Passer au contenu principal

Zachary Brault-Guillard, le visage d'une profondeur bien exploitée chez le CFM

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Zachary Brault-Guillard venait de connaître, et de loin, la meilleure de ses trois saisons en MLS. Il avait marqué ses premiers buts dans la Ligue et ajouté trois passes décisives. Il avait été l'un des cinq joueurs du CF Montréal à obtenir plus de 2000 minutes de jeu. Sa courbe de progression laissait entrevoir de belles choses pour la suite.

Sa récompense, un mois plus tard, a été d'apprendre que son équipe avait dépensé 1 M$ en argent d'allocation pour aller chercher un nouveau joueur à sa position.

On ne savait trop comment Alistair Johnston s'imbriquerait dans le cadre de jeu de Wilfried Nancy au moment de son acquisition. Lorsqu'il est devenu clair que l'entraîneur reviendrait avec une défense à trois et que Joel Waterman était devenu trop solide pour rester sur le banc, l'ancien du Nashville SC a logiquement hérité du poste de latéral droit, reléguant Brault-Guillard au rôle de substitut.

Johnston s'est avéré méritoire de cette décision hiérarchique. L'international canadien est vite devenu indispensable dans son rôle, obtenant des minutes dans chacun des 30 premiers matchs de son équipe. La précision de ses centres lui a jusqu'ici valu cinq passes décisives. Il a lui-même marqué trois buts.

Mais on pourrait dire que la réponse de Brault-Guillard à cette petite gifle a été encore plus impressionnante.  

De 23 titularisations en 2021, ZBG n'en a reçu que quatre cette année. Même s'il joue l'entièreté des trois matchs restants au calendrier du CF Montréal, il terminera la saison avec son plus faible total de minutes depuis son arrivée au club en 2019. Mais ce qu'il n'a pas reçu en quantité, il l'a rendu en qualité.

En seulement 550 minutes de jeu, Brault-Guillard a fourni quatre buts, le plus haut total dans une saison pour un défenseur dans l'histoire de l'Impact. Cette production le place présentement au quatrième rang du classement des buteurs de l'équipe derrière Romell Quioto, Kei Kamara et Djordje Mihailovic.

Vendredi dernier, dans les arrêts de jeu contre le Crew de Columbus, c'est de son pied droit qu'est provenu le but qui a officiellement qualifié le CFM pour les séries. Quatre jours plus tard, c'est sa réussite qui a fait la différence dans une victoire de 3-2 qui assurait aux siens de commencer leur parcours éliminatoire à domicile.

Brault-Guillard vient aussi au quatrième rang pour le nombre de centres envoyés dans la surface (14) chez le CFM. Avec le quart du temps de jeu, il compte autant de passes décisives (3) qu'à la fin de la saison dernière.

« C'est tout à son honneur, a félicité l'entraîneur-chef Wilfried Nancy jeudi. Il savait qu'on allait mettre de la compétition à cette position et il a énormément de respect pour Alistair. En même temps, ça leur permet de progresser. Zach, il a passé un cap. Même s'il n'a pas beaucoup joué, je ne suis pas surpris qu'il fasse bien quand il rentre parce qu'au niveau des entraînements, du travail quotidien, déjà c'est quelqu'un de différent par rapport à l'année dernière. »

La clé : la concurrence

Nancy impute l'amélioration de ZBG à la compétition à l'interne que la direction de l'équipe a su créer grâce à de judicieuses acquisitions.

« Le meilleur outil pour un entraîneur, c'est la concurrence. Quand il n'y a pas de concurrence, les joueurs pensent qu'ils peuvent faire moins d'effort. Moi j'aime avoir des joueurs en compétition. Ça fait qu'ils ont monté de niveau. »

Nancy a le mérite d'avoir su mettre à profit cette profondeur que lui ont procuré ses patrons. Dans le couloir gauche, Mathieu Choinière et Lassi Lappalainen se sont partagé la tâche selon le profil recherché par le stratège. Au milieu du terrain, l'émergence d'Ismaël Koné a permis à l'entraîneur d'alléger la charge de travail de Samuel Piette et Victor Wanyama. Devant, une rotation a principalement impliqué quatre joueurs qui ont aujourd'hui chacun plus de 1200 minutes au compteur. Mason Toye, depuis qu'il est revenu de blessure, obtient son tour régulier dans ce carrousel.

À cet égard, Nancy se distingue des derniers entraîneurs dont il a été l'adjoint avant d'être promu à la tête de l'équipe. Avant lui, Rémi Garde et Thierry Henry ont essuyé de nombreuses critiques pour leur réticence à utiliser le plein éventail des joueurs à leur disposition.

Par exemple, lors de la seule saison complète de Garde à la barre de l'équipe en 2018, seulement 11 joueurs, excluant le gardien Evan Bush, avaient franchi le cap des 1000 minutes. En 2021, Nancy a donné au moins 1000 minutes à 12 joueurs et cinq autres en avaient obtenu au moins 800. Cette année, 14 joueurs devraient surpasser les 1000 minutes de jeu.

Et même loin de ce chiffre, d'autres ont trouvé le moyen de contribuer de façon significative aux succès de l'équipe. Brault-Guillard en est l'exemple parfait.

« Le premier message que j'ai avec les joueurs, c'est sur l'importance du collectif, note Nancy. Chaque joueur aura son importance, que ça soit sur deux ou 95 minutes. On a des bonnes personnes, on a un bon groupe. Les joueurs n'adhèrent pas tout le temps parce qu'ils ne sont pas contents de ne pas jouer, mais ils mettent leur égo de côté et savent pourquoi on le fait. Pour l'instant ça fonctionne. »