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Montréal, Columbus et le « gars des vues »

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MONTRÉAL – Le vent favorable qui soufflait sur le CF Montréal avait eu le temps de s'estomper mardi quand l'équipe a retrouvé sa forme complète, bien qu'avec deux piliers engourdis par le décalage horaire.

Dix jours s'étaient écoulés depuis cette transcendante victoire contre les Timbers de Portland, un résultat qui permettait aux Montréalais de garder un semblant de confort dans la chaude lutte pour une participation aux éliminatoires. Des interruptions de la sorte, justifiées par l'ouverture d'une fenêtre de matchs internationaux, ne sont pas inhabituelles dans une saison de soccer. Mais avec une seule joute à jouer avant la conclusion du calendrier, une joute qui de surcroît pourrait faire la différence entre une exclusion ou une qualification aux séries, c'est une saccade dans l'élan dont on suppose que tout le monde se serait passée.

« C'est sûr que c'est un truc assez bizarre, approuvait le milieu de terrain Nathan Saliba à la sortie de l'entraînement. Tu prends un rythme, surtout avec un match que tu gagnes 4-1, et là ça casse un peu le rythme. »

Samuel Piette, la tête encore sur l'oreiller après un voyage éclair au Japon avec la sélection canadienne, préférait voir l'arc-en-ciel dans ce ciel grisounet.

« C'est particulier, mais en même temps je pense qu'on est beaucoup plus chanceux d'avoir eu une petite pause et d'avoir un match où on joue notre saison comparativement à d'autres équipes comme Toronto, par exemple, qui doivent revenir après deux semaines de pause pour jouer un match qui ne veut pas dire grand-chose. On a cette chance-là. »

Voici le contexte dans lequel l'Impact a redémarré la machine cette semaine :

- Il occupe présentement le huitième rang au classement de l'Association Est. Les neuf premiers donnent accès au tournoi automnale du circuit Garber.

- Trois équipes – les Red Bulls de New York, le Fire de Chicago et le Charlotte FC – peuvent toujours le rejoindre et le faire tomber de son socle. La tête et la queue de ce peloton ne sont séparées que par deux points.

-Charlotte est présentement à la traîne, mais à l'avantage d'avoir un match de plus à jouer. L'équipe de la Caroline du Nord affrontera Miami une première fois mercredi avant de revoir la bande à Messi trois jours plus tard.

Ce casse-tête mathématique, à lui seul suffisamment haletant, ne recèle qu'une partie de l'engouement entourant le dernier match du Bleu-blanc-noir. Le reste repose sur l'identité de l'adversaire. Où d'autre qu'à Columbus, dans la forteresse défendue par un certain Wilfried Nancy, serait-il possible d'écrire une meilleure histoire?

Qu'aurait dit Piette si on lui avait prédit ce scénario en début de saison?

« J'aurais dit que c'est arrangé avec le gars des vues, répond le capitaine en riant. Pour moi, ce n'est pas la première fois que ça va se passer au jour décisif. La dernière fois, c'était ici contre Orlando, alors qu'on devait aller chercher un résultat pour se qualifier en séries. Maintenant, c'est contre Columbus, notre ancien entraîneur, notre ancien staff. C'est un peu le script, on dirait, mais en même temps c'est un super beau challenge. Ça va aller chercher une motivation supplémentaire pour prouver que peu importe qui on a dans l'équipe, qui nous guide, on peut transporter ce club en séries. »

« Ça te rentre dans la tête »

Nancy, dont le départ s'était fait dans un climat de haute tension l'hiver dernier après deux saisons à la barre de l'équipe, a remporté le premier chapitre des retrouvailles quand son équipe est venue piétiner le CF Montréal 4-2 sur la pelouse du Stade Saputo en septembre. On parie qu'il prendrait un plaisir fou à compléter le balayage et à contribuer au malheur de ses anciens patrons.

« Ça va faire plaisir de le voir, c'est quelqu'un qu'on a côtoyé pendant deux ans, a dit Saliba en bon politicien. Toute l'équipe technique aussi. Mais on va à la guerre un peu et comme on dit, il n'y a pas d'amis sur le terrain. Faudra oublier ça très vite et se concentrer sur le match. »

La première saison de Nancy à la barre du Crew a été un franc succès. Avec à sa disposition une formation infiniment plus talentueuse que celle dont a hérité son successeur à Montréal, l'ancien finaliste au titre d'entraîneur de l'année en MLS peut encore espérer hisser sa formation dans le top-3 dans l'Est.

Le Crew domine la MLS avec 65 buts marqués, 30 de plus que le CF Montréal. À la maison, les jaunes de l'Ohio sont pratiquement invincibles, comme en témoigne leur fiche de 11-1-4. Leur seule défaite à domicile est survenue il y a près de six mois, le 29 avril aux mains de la version pré-Messi de l'Inter Miami.

C'est le genre de chiffres qui met un peu de plomb dans les crampons de l'adversaire avant même l'arrivée au stade.

« C'est sûr que ça te rentre dans la tête, reconnaît Piette. Autant leur fiche à la maison que notre fiche à l'extérieur (2-12-2). Un plus un, ça fait deux. Mais en même temps, c'est un match différent, particulier dans le sens que c'est le denier de l'année. Ça passe ou ça casse. Même si on ne va pas chercher un résultat, on a une possibilité de passer en séries. Mais nous, on veut simplement remporter ce match-là, rentrer dans le vestiaire et ne pas avoir à regarder nos téléphones pour voir ce qui s'est passé ailleurs. »