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L'art du dribble

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COLLABORATION SPÉCIALE

Quand je vois Kwadwo Opoku sortir à la 76e minute contre Columbus, je me pose la question; pourquoi on choisit de sortir le dribbleur, l'accélérateur?

Le football moderne est homogène. Un football de plus en plus collectif avec maintes et maintes variations de formations, de la possession pour attirer aux combinaisons de mouvements. Le FC Barcelone et l'Espagne ont influencé au point de rarement voir ces joueurs avec un instinct de dribbleur, capables d'esquiver et feinter l'adversaire, se faire éclipser. Le dribble est un art en soi. Lorsqu'il est bien maitrisé ou utilisé, il est un outil dans ce soccer de plus en plus condensé.

J'ai eu la chance de jouer avec d'habiles dribbleurs comme Justin Mapp, Andres Romero et Nacho Piatti. Le numéro 10 de l'époque était certes décisif par ses buts, mais sa propension pour le dribble était sa force.

L'Argentin s'est retrouvé dans la haute hiérarchie de la MLS au niveau des dribbles réussis; 7e avec 53 en 2015, 1er avec 83 2016, 3e 68 2017, 2e 114 en 2018. Dans une MLS penchée sur le front offensif, sa faculté à éliminer son opposant nous permettait de menacer l'équipe adverse si on ne trouvait pas la solution par la passe. L'attaque montréalaise 2023 stagne par moment, car elle ne trouve pas les failles régulièrement chez son adversaire avec des mouvements collectifs.

Le dribble s'avère une arme peu utilisée dans le camp du CF Montréal. L'Impact est 22e avec 214 dribbles réussis dans la ligue et 28e en pourcentage de réussite avec 46.1%

Présentement, le meilleur dribbleur ou celui qui a le plus de réussites est Nathan Saliba avec 19. Il est 114e dans le circuit Garber. Dans la liste du CF Montréal derrière Saliba on y retrouve Offor avec 18, Campbell avec 15, Duke avec 14 et Choinière avec 13.

Le dribbleur est toujours au bord de la rupture. Il peut être éreintant lorsqu'il n'entre pas dans la fluidité ou la nécessité du jeu. Le dribble n'est pas LA solution, mais une autre forme de création lorsque la symbiose collective manque d'inspiration.

Le dribble n'est pas juste un fait de déhanchements et d'esquives, il sert pour le changement de rythme. Voilà où vient l'utilité d'Opoku. Si on comptabilise ses statistiques de LAFC, il a 39 dribbles réussis à sa saison, plus du double de Saliba. Cela fait plusieurs rencontres où il est plus audacieux avec le ballon au pied. Par tranche de 90 minutes jouées; il est au sommet chez le CF Montréal en dribbles réussis par match avec 2.4 dribbles devant Toye 1.5, Lassi 1.2, Offor 1.2, Ibrahim 0.96 et Duke 0.95. Si le Ghanéen peut enchainer dribble, accélération et rester lucide devant le but, il peut s'aventurer et devenir une menace constante pour Hernan Losada.

Pourquoi pas.

Le dribble comme les patrons de jeu ou pressing pour forcer l'erreur de l'adversaire est une forme d'attaque. Un outil de percussion qui peut être avantageux pour une équipe lorsqu'on a le ou les joueurs pour.

Kwadwo Opoku peut-il devenir aussi contagieux que son sourire devant le but? Les dernières semaines nous démontrent qu'on peut s'attendre à plus du numéro no 9 du classement des meilleurs talents sous l'âge de 22 ans de 2022.