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Les « paris » qui ont pavé la route de Giacomo Vrioni

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DAVENPORT, Floride – Giacomo Vrioni venait d'avoir 16 ans quand il a pris son premier « pari ». C'est le terme qu'utilisera lui-même à plusieurs reprises l'attaquant italien en revisitant, en entrevue avec RDS, les étapes charnières d'une carrière qu'il espère relancer à Montréal.

Il avait 16 ans donc et venait de terminer son premier entraînement dans l'académie de la Sampdoria. Instinctivement, distraitement, il se voyait déjà s'attabler à la table familiale pour reprendre des forces en s'empiffrant d'un bon repas maison. Puis ça l'a frappé. Ses parents avaient déjà entrepris les six heures de route qui séparaient Gênes de leur domicile sur la côte est.

« Je me suis dit : "Non Giaco, tu dois retourner à l'hôtel avec tes nouveaux amis. Maman n'est plus là, maintenant". »

Le jeune Vrioni, qui n'avait jusque-là connu que la quatrième division italienne, a grandi vite. Pendant cinq ans, il a enchaîné les prêts jusqu'à signer, à l'âge de 21 ans, avec l'emblématique Juventus.

« C'est là que ma vie a changé complètement. Je ne serais pas le joueur que je suis aujourd'hui si je n'étais pas passé par là. »

Engagé au sein de la réserve, Vrioni a tutoyé des géants du football européen. « Après une semaine, je m'entraînais déjà avec la première équipe. Au début, j'étais seulement là pour qu'on ait un nombre pair d'attaquants! Mais je ne sais pas si c'est la chance ou le fait que j'ai travaillé très, très fort, j'y suis resté pendant deux ans. »

Il n'a fait qu'effleurer la Serie A durant ces deux années. Une pige de 11 minutes contre l'AS Roma en 2020 et une apparition encore plus brève contre Hellas Verona la saison suivante. C'est peu, mais plus que ce à quoi il s'attendait à l'époque. Aux côtés des Ronaldo, Higuaín, Dybala, Matuidi et autre Chiellini, « je n'étais même pas supposé jouer à ce niveau! », lance-t-il candidement.

« Je sais que des gens ont dit que j'ai perdu deux ans de ma carrière. J'entendais des voix. C'était celles de mes amis autant que des gens de l'extérieur. Mais je m'en foutais, honnêtement, parce que je savais ce que je faisais. J'étais dans l'un des dix meilleurs clubs au monde. Je m'entraînais avec l'un des meilleurs joueurs au monde. Qu'est-ce que j'aurais pu demander de mieux? »

« Buffon avait plus de 40 ans, mais il était affamé comme s'il en avait 25 et il était persuadé qu'il était encore le meilleur gardien au monde. Si ça, ça ne vous inspire pas! Évidemment, je gardais un œil plus attentif sur les attaquants, mais j'observais absolument tout le monde. D'un gars, j'ai pu retenir la force de caractère, d'un autre le côté plus académique, la façon de toucher le ballon ou de prendre une tête. »

« J'ai vraiment appris à être un professionnel sur 360 degrés. »

« Je ne suis pas satisfait »

À sa deuxième année à la Juve, Vrioni a subi une blessure sérieuse à une jambe. Une fois rétabli, il a été prêté au WSG Tirol, en première division autrichienne. Moins prestigieux, certes, mais le temps était venu pour lui de jouer... et de produire. « C'était un pari », précise-t-il encore une fois.

La saison précédente, un autre produit de la réserve de la Juventus était sorti de sa coquille en marquant 18 buts au même club. Vrioni s'est donné comme objectif d'améliorer cette marque, ce qu'il a fait en en comptant un de plus. Ses 17 réussites en saison régulière l'ont placé au plus fort de la lutte pour le titre de champion compteur du championnat. Seul Karim Adeyemi, aujourd'hui au Borussia Dortmund, l'a devancé.

« Il jouait au Red Bull Salzbourg, une meilleure équipe que la mienne. Je ne dis pas qu'il l'a eu plus facile. C'est toujours dur de marquer des buts. Mais tu sais, être dans cette course avec lui à ce moment-là, ça m'a rendu fier. Ça m'a valu une certaine reconnaissance. Ça ne m'a pas monté à la tête, toutefois. Déjà, je me disais que je devais faire la même chose à mon prochain club. »

S'il y était parvenu, Vrioni ne serait probablement pas un membre du CF Montréal aujourd'hui. Au Revolution de la Nouvelle-Angleterre, il a livré des résultats mitigés. Neuf buts en 34 matchs, toutes compétitions confondues, à sa première saison complète. Douze buts en 36 matchs lors de la suivante. Entre son arrivée et son départ dans la région de Boston, les Revs sont passés de champions du Supporters Shield à l'une des pires équipes de la MLS.

« Évidemment que je ne suis pas satisfait, nous interrompt-il en devinant la fin de notre question. J'allais là-bas pour gagner, c'était ma mentalité, mais aussi pour bien faire au niveau personnel. Je ne suis pas heureux. Mais on ne peut rien changer au passé. Il faut avancer, se dire que ce qui s'en vient sera plus beau et agir pour que ça se produise. C'est ce que je veux faire. Il y a encore quelque chose qui brûle à l'intérieur de moi. »

L'arrivée de Vrioni à Montréal est un autre pari, mais autant sinon plus pour les patrons qui ont orchestré sa venue que pour le joueur lui-même. Dans les bureaux du Bleu-Blanc-Noir, on espère soutirer le maximum d'un joueur en quête de rédemption, un peu comme ce fut le cas avec Caden Clark l'an dernier.

À la différence que Vrioni arrive avec un salaire et un statut générateurs d'attentes.

« Honnêtement, je ne m'en fais pas avec ça. Je sais que les gens veulent en faire tout un plat, mais pour moi, un joueur désigné est un joueur comme un autre. Ceci était dit, c'est du football et je suis un attaquant. Je connais mon travail. »