COLLABORATION SPÉCIALE

 

« C’est le résultat qui compte! »

 

C’est ce que Wilfried Nancy devait se dire au coup de sifflet final samedi en Ohio. La victoire de 4-3 a certainement fait du bien à sa fiche comptable, mais il est rentré à la maison avec plus de nouveaux cheveux gris que de points en banque.

 

Sept buts marqués en deux matchs sur la route, c’est impressionnant. Surtout avec trois attaquants absents (Romell Quioto, Mason Toye et Bjorn Johnsen) et un autre à peine remis de problèmes de santé (Sunusi Ibrahim).

 

En revanche, les six buts encaissés lors de ces deux mêmes rencontres sont plus inquiétants.

 

En 2021, le CF Montréal a alloué 44 buts. Si la tendance se maintenait (il faudra la modifier au plus vite) il en encaisserait 95 cette saison. Ça donne le vertige juste d’y penser. Depuis 2014, jamais une équipe n’a atteint les séries en accordant plus de 61 buts.

 

En mission

 

Vendredi dernier lors du tirage au sort de la Coupe du Monde, nos yeux étaient rivés sur le contingent canadien du CF Montréal au Centre Nutrilait. Après 36 ans d’attente, on nous pardonnera un brin de chauvinisme.

 

Un Américain ambitieux a été quelque peu oublié, assis dans la rangée derrière Samuel Piette, Alistair Johnston et Kamal Miller. Pour l’heure, Djordje Mihailovic est en marge de la sélection. Il reste tout de même déterminé à se tailler une place dans le groupe pour le Qatar.

 

Le début de saison MLS de Mihailovic témoigne de cette détermination à passer au palier supérieur. Il y a trois ans à Chicago, il avait amassé 3 buts et 2 passes décisives en 27 matchs de championnat. Il a atteint ce même total en 5 matchs cette saison.

 

À ce rythme, il pourrait marquer autant de buts (11) en 2022 qu’il n’en avait marqué en 5 saisons depuis son arrivée en MLS.

 

Pas plus que celle de porter le maillot américain au Qatar, Mihailovic ne cache pas son ambition de faire le saut vers l’Europe. Dès cet été? L’an prochain? Le mystère reste entier, mais le principal intéressé dit qu’il évaluera tous les scénarios attentivement avec ses représentants et sa famille.

 

Une chose est claire, il sait que marquer (en plus de servir ses partenaires) sera un accélérant pour atteindre ses objectifs. Entre-temps, le CF Montréal en profite pleinement.

 

Dans une classe à part

 

Depuis son arrivée à Montréal, Victor Wanyama m’a souvent laissé sur mon appétit. À ses deux premières années, il a soufflé le très chaud et le froid. Tantôt exceptionnel, tantôt ordinaire. Pour certains joueurs, ce constat serait encourageant. Pour un joueur désigné qu’on paie 3M$, c’était insuffisant.

 

Cette saison, on a droit au Wanyama qu’on espérait en mars 2020. Il est dominant, dans une classe à part.

 

Le prochain contrat serait-il un facteur de motivation pour celui qui aura 31 ans en juin? Possiblement.  Son entente de trois saisons vient à échéance à la fin de l’année et le communiqué annonçant son arrivée ne faisait pas mention d’année d’option.

 

Le match à Cincinnati a démontré que le Kenyan est beaucoup plus qu’un simple casseur au milieu de terrain. Sa capacité à jouer vers l’avant, conduire le ballon et influencer l’attaque sont aussi d’énormes atouts pour le XI Montréalais.

 

Sans lui, c’était au mieux un match nul le weekend dernier.

 

Et Piette dans tout ça?

 

Il sera d’ailleurs intéressant de voir comment le retour de Samuel affectera la dynamique dans l’axe. Dans notre balado Loin de s’en Foot, Sydney Fowo suggérait que la présence de Piette comme milieu défensif offrirait encore plus de liberté à Wanyama.

 

Si les deux sont utilisés en même temps, je suis plutôt d’accord.

 

À l’époque de Thierry Henry, je n’ai jamais compris pourquoi on contraignait le Kenyan à rester devant la défense pendant qu’on donnait à Piette une liberté offensive qu’il n’exploitera jamais

« Brault-Guillard est un joueur qui a besoin d'espace »

pleinement.

 

À mon sens, inverser les rôles donnerait de plus de chances d’atteindre un meilleur équilibre entre la défense et l’attaque.

 

Nous aurons des réponses au cours des prochains semaines puisque le retour du Québécois semble imminent. 

 

Décalage

 

Entre la qualité des défenseurs et la quantité effarante de buts encaissés, il y a un décalage monstre chez le CF Montréal.

 

Bref, la défense est largement meilleure que les résultats qu’elle affiche en championnat. Ce constat subjectif ne sera qu’une mince consolation si les hommes de Wilfried Nancy ne retrouvent pas la rigueur de l’an dernier.

 

Les meilleures défenses protègent leur tiers défensif (pas seulement leur but) comme si leur vie en dépendait. Quelque chose de viscéral les anime. Le match contre Cincinnati est un bon exemple des moments de passivité qui minent les Montréalais.

 

Sur le premier but, Lassi Lapalainen fait un repli suffisant pour sortir le ballon du terrain, mais il se contente d’un coup d’épaule qui n’élimine pas le danger. Sur le troisième, Alvas Powell entre dans la surface comme un couteau chaud dans du beurre mou.

 

Les troupes de Wilfried Nancy ont les ressources pour rapidement améliorer les prestations défensives. Elles doivent toutefois reconnaitre le danger avant que l’urgence soit sonnée.

 

En ce moment, on passe trop souvent du calme plat à l’état d’urgence. Un équilibre entre les deux serait bénéfique.