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Josef Martinez, la pièce de résistance d'un mercato abouti

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ORLANDO, Floride – La direction sportive du CF Montréal avait été critiquée pour son manque de proactivité après la vente de trois membres importants du noyau de l'équipe en 2022. Les renforts attendus étaient arrivés sur le tard et avaient été jugés trop modestes par ceux, nombreux, qui s'attendaient à des investissements proportionnels aux sommes obtenues de grands clubs européens.

Le terrain devra rendre son verdict avant qu'on ne qualifie de succès le chantier actuel, mais on ne pourra reprocher à Olivier Renard son immobilisme en amont de la saison 2024.

En faisant l'acquisition de l'attaquant Josef Martinez, dont l'annonce mardi a mis fin à près d'une semaine de spéculation, Renard a livré la pièce de résistance d'un mercato abouti par l'entremise duquel il a précisément ciblé les lacunes qui ont plombé son groupe l'an dernier.  

La refonte du secteur offensif était nécessaire. Dans sa route vers la dixième place au classement de l'Association Est, le CF Montréal n'a marqué que 36 buts en 34 parties, la quatrième plus faible production en MLS. Son meilleur attaquant avait terminé la saison avec quatre réussites.

Comme piste de solution, Renard a d'abord proposé le milieu de terrain canado-bulgare Dominic Iankov, que l'entraîneur-chef Laurent Courtois a décrit lundi comme « le joueur offensif que j'aime beaucoup, c'est-à-dire un peu électrique, un peu différent entre les lignes, qui change de rythme, qui a déjà perçu dans son dos ce qui se passe. [...] Il a déjà montré de sales aptitudes. »

L'a rejoint à Montréal l'attaquant uruguayen Matías Cóccaro, un buteur de 26 ans qui semble correspondre sur mesure au genre de joueur teigneux et dévoué au collectif que dit apprécier le nouveau coach. En prime, sa personnalité à l'extérieur du terrain devrait contribuer à en faire très rapidement un favori des partisans.

« Un mercato comme ça avec beaucoup d'arrivées, beaucoup d'arrivées offensives, c'est sûr que c'est encourageant, a commenté Samuel Piette avant que l'arrivée de Martinez ne soit officialisée. Ça montre à quel point le club est optimiste et veut bien faire les choses. [...] L'an dernier, qu'on le veuille ou non, c'est là que le problème était, entre guillemets, dans le sens où on était un peu minces dans ce secteur. Ce n'est pas parce que les autres équipes de la MLS investissent leur argent sur des joueurs offensifs qu'on doit faire la même chose, mais ça tombait sous le sens parce que je pense que c'est là qu'on était un peu en retard. »

Le manque de stabilité au poste de piston gauche a aussi été réglé par une opération mathématique qui a vu le latéral droit Aaron Herrera être échangé à Washington et être remplacé par le Brésilien Ruan. Avec les sous ainsi économisés, Renard a rapatrié le Canadien Raheem Edwards, un bourgeon qui a fleuri ces trois dernières années au sein des deux clubs de L.A.

À ne pas oublier dans le décompte, l'arrivée de Joaquín Sosa, un défenseur central gaucher de 22 ans qui a peu joué l'an dernier après avoir disputé une dizaine de matchs en Serie A un an plus tôt.

« Des ajouts comme ceux-là peuvent seulement être bénéfiques pour le groupe, se réjouit Joel Waterman. Le niveau de compétition est tellement élevé présentement, il y a tellement de profondeur, que tout le monde ne peut qu'en ressortir grandi. C'est la dynamique qu'on voit dans les meilleurs clubs de la planète. Rien ne sera acquis. »

L'énigme Martinez

À cette récolte déjà prometteuse, Martinez vient ajouter une belle touche de mystère.

Personne ne s'attend à revoir le crack qui a produit des saisons de 31 et 27 buts dans ses années de gloire à Atlanta United. Martinez a subi une importante déchirure ligamentaire à un genou en 2020. Le même genou lui a donné du fil à retordre en 2022. Il aura 31 ans en mai. Son historique médical est une donnée impossible à ignorer dans cette transaction.

« Je ne veux pas entrer dans les informations confidentielles du côté médical, mais on a fait nos devoirs, a assuré le président Gabriel Gervais à RDS mardi matin à Orlando. Comme on le fait avec tous les joueurs. Surtout les joueurs qui ont des antécédents de blessures. Il y en a d'autres qui ont été signés qui ont eu des blessures similaires. Donc on a fait nos devoirs de ce côté-là et on se sent confiant avec le rapport médical. »

Martinez n'est pas complètement disparu des écrans radar non plus dans les dernières années. Il a marqué 12 buts en 1600 minutes en 2021 et neuf buts en 1400 minutes la saison suivante. Sa production a légèrement baissé l'an dernier à l'Inter Miami. Dans un environnement où il sera valorisé et utilisé judicieusement, qui sait ce qu'il pourra sortir de son chapeau.

« Un pari? Oui et non, analysait Piette il y a quelques jours. Dernièrement, ça ne va peut-être pas comme à ses débuts dans la ligue, mais je pense qu'il a de très grandes qualités qui pourraient cadrer dans notre style de jeu. »

« Je ne le connais pas personnellement, donc pour ce qui est de la dynamique dans le vestiaire, je ne peux rien dire. Mais en toute honnêteté, tous les joueurs qui viennent ici, on dirait qu'ils s'adaptent au vestiaire. Et ce n'est pas parce que moi ou d'autres, comme Victor par exemple, se promènent en disant : "Hey, c'est moi le boss, suivez mes règles". C'est juste qu'on a tellement un bon groupe, si tu arrives avec un gros égo et tu penses que t'es le king, ça ne marche juste pas. Je pense qu'avec Josef Martinez, ça serait la même chose. »

En bon politicien, Gervais ne s'est pas avancé quant à l'état des travaux de son vice-président et chef de la direction sportive, se contentant de dire qu'« on va continuer à faire tout notre possible pour améliorer l'effectif. » Mais si les emplettes devaient être terminées, personne ne pourrait reprocher au club d'avoir regardé passé la parade cette fois.

« On a tous les postes doublés, triplés parfois, et pour l'instant je suis très content avec l'effectif que j'ai, disait Courtois lundi. C'est mon job de les développer jusqu'à leur potentiel maximal et que tous aient une idée claire de leur rôle. Indépendamment de leur temps de jeu, on va essayer de se donner cette victoire-là. »