MONTRÉAL – Coincé au neutre depuis le début de la saison en raison d’une blessure à une cheville, Samuel Piette a néanmoins pu vivre de près la qualification du Canada pour la Coupe du monde 2022, confirmée dimanche dernier à Toronto.

Sélectionné 61 fois depuis sa première convocation avec l’équipe nationale il y a dix ans, Piette avait été invité par Canada Soccer à assister au match décisif contre la Jamaïque dans les gradins du BMO Field. Accompagné de ses coéquipiers David Wotherspoon et Steven Vitoria, eux aussi blessés, le Québécois était aux premières loges pour assister au retour officiel du programme canadien parmi l’élite mondiale.   

« Dix minutes avant la fin du match, ils nous ont appelés au banc pour s’assurer qu’on pourrait vivre ces derniers moments avec l’équipe. Courir sur le terrain au sifflet final, c’était spécial », a raconté Piette après l’entraînement du CF Montréal mercredi.

« À 2-0, 3-0, on savait tous qu’on allait se qualifier. Mais au sifflet final, les émotions sont sorties. Je ne mentirai pas, j’ai versé quelques larmes avec mes coéquipiers. C’était un rêve devenu réalité. Vraiment heureux d’avoir vécu ces moments avec l’équipe même si je n’étais pas en mesure de jouer. Maintenant, il faudra revenir sur terre parce qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. »

Assurée de sa place au Qatar en novembre, l’équipe canadienne doit encore régler quelques enjeux avant d’entamer sa préparation finale pour la Coupe du monde. En action au Panama, mercredi soir, les Rouges pourraient avoir besoin d’une victoire pour se mettre définitivement à l’abri des États-Unis et s’assurer du premier rang de la dernière phase de qualification de la CONCACAF. Un bon résultat augmenterait également leurs chances d’améliorer leur sort en vue du tirage qui déterminera la composition des groupes en vue du Mondial.

D’où l’importance de s’éloigner de l’euphorie des derniers jours et de se concentrer une dernière fois sur la tâche à accomplir.

« Personnellement, je m’attends à certaines rotations pour faire jouer des joueurs qui ont moins joué autant dans la dernière fenêtre que depuis le début de la compétition, commence Piette. D’une part, ces joueurs vont être motivés de montrer à l’entraîneur qu’ils ont leur place dans cette équipe, que ce soit pour les compétitions qui s’en viennent ou pour la Coupe du monde au mois de novembre. Après, on connaît tous [l’entraîneur] John Herdman. C’est un grand motivateur, quelqu’un qui est capable d’apprécier le moment, mais aussi de tourner la page rapidement pour préparer ses troupes. Il veut toujours pousser un peu plus haut et un peu plus loin. La victoire est la seule option ce soir pour terminer dans le troisième chapeau pour le tirage. Le staff en est très conscient. »

« D’après moi, on ne va vraiment pas voir une équipe en lendemain de veille ce soir, mais une équipe qui a faim de gagner ce match et de terminer seule au premier rang. »

Pour Piette, le gros du travail ne fera ensuite que commencer. En observant la réaction qu’a suscité l’accomplissement majeur de l’équipe nationale en fin de semaine, on pourrait croire que l’objectif ultime a été atteint et que tout le positif qui suivra sera considéré comme une récompense imprévue. Mais au sein du groupe, personne n’est intéressé à porter le costume de négligé.    

« Je sais que pour la plupart des gens qui nous suivent de l’extérieur, c’est un moment historique. Oui, c’est gros ce qu’on a fait et évidemment nous, à l’interne, on est extrêmement contents et fiers de cette qualification. Par contre, on sait que ce n’est que le début, clame Piette. On a encore beaucoup de choses à prouver et on veut démontrer pas seulement au pays, mais à la planète foot au complet, que le Canada est une puissance et est capable d’être compétitif contre les plus grandes nations de ce monde dans ce sport. Nous, on est prêts à aller à la Coupe du monde et affronter les grandes équipes, à pouvoir se comparer à ces grands pays. Avec la qualité qu’on a, on n’a rien à envier aux autres nations. »

Une place à regagner

Piette s’est blessé dans un match contre le Honduras le 28 janvier dernier. Pour le Repentignois de 27 ans, il sera capital de retrouver rapidement la forme afin de pouvoir consolider sa place parmi les élus qui représenteront l’Unifolié au Qatar.

« Mon pied se porte beaucoup mieux, a-t-il donné comme mise à jour. C’est une blessure qui est un peu étrange, un mélange de plusieurs choses. Ce n’est pas qu’une chose qui est à guérir, mais plusieurs choses en même temps. C’est un peu la complexité de la chose. Mais je prends du mieux. J’ai commencé à courir la semaine dernière et à le faire un peu plus intensément cette semaine, avec des changements de direction et tout ça. Tout ça à part du groupe, évidemment, mais tranquillement pas vite on fait un retour. On ne veut pas brûler des étapes non plus. On veut s’assurer qu’il n’y ait pas une rechute. »

Le numéro 6 du CF Montréal n’aura pas que son poste en équipe nationale à regagner. En son absence, le jeune Ismaël Koné en a profité pour élever son statut au sein du club. Certains ont même commencé à parler de lui comme un partant indiscutable après sa récolte d’un but et une passe décisive à Atlanta avant la pause internationale.

« Ce qu’il fait en ce moment, c’est vraiment impressionnant, a convenu le vétéran. Je suis tout simplement heureux pour lui, heureux de voir un autre joueur du club et un autre Québécois performer comme il le fait. C’est sûr que ma blessure fait en sorte que je n’ai pas de contrôle par rapport à mon statut ou à ma place dans l’équipe. En ce moment, je n’en ai pas, de place sur le terrain. »

« Après, Isma et moi, on est deux joueurs complètement différents, comme je le suis avec Victor Wanyama ou Djordje [Mihailovic]. On a tous des profils différents et des qualités qui se complètent avec beaucoup d’outils à la disposition de Wilfried [Nancy]. »

Piette a dit qu’il n’était « pas près » d’un retour au jeu. Il a ensuite donné comme seule garantie qu’il ne sera pas sur le terrain samedi alors que le CF Montréal sera en visite à Cincinnati.