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RÉSULTATS

Un choc entre deux entraîneurs aux motivations différentes

Jorge Vilda et Irene Paredes Jorge Vilda et Irene Paredes - PC
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Lors de la finale du Mondial féminin, dimanche entre l'Angleterre et l'Espagne, à Sydney, les vedettes seront aussi sur le banc: les sélectionneurs Sarina Wiegman et Jorge Vilda ont pris la lumière durant le compétition, dans deux styles quasi opposés.

Wiegman, professeure des finales

Euro-2017, Mondial-2019, Euro-2022 et désormais Coupe du monde féminine de la FIFA™ 2023... L'entraîneure de l'Angleterre Sarina Wiegman s'apprête à connaître pour la quatrième fois de suite la finale d'une compétition majeure, un accomplissement rare.

Les deux premières fois, elle officiait auprès des Pays-Bas, son pays d'origine, avec un titre européen à la clé, contre le Danemark (4-2). Mais elle a raté la consécration suprême face aux États-Unis, à Lyon (2-0).

Débauchée par la Fédération anglaise en prévision de l'Euro organisé à domicile, la technicienne de 53 ans a transformé en machine à gagner une sélection souvent bien placée, mais jamais titrée.

Elle a remporté le Championnat d'Europe devant plus de 85 000 spectateurs à Wembley contre l'Allemagne (2-1 ap).

« C'est une entraineure dont les résultats ont montré les qualités, elle a du talent et un personnel derrière elle. Demain ce sera une bataille tactique et technique », a soutenu Jorge Vilda samedi en conférence de presse.

Ses succès ont fait de l'ancienne défenseure internationale l'un des visages de la féminisation du poste d'entraîneur, aux côtés de Jill Ellis ou Pia Sundhage.

« Chaque finale tu te dis que cela n'arrivera plus, c'est un parfum spécial », a-t-elle déclaré.

En Océanie, elle s'est distinguée par son sens de l'adaptation, en réussissant à jongler entre les diverses blessures et suspensions qui l'ont privée de plusieurs cadres de son effectif.

« Elle est tellement préparée qu'elle aura un plan A, B et C », a décrit auprès de l'AFP Charlotte Harpur, journaliste à The Athletic. « Elle donne aux joueuses la joie et la liberté de s'exprimer. Il y a un plan de jeu, il y a un modèle, mais elle ne les restreint pas. Elle dit toujours aux joueuses : 'Profitez, amusez-vous' », a-t-elle poursuivi, louant le « calme » et la « sérénité » de la coach.

Wiegman a notamment autorisé les familles sur le lieu de séjour, plutôt qu'isoler son effectif, comme peuvent le faire certaines équipes. « Nous avons toutes nos familles ici, même Sarina", a déclaré la milieu Georgia Stanway. 

Les États-Unis, première nation mondiale, penseraient à elle pour remplacer Vlatko Andonovski qui a démissionné. Réponse du patron de la Fédération anglaise: chaque offre pour Wiegman, sous contrat jusqu'en 2025, sera rejetée « à 100% ».

Vilda, la revanche du paria

Quand Wiegman a bâti le succès des Anglaises sur une défense en acier, son homologue espagnol Jorge Vilda a opté pour un jeu offensif qui sied aux qualités techniques de ses joueuses.

Le profil de l'entraîneur de 42 ans se déroule comme le négatif de celui de la Néerlandaise : aucun titre depuis sa prise de fonctions en 2015, et des méthodes jugées clivantes qui lui ont valu la rancoeur de plusieurs cadres du vestiaire.

L'Espagne a vécu un séisme qui a menacé l'émergence de son équipe féminine, après que quinze internationales ont annoncé en septembre dernier ne plus vouloir rejouer pour la Roja. Des sources évoquées dans la presse locale ont évoqué les méthodes jugées « dictatoriales » de Vilda.

Mais le technicien, soutenu par sa Fédération au cours de cette crise sans précédent, est resté. Il a conservé sa légitimité à travers une série de résultats exceptionnels qui portent l'empreinte des coups de poker tactiques dont il est féru.

« C'est un apprentissage, cela nous a tous rendus plus forts et (nous devons) laisser cela dans le passé, penser à l'avenir et au fait que ce que nous avons réalisé est le fruit du travail que nous avons accompli », a déclaré Vilda, interrogé à chaque conférence de presse sur l'épisode de la « fronde » dont il a avoué avoir souffert.

Samedi, il a sèchement répondu: « question suivante ».

L'Espagne, 19e au classement FIFA lors de sa nomination, postule aujourd'hui pour un premier titre mondial, après avoir échoué dès les huitièmes en 2019, face aux États-Unis.

« C'est un entraîneur de classe mondiale qui a rejeté des opportunités avec d'autres équipes pour plus d'argent, pour rester avec l'Espagne », s'est réjoui le président de la Fédération espagnole Luis Rubiales, à la télévision espagnole.