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RÉSULTATS

Olivier Giroud, recordman dans l'ombre de la comète Mbappé

Olivier Giroud Olivier Giroud - Getty
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Mise à jour

DOHA, Qatar –  Olivier Giroud n'a pas toujours été destiné à briller en équipe de France. Il avait 25 ans lorsqu'il a été convoqué pour la toute première fois par Laurent Blanc. Après ses deux premières années de services avec les Bleus, il n'avait produit que cinq buts.

Aujourd'hui, il en est l'un des plus illustres recordmans.

Dimanche, en huitième de finale contre la Pologne, Giroud a marqué le 52e but de sa carrière internationale, effaçant ainsi une marque qui appartenait depuis treize ans à Thierry Henry.

« Je ne suis pas sûr qu'on est bien conscients par rapport à son nombre de buts, au record qu'il a battu, a suggéré l'entraîneur-adjoint Guy Stéphan mardi. Il est devenu le meilleur buteur de toute l'histoire du football français, c'est exceptionnel. Il dépasse Henry qui en a mis beaucoup et qui est quand même une référence en tant que buteur. »

La suite de l'exercice allait en quelque sorte lui donner raison. Pendant un point de presse qui a duré 28 minutes, l'adjoint du sélectionneur Didier Deschamps a répondu à une seule autre question exclusivement au sujet de Giroud. Il en a reçu six au sujet de la jeune merveille Kylian Mbappé.

L'une d'elles, essentiellement : combien de temps avant que Mbappé batte le record de Giroud?

« J'en sais rien, a répondu l'homme de 66 ans. En tout cas, je le redis, c'est fantastique d'arriver à ce niveau. En plus, en ce qui concerne la comparaison avec Thierry Henry, les deux l'ont fait à peu près dans le même nombre de sélections. Par contre Olivier, sur ses 117 sélections, doit être titulaire 80 fois. Ça montre encore combien la difficulté était forte d'arriver à ce nombre. »

Ce partage de la lumière entre un vétéran accompli et une jeune vedette générationnelle pourrait être propice aux frictions. Ça s'est déjà vu. L'équipe de France elle-même a connu sa part de guerres intestines. Mais rien de tout ça ne se dégage des actuels champions en titre.

Bien au contraire, on s'émerveille devant cette photo qui fait depuis deux jours le tour du monde, celle de Mbappé à califourchon dans les bras de son coéquipier, les deux célébrant avec tendresse ce but historique contre la Pologne.

« Il n'y avait rien de calculé, je vous rassure, a senti le besoin de préciser Giroud lorsque questionné sur cette ‘bromance' qui semble l'unir à son jeune coéquipier. C'est simplement naturel, la spontanéité. Le sport de haut niveau – et le football en particulier – nous procure des moments magiques comme ça. »

« Et oui, ma relation avec lui est très bonne, a-t-il enchaîné. Pour moi, elle l'a toujours été. On se voit aujourd'hui sur le terrain, on trouve beaucoup de plaisir à jouer ensemble et c'est cet enthousiasme communicatif qu'on veut transmettre, communiquer dans cette équipe. Aux jeunes, aux joueurs qui jouent moins et aussi à ceux qui nous supportent. »

« Il y a une très bonne complicité entre eux, a remarqué Stéphan. Kylian a souvent dit qu'il aime bien avoir un joueur pivot devant lui. Là c'est le cas. Olivier est capable aussi de jouer dans d'autres organisations. Il se trouve que les deux s'entendent très bien, comme Kylian s'entend aussi avec [Antoine] Griezmann et avec [Ousmane] Dembélé. Ça rayonne en ce moment. Je ne sais pas ce que ça va donner samedi, mais en tout cas l'impression que j'ai, ce que je vois au quotidien, c'est que l'ambiance est très rayonnante. »

Une autre Coupe du monde en 2026?

Longtemps dans l'ombre de Karim Benzema, Olivier Giroud est habitué de partager le parquet. Mais à 36 ans, il n'est pas prêt à le céder complètement. Il souhaite que son plus récent accomplissement soit interprété par les plus jeunes comme la preuve qu'« une résilience et une abnégation à tout épreuve peuvent déplacer les montagnes », mais pas comme le message que la voie leur est maintenant complètement libre.

« Il y a quelqu'un de sage qui m'a dit il y a quelques années : "On a tous 20 ans et le reste c'est de l'expérience". Pour moi c'est exactement ça. Je joue comme un gosse, comme si j'avais 20 ans sur le terrain, comme un petit jeune qui vient d'arriver et qui a toujours faim. Faim de compétition, de marquer des buts et de gagner. Bien sûr qu'à un moment donné, mon corps va me dire "stop", mais pour l'instant il l'air d'encaisser. »

« Il faut montrer aux jeunes qu'il faut être patient dans une carrière. Si je peux aussi jouer le rôle de grand frère et les accompagner le plus longtemps possible, que ça soit ici ou en club, ça serait bien. »

Guy Stéphan regarde aller Giroud et voit un joueur « qui s'est toujours bagarré » et qui a « quelques fois eu une route un peu sinueuse », mais qui est effectivement « bien dans ses baskets » et qui transmet cette sérénité à la génération future. Il constate aussi que sa générosité est bien accueillie par ceux qui prendront éventuellement sa place.

« Je crois que c'est ce qui se dégage, l'état d'esprit, la cohésion, l'osmose entre les plus jeunes et les moins jeunes. Le respect qui se dégage dans le groupe. Évidemment que les jeunes ont envie de jouer, mais ils le démontrent avec respect pour ceux qui ont un peu plus d'années sur les épaules. »