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RÉSULTATS

France : rallumer l'étoile au milieu du désert

Didier Deschamps et Kylian Mbappé Didier Deschamps et Kylian Mbappé - PC
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DOHA, Qatar - Privée de Karim Benzema et d'autres cadres, rajeunie et sans repères, la France remet son titre mondial en jeu, mardi au Qatar contre l'Australie, point de départ d'un défi immense, la quête d'un doublé inédit depuis 60 ans en Coupe du monde.

Au stade Al Janoub d'Al Wakrah, écrin de 40.000 places sorti du désert au sud de Doha, les Bleus ont rendez-vous avec l'histoire: offrir une troisième étoile au football tricolore et devenir la première sélection à conserver son titre mondial depuis le Brésil du « Roi » Pelé en 1962.

Autour de Didier Deschamps, sacré en tant que capitaine en 1998, puis comme sélectionneur en 2018, les vingt-cinq joueurs tentent d'ignorer l'encombrante pancarte qui pèse à chaque tournoi sur les champions en titre.

Certains comme le phénomène Kylian Mbappé, joyau du Mondial russe devenu star planétaire, semblent avoir les épaules assez larges pour assumer ce poids.

D'autres, comme Paul Pogba, N'Golo Kanté et le Ballon d'Or Benzema, ne seront d'aucune aide: ils se sont ensablés sur la route de Doha, rattrapés par les blessures.

« Une nouvelle histoire »

« La difficulté, c'est qu'on ne peut pas aller plus haut. On ne peut faire qu'aussi bien », a constaté Deschamps auprès de l'AFP avant le tournoi. « Nous sommes devant une page blanche, avec une nouvelle histoire à écrire, forcément différente. »

Le fardeau du tenant du titre a été fatal lors des trois derniers Mondiaux: ni l'Italie en 2010, ni l'Espagne en 2014, ni l'Allemagne en 2018 ne sont sorties de la  phase de groupes quatre ans après leur sacre.

Les Bleus « black-blanc-beur » de Zinédine Zidane, Fabien Barthez et Lilian Thuram avaient connu pareille désillusion en 2002, brutalement ramenés sur terre par le Sénégal (0-1), l'Uruguay (0-0) et le Danemark (0-2).

L'Australie ravive toutefois un souvenir plus heureux, celui du Mondial russe débuté contre ces mêmes « Socceroos » par une victoire poussive (2-1). L'entrée en matière, inquiétante, avait conduit « DD » à modifier ensuite son équipe-type, trouvant le « onze » parfait dès la deuxième rencontre.

Mais la donne a changé: sur vingt-cinq Tricolores, seuls dix ont connu la gloire à Moscou. 

« Il y a une part d'inconnue », a reconnu lundi le capitaine et gardien Hugo Lloris (139 sélections), qui peut devenir le Français le plus capé de l'histoire durant le tournoi, devant Thuram (142). Mais « on continue de croire en nos chances, en notre groupe, en notre aventure ».

À 54 ans, Deschamps devra trouver l'alliage parfait entre l'expérience des champions de Russie – Mbappé, Olivier Giroud et Antoine Griezmann en attaque, Raphaël Varane, Benjamin Pavard et Lucas Hernandez en défense – et la jeunesse d'Ibrahima Konaté (23 ans) ou Dayot Upamecano (24 ans), probables titulaires mardi.

En fin de contrat après le tournoi et sans certitudes sur son avenir, Deschamps compte aussi sur la confirmation de talents trop intermittents, comme celui d'Ousmane Dembélé, attendu parmi les onze titulaires.

Sans Kanté ni Pogba, les clés du milieu de terrain reviennent à Aurélien Tchouaméni et Adrien Rabiot. « Je me sens en mesure de montrer l'exemple », a assuré le second à l'aube de son premier Mondial.

Vents contraires

Toujours considérée parmi les favorites de ce tournoi atypique programmé en fin d'année civile, assez préservée au tirage avec l'Australie, le Danemark et la Tunisie dans son groupe D, la France ressemble pourtant à un boxeur groggy.

L'élimination dès les huitièmes de finale de l'Euro, en juin 2021, lui a fait du mal, et l'inquiétante série actuelle d'une victoire en six matches a fait oublier le titre honorifique en Ligue des nations, décroché à l'automne 2021.

Les blessures (Benzema, Kanté, Pogba, mais aussi Mike Maignan, Christopher Nkunku et Presnel Kimpembe) ont aussi pollué les dernières semaines, avec une seule bonne nouvelle, le retour du vice-capitaine Varane, « apte » selon Deschamps mais néanmoins pressenti pour débuter sur le banc.

Sur le terrain extra-sportif, les Bleus n'échappent pas non plus aux questionnements. 

Leur réponse sur la gestion des droits humains au Qatar, critiquée par les ONG, s'est résumée à une promesse de dons et de « vigilance » dans l'émirat, loin de satisfaire tout l'échiquier politique ni tous leurs supporters, divisés sur la question du boycott. 

En toile de fond, les méthodes managériales de la Fédération française de football font l'objet d'un audit ministériel et les négociations sur le droit à l'image des Bleus, point chaud des derniers mois, suivent leur cours.

Au milieu de la brume qatarie, les deux étoiles ont pâli. Aux Bleus de leur redonner de l'éclat.