n'est pas bon, je ne vais pas aller "challenger" le boulanger alors que je ne suis pas capable de faire un croque-monsieur », a imagé Renard.

D'ailleurs, Gervais a souligné qu'il s'y connaissait un peu moins sur le plan sportif et qu'il céderait le poste de directeur sportif qu'il a pris sur une base intérimaire lorsque l'équipe aura trouvé un remplaçant.

Ce remplaçant aura probablement comme priorité de gérer le dossier du Québécois Mathieu Choinière.

De l'extérieur, il était possible de croire que le torchon entre Renard et le CF Montréal avait commencé à brûler lorsque les rumeurs de demande de transaction de Choinière ont fait surface, il y a quelques semaines. Renard a toutefois refusé de faire de cette situation le point de départ des frictions.

Ne voulant pas trop se compromettre, l'ancien directeur sportif a tout de même déclaré que Choinière reflétait ce qu'il avait voulu mettre en place pendant son passage à Montréal.

« J'espère pour le club que Mathieu Choinière reste longtemps ici. C'est une belle histoire à voir. Ce sera à l'équipe de vérifier ce qu'elle veut faire avec lui, mais il reflète ce que les gens ont commencé à apprécier ici », a laissé entendre Renard.

Malgré son départ, Renard a été aperçu au stade Saputo samedi, lorsque le CF Montréal s'est mesuré à Lionel Messi et l'Inter Miami, et encore mercredi, alors que Nancy et le Crew étaient en ville. Il entend toutefois retourner en Belgique, en attente d'un prochain défi qui n'est pas déterminé encore.

« Je suis un partisan de l'équipe maintenant et j'espère qu'elle va obtenir les meilleurs résultats possibles. Tant que je suis ici, je serai encore à ses côtés. Il y a du respect et c'est pour ça que quand je vais au stade, je dis bonjour à tout le monde », a-t-il affirmé.

Renard a conclu sa conférence de presse en remerciant de façon très émotive les médecins qui ont examiné son fils, après qu'il eut été victime d'un problème de santé plus tôt cette année.