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Une élimination choquante du CF Montréal contre le Forge FC

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MONTRÉAL – Si une équipe tombe sans qu'il n'y ait qui que ce soit pour l'entendre, sa chute fait-elle du bruit?

Même avant qu'un interminable orage ne fasse fuir une bonne partie des fidèles qui s'y étaient rassemblés, le Stade Saputo était dégarni et inhabituellement silencieux mercredi soir. Avant le match retour des quarts de finale du Championnat canadien entre le CF Montréal et le Forge FC d'Hamilton, le groupe de supporteurs 1642MTL avait annoncé que ses membres allaient rester muets durant la première demie afin de protester contre les récentes performances de leurs favoris. À l'autre extrémité de l'enceinte, les doléances des partisans endurcis avaient été résumés sur une modeste bannière accrochée en bas des gradins : « Inacceptable ».

Sur le terrain, point de réaction. Contre une équipe de deuxième division, l'équipe locale a laissé s'installer un malaise des ligues majeures. Il y a bien eu regain de vie après l'entracte, prolongé de près de deux heures par les conditions météorologiques hostiles, mais le mal était fait.

Le fond du baril? Ce n'était pas tout à fait ça, finalement, à Toronto.

Battu 2-1 (3-2 au total des buts), Montréal a subi une élimination choquante qui vient ajouter une lourde couche de questionnements sur les déboires accumulés depuis plus d'un mois. Toutes compétitions confondues, le décompte est maintenant à huit matchs consécutifs sans victoire.

La voix éteinte, l'entraîneur Laurent Courtois semblait incrédule devant le dénouement du jour. « J'ai honte », a-t-il lâché lorsqu'on l'a questionné sur le message qu'il avait livré à ses joueurs après la partie.

Dans l'histoire du Championnat canadien, c'est la quatrième fois qu'un club de la Première Ligue Canadienne réussit à faire trébucher un adversaire de MLS. L'Impact tient désormais tristement compagnie aux Whitecaps de Vancouver, qui a subi l'affront à trois reprises.

« C'est un ensemble de choses. J'ai honte de ce qui s'est passé à Toronto [samedi dernier] de manière générale, a développé Courtois. Nos supporteurs qui ont fait le déplacement, le visage qu'on a montré. Le fait d'avoir été déclassé. Et puis j'ai du mal à expliquer cette première mi-temps tellement léthargique [ce soir]. On a tous des ambitions. Des fois, je voudrais qu'elles se voient dans nos actions. »

« Il faut se réveiller, se regarder dans le miroir, a proposé Mathieu Choinière, qui a tenté pour la troisième fois en une semaine, dans un champ lexical qui commence à être redondant, d'expliquer l'inexplicable devant les caméras. Il faut voir ce qu'on fait de mal, rectifier ça et surtout mettre de l'intensité. C'est ça le gros mot, je pense. On peut parler de tactique, de technique, n'importe quoi. Si on se présente sur le terrain et on n'a pas d'intensité, on ne va aller nulle part. »

Trop peu, trop tard

Fantomatique dès le premier coup de sifflet, le Bleu-Blanc-Noir a concédé une première fois à la 14e minute. Après avoir facilement battu le premier rideau défensif montréalais, Forge est parti à l'attaque sur le côté gauche. Au bout de l'action, Beni Badibanga a glissé une passe entre les jambes de George Campbell à l'intention de Daniel Parra près des six mètres. Sous le regard indifférent de Victor Wanyama, le défenseur mexicain a armé une frappe du pied gauche et mis une image sur le gouffre qui séparait à ce moment précis le niveau d'initiative des deux rivaux.

À la 25e minute, l'insulte à l'injure. Kwasi Poku a reçu un long ballon envoyé par-dessus Gabriele Corbo et, avec tout le sang-froid que commandait la situation, l'a soulevé hors de la portée de Sebastian Breza.

Toujours sans pouls, Montréal avait alors besoin d'au moins trois buts pour assurer sa survie.

Premier soubresaut à l'écran de l'électrocardiogramme à la 31e minute. À l'arrivée d'un beau centre d'Ilias Iliadis, Joaquín Sosa a mis une tête derrière le gardien Christopher Kalongo, mais a tout de suite été jugé hors-jeu dans son appel.

Le dernier quart d'heure de la première période, bien que parsemé de quelques occasions éparses, n'a berné personne. Pendant qu'en 132, une enseigne gueulait « RESPECTEZ-NOUS » à l'encre noire, les tristes retardataires ont marché vers les vestiaires sous des huées méritées.

Après le match, quand Courtois s'est fait demander si la lenteur d'exécution de ses ouailles était inscrite dans le plan de match, sa réponse a été articulée comme un appel à l'aide. « Non », a-t-il chuchoté avant de retourner, la mine basse, dans ses quartiers.

Le supplice a été interrompu avant le début de la deuxième demie, les conditions météorologiques forçant les autorités à mettre tout le monde à l'abri. Après une longue pause, l'Impact est revenu sur la pelouse avec trois nouveaux visages et un honneur à sauver.

« À la mi-temps, c'était ça : qu'est-ce qu'on attend pour se battre pour soi-même, a révélé Courtois. Ne parlons plus de tactique, ne parlons plus de stratégie ou de rotation. Ce sont les éléments basiques d'engagement, de désir. »

Le contraste dans l'attitude a été évident dès la reprise. Devant une opposition repliée dans un bloc compact, les locaux se sont mis au boulot, tissant leur toile en territoire ennemi. Pendant vingt minutes, Forge a tremblé sans craquer, Kalongo répondant avec aplomb au défi.

La digue a finalement cédé à la 68e minute, quand la tête de Wanyama s'est retrouvée dans la trajectoire d'un long centre de Bryce Duke. Des odeurs de remontée ont commencé à circuler dans les tribunes.

Deux minutes plus tard, Wanyama a fouetté un ballon à la volée, à bout portée, mais Kalongo n'a pas bronché. Ça aura peut-être été l'arrêt du match.

Forge a finalement tenu le coup au-delà du temps additionnel. Comme récompense, le club ontarien affrontera le Toronto FC au prochain tour de la compétition.

Depuis que le Championnat canadien est disputé dans sa forme actuelle, c'est la première fois que Montréal n'arrive pas à atteindre les demi-finales. L'objectif d'une Coupe des Voyageurs maintenant caduque, l'équipe pourra se concentrer sur la résurrection de sa saison en MLS.

Ce n'est pas gagné, mais au moins le temps est de son côté.