Après avoir été tenu en échec par la Suisse, le Brésil avait bien des choses à prouver dans ce match contre le Costa Rica où le petit pays d’Amérique du Sud jouait sa survie. Le quintuple champion du monde a d’abord joué une première mi-temps sans inspiration, sans grand génie. Avec 68% de la possession de ballon et ses étoiles qui forment l’une des grandes constellations de la Coupe du monde, il avait certes mieux à offrir. Sept tirs dont un seul cadré, il y avait de quoi faire grimacer Tite qui a dû tirer les oreilles à ses joueurs à la mi-temps.  Ils sont revenus sur le terrain avec plus d’énergie, plus d’envie, plus de caractère. Mais les buts ne venaient toujours pas. Frustré, Neymar a bien tenté d’aller en soutirer un à l’arraché en se laissant tomber sur le dos de façon dramatique sur un contact avec Giancarlo Gonzalez. Ayant d’abord sifflé le pénalty, l’arbitre Bjorn Kuipers est allé vérifier la faute à la reprise vidéo et a annulé la sanction. Encore une excellente utilisation de cette technologie qui a mis trop de temps à être utilisée par la FIFA.

Le Brésil continuait sa pression, attaquant sans relâche et le Costa Rica semblait bien se diriger vers un match nul qui aurait bien fait son affaire. Mais c’était sans compter sur les arrêts de jeu, ces minutes ajoutées qui ont été décisives dans plusieurs matchs jusqu’à présent. Ce sont Coutinho, pour son deuxième, et Neymar pour enfin son premier, qui ont évité une deuxième humiliation au Brésil et enlevé un poids immense sur toute la délégation. Tite a bien failli être ajouté sur la liste des blessés en étant un peu trop intense sur la célébration du premier but. Il est retourné au banc en boîtant, n’arrivant même pas à rejoindre ses joueurs sur le terrain. Neymar, qui a marqué le but le plus tardif avant prolongation de l’histoire de la Coupe du monde, a fondu en larmes après le match, illustrant mieux que tout l’immense soulagement du Brésil. Si le Costa Rica est éliminé, rien n’est joué pour autant pour le Brésil. Ce sera une lutte à trois déchirante.

La Suisse et la Serbie seront engagées dans cette lutte à trois. Les Serbes avaient l’occasion aujourd’hui d’assurer leur qualification et on pensait bien que ça s’en allait vers ça quand Mitrovic a marqué dès la 5e minute de jeu. À la mi-temps, les Serbes gardaient ce mince avantage. Mais on sentait bien qu’on n’en resterait pas là. Un but magnifique de Xhaka, alors que toute la défense serbe suivait Shaqiri dont le tir contré par Tosic a obliqué vers l’attaquant suisse a fait trembler le filet et la Serbie tout entière. Shaqiri, remarquablement inspiré dans ce match, a marqué le but de la victoire à la 90e minute, ponctuant un match d’une intensité dramatique. Cette victoire place la Suisse à égalité de points avec le Brésil, un devant la Serbie. Les prochaines rencontres opposeront la Serbie au Brésil, et la Suisse au Costa Rica. Dans les souliers de qui préféreriez-vous être? Les deux buteurs suisses ont eu le même geste  de célébration pour leur but : mains croisées sur la poitrine, déployant leurs doigts comme les ailes d’un oiseau…d’un aigle en fait. Celui du drapeau albanais. C’était un geste politique, provocateur, adressé aux partisans et à l’équipe serbe, Xhaka étant né en Suisse d’une famille kosovare et Shaqiri né au Kosovo. Si Shaqiri n’a pas voulu commenter après le match, son entraîneur Vladimir Petkovic n’a pas hésité. « On ne devrait pas mêler politique et football », a-t-il dit.

L’Islande a connu sa première défaite dans un tournoi majeur devant un Nigéria qui s’est enfin réveillé.On a vu sur le terrain l’équipe qu’on attendait depuis le début. Ces Nigérians sans âme qui s’étaient laissés balloter par la Croatie ont mené le match d’un bout à l’autre, montrant bien les faiblesses d’une Islande vaillante, certes, mais impuissante face à ce déferlement sans fin. Cette victoire de 2-0 n’a pas fait que des heureux au Nigéria. Les Argentins, sur le respirateur, viennent de reprendre vie. D’ailleurs, dans les rues de Buenos Aires, on affichait bien son parti pris : « Vamos por Nigeria », voyait-on dans certains commerces. Personne n’est éliminé dans ce groupe qui se décidera sur deux affrontements plus que prometteurs : Nigéria-Argentine et Islande-Croatie. Comme dans les jeux vidéos, l’Argentine a gagné une vie supplémentaire. Saura-t-elle en profiter?

En son et images : Serbie - Suisse
En son et images : Nigéria contre Islande
En son et images : Brésil contre Costa Rica