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RÉSULTATS

Les succès espagnols construits sur des investissements

Des joueuses de soccer de l'Espagne Des joueuses de soccer de l'Espagne - PC
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Au royaume d'Andres Iniesta ou Sergio Ramos, les femmes ont pris le pouvoir : l'Espagne, qui a remporté dimanche la Coupe du monde féminine pour la première fois, a construit son succès sur des investissements récents portés notamment par le FC Barcelone.

Le Barça en porte-étendard

L'Espagne a réussi un doublé inédit, en remportant la même année la Coupe du monde féminine de la FIFA™ et la Ligue des champions, par le FC Barcelone.

Le Barça, seul club espagnol sacré dans la prestigieuse compétition (2021, 2023), illustre l'essor récent d'un championnat qui conteste la domination des Anglaises, Françaises ou Allemandes.

Les seize formations de première division (Liga F) sont passées au statut professionnel l'an dernier, une avancée visant à améliorer la visibilité et la rentabilité d'un sport historiquement écrasé par les hommes.

La section « Femeni » du géant calatan, qui s'est professionnalisée plus tôt, en 2015, a ouvert la voie, avec notamment un nouveau stade (stade Johan-Cruyff, partagé avec la réserve masculine).

L'Espagne a frappé les esprits par des stades pleins, avec un pic à plus de 91 000 partisans au Camp Nou pour Barça-Real en mars 2022 (pour un match de Ligue des champions).

Les diffuseurs ont suivi le mouvement: les droits TV pour la période 2022-27, raflés par la plateforme DAZN pour 35 millions d'euros en tout, selon des informations de presse, ont marqué un nouveau record dans le domaine.

À cela s'ajoutent plusieurs millions d'euros de subventions publiques destinés au championnat et aux petits clubs afin de se structurer pour répondre aux nouveaux standards.

Cette structuration a permis aux principaux clubs de contenir les internationales espagnoles (la plupart d'entre elles jouent au Barça, qui survole la Liga F) et d'attirer d'autres noms, comme l'internationale australienne Hayley Raso, brillante au Mondial, qui s'est engagée cet été avec le Real.

De la Masia à la Roja

L'Espagne s'est hissée sur le toit du monde avec l'un des groupes les plus jeunes du plateau. Mais ces nouvelles générations sont déjà rodées aux compétitions à enjeux.

La Roja a remporté pour la première fois le Mondial des moins de 20 ans en 2022, quatre ans après avoir perdu en finale, contre le Japon. Elle a aussi gagné quatre des cinq derniers Euros U19, dont ceux en 2022 et 2023. À cela s'ajoutent deux Mondiaux U17 glanés en 2018 et 2022.

Plusieurs joueuses sacrées à Sydney s'étaient déjà parées d'or dans les catégories de jeunes, comme l'attaquante Salma Paralluelo, la défenseure Ona Batlle, ou la milieu Aitana Bonmati.

Là encore, le FC Barcelone a posé une partie des bases des succès de la formation espagnole, qui partage avec les équipes masculines un goût prononcé pour jouer vers l'avant.

Le célèbre centre de formation du Barça, la « Masia », qui a forgé des légendes comme Lionel Messi ou Andrés Iniesta, a ouvert ses portes aux filles en 2021... plus de quarante ans après sa création, en 1979!

La présence des femmes dans le foot espagnol ne cesse de croître. Le nombre de licenciées a presque doublé depuis 2011, passant de 36.200 (4,3% du total des licenciés en Espagne) à 77 400 en 2020 (7,2% du total), selon le ministère des Sports. 

Elles se sont fait une place tout en haut: la Barcelonaise Alexia Putellas a remporté les deux derniers Ballons d'or (la récompense s'est ouverte aux femmes en 2018).

Malgré les turbulences

Il ne manquait au tableau que des titres pour les « grandesm » de la Roja. La sélection ibérique n'a disputé sa première Coupe du monde qu'en 2015, signe de son retard sur les pionnières scandinaves, allemandes ou néerlandaises. De 1984 à 2013, elle n'a disputé qu'une seule fois le Championnat d'Europe (en 1997, demi-finale).

Les Espagnoles ont remporté leur premier match dans un Mondial en 2019, contre l'Afrique du Sud. Cette année-là, elles perdent de peu en huitièmes face aux Américaines futures championnes (2-1).

Jusqu'à la finale gagnée à Sydney, leur progression est énorme, mais les résultats cachent des tensions en interne autour des méthodes du sélectionneur Jorge Vilda, en poste depuis 2015.

La crise a culminé en septembre dernier lorsque quinze internationales ont assuré ne plus vouloir porter le maillot de la sélection. L'entraîneur, soutenu par sa Fédération, a puisé dans le réservoir de talents de son pays pour surmonter ce conflit inédit à ce ce niveau.